A Brest, la société bordelaise Seaturns est parvenue, après un an et demi d'essais menés avec le centre d'expérimentation de l'Ifremer, à démontrer l'efficacité de son système houlomoteur, réalisé à l'échelle un quart. De quoi encourager l'entreprise à annoncer, en avril dernier, le lancement d'un démonstrateur, cette fois à l'échelle 1, en vue d'une commercialisation de ses machines. Le secteur de l'hydrolien, longtemps considéré comme non rentable a lui aussi largement gagné en maturité. C'est d'ailleurs ce qui a poussé, en mai dernier, la fondation Open-C, gestionnaire de cinq sites d'essais EMR sur le littoral français, à relancer des programmes de R&D sur le site de Paimpol-Bréhat, au large des Côtes-d'Armor. Soutenue dans le cadre du projet européen Shines, dotée de 10 millions d'euros, cette campagne de recherche doit permettre de tester plusieurs modèles de machines, l'hydrolienne modulaire du groupe Inyanga par exemple, en vue de leur industrialisation.
Selon une étude menée en 2024 par la Région, le potentiel de production de l'hydrolien pourrait avoisiner les 500 MW grâce à trois fermes aménageables dans le passage de Fromveur, à Ouessant, et dans le raz de Sein. La Bretagne est d'ailleurs la seule région à disposer d'une machine raccordée au réseau électrique. En l'occurrence, celui de l'île d'Ouessant, qu'elle peut alimenter à hauteur de 15 %. Du côté des technologies houlomotrices aussi, les développements s'accélèrent. La région continue d'étudier le potentiel des ports, comme celui de Roscoff, où les principales technologies existantes, à flotteurs ou à volets, pourraient être testées.
Les industriels, eux, se lancent déjà dans la course. A l'instar du groupe immobilier breton Legendre, qui s'est allié au spécialiste des énergies marines Geps Techno et à l'Ifremer pour créer son prototype de digue houlomotrice, testé à Sainte-Anne du Portzic, dans le Finistère. Son principe ? Construire des digues grâce à des caissons modulables, dotés de volets battants. Avec les mouvements de la houle, ceux-ci oscillent, faisant circuler un fluide au sein d'une génératrice. Baptisé "Dikwe" ("Dike Wave Energy"), ce programme – fruit de six années de recherche a été jugé suffisamment concluant pour que Legendre et Geps Techno créent une coentreprise, Wave-Op. L'objectif ? Lancer rapidement un démonstrateur, en cours d'achèvement non loin de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), et conclure les premiers contrats commerciaux. En fonction des installations, ce système d'énergie houlomotrice permettra de générer entre 1 MW et 50 MW. De quoi répondre de manière propre et durable aux besoins d'électrification des ports.
Les Echos du 21.10.2025 : https://www.lesechos.fr/thema/articles/energies-marines-la-recherche-turbine-sur-lhydrolien-et-le-houlomoteur-2193473