Des chercheurs de l'Université de Lausanne (Suisse) ont découvert deux nouveaux marqueurs sanguins de la schizophrénie. Un marqueur sanguin est une molécule dont la présence dans le sang exprime la présence d'un état ou d'une maladie. Pour identifier ceux de la schizophrénie, les scientifiques se sont intéressés aux neurones à parvalbumine et aux mitochondries de ces neurones. Les mitochondries sont des organites présents dans les cellules. Ces dernières sont sources d’énergie et de respiration cellulaire. Elles sont ainsi importantes pour la bonne santé des neurones à parvalbumine.
« Une molécule du système antioxydant, le glutathion, est déficiente chez les patients et patientes schizophrènes. Son manque mène à une altération des neurones à parvalbumine, un type de neurone directement impliqué dans toutes les fonctions cognitives du cerveau, donc de la pensée », a expliqué Kim Q. Do, professeure en neurosciences au Centre de neurosciences psychiatriques (CNP) en Suisse et l’un des auteurs de cette étude.
Les chercheurs ont noté que les mitochondries dysfonctionnelles s’accumulaient dans le cerveau de certains patients atteints de schizophrénie car elles n'étaient plus éliminées ou recyclées. Cette accumulation des mitochondries dysfonctionnelles augmente le stress oxydatif, qui peut être défini comme une agression des cellules par des espèces réactives de l'oxygène (ERO). Habituellement, les ERO sont détruites par les molécules antioxydantes, mais leur production est altérée en cas de stress oxydatif. Elles peuvent donc facilement détruire nos cellules neuronales. À terme, le stress oxydatif, en partie, peut causer la mort des neurones.
Lors de leurs expériences, les scientifiques ont observé que miR137 et COX6A2, deux molécules, étaient plus particulièrement sensibles au stress oxydatif. Chez les patients atteints de schizophrénie, la quantité de miR137 était particulièrement élevée, ce qui indique, d’après les chercheurs, que le système de nettoyage des mitochondries dysfonctionnelles ne s’activait pas suffisamment. Autrement dit, les mitochondries dysfonctionnelles s’accumulaient car les molécules miR137 étaient présentes en quantité importante. En revanche, le taux de COX6A2 était très bas chez les participants de l’étude, ce qui explique la mauvaise respiration cellulaire, l’un des rôles des mitochondries. Comme cette fonction des mitochondries était altérée chez ces patients schizophrènes, il s’agit donc bien d’un marqueur.
Les chercheurs ont estimé que miR137 et COX6A2 pouvaient donc être des marqueurs de la schizophrénie et les ont recherchés dans le sang de patients atteints de cette pathologie. Ainsi, deux catégories de patients ont été découvertes : ceux qui avaient des problèmes de mitochondries et ceux qui n’en avaient pas. « Les patients et patientes souffrant d’un défaut mitochondrial ont des symptômes cliniques plus sévères que les autres », a développé Inès Khadimallah, auteure de l'étude. Ces patients avaient une plus grande perte d’autonomie. Les scientifiques en ont conclu que miR137 et COX6A2 étaient deux marqueurs sanguins chez des patients schizophrènes ayant des anomalies mitochondriales. À terme, ces travaux pourraient permettre de mettre au point de nouveaux traitements. Les patients ayant des anomalies mitochondriales pourraient bénéficier d’un traitement antioxydant, ce qui améliorerait l’état de leurs neurones à parvalbumine et les symptômes de leur maladie.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash