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Le président Bush dévoile son plan anti-pollution

Le président américain George W. Bush, qui avait rejeté l'an dernier l'adoption du protocole de Kyoto sur les gaz à "effet de serre", a proposé jeudi un plan alternatif de réduction des émissions de gaz polluants sur une base non contraignante, et n'incluant pas le dioxyde de carbone. Les défenseurs de l'environnement ont immédiatement attaqué cette proposition, qu'ils ont jugée insuffisante pour enrayer le réchauffement de la planète imputé à l'effet de serre, lui-même induit par les émissions de gaz des centrales électriques et des automobiles. "Au lieu d'accepter un accord appuyé par plus de 170 pays, le président Bush a dévoilé un plan qui est loin de satisfaire les besoins de l'Amérique, et du monde entier", a déclaré l'ancien vice-président démocrate Al Gore au sujet de ce texte, dont une partie doit encore être approuvée par le Congrès. L'Union européenne a réservé elle aussi un accueil plus que tiède aux propositions américaines. "Il est positif que l'administration américaine se rende compte que quelque chose doit être fait en matière de changements climatiques, mais nous estimons qu'une approche multilatérale serait la meilleure façon d'aborder ce gigantesque défi", a déclaré une porte-parole de la Commission européenne. Le projet américain fixerait des objectifs de réduction des émissions de gaz liés à la croissance économique américaine, et seraient accompagnés de mesures incitatives à destination des entreprises. Philip Clapp, président de l'organisation environnementale NET (National Environment Trust), a fait part de son scepticisme quant à cette initiative, soulignant que le principe du volontariat dans ce domaine s'était révélé inefficace par le passé. "La proposition du président concernant le réchauffement de la planète apparaît comme une nouvelle initiative reposant sur la bonne volonté. Il n'y a aucune raison de croire que les pollueurs vont soudainement devenir raisonnables", a-t-il dit. Le traité de Kyoto, signé en 1997, avait fixé aux Etats-Unis un objectif de réduction des émissions de gaz polluants d'environ sept pour cent par rapport aux niveaux de 1990, et ce dans un délai de dix ans. Bush avait rejeté le traité en mars dernier, au grand dam de nombre de ses alliés et signataires potentiels, en faisant valoir que l'adoption du protocole serait néfaste à l'économie américaine et qu'il n'était pas normal que des pays très peuplés comme la Chine ou l'Inde en soient exemptés. Le président a estimé que l'application du protocole de Kyoto coûterait 400 milliards de dollars à l'économie américaine et 4,9 millions d'emplois. "Je ne lierai pas notre pays par un traité international infondé qui mettra plusieurs millions de nos concitoyens au chômage", a-t-il déclaré. Des responsables de la Maison blanche avaient expliqué aux journalistes avant l'intervention de Bush que, selon les Etats-Unis, les pays irrités par le refus américain de ratifier le protocole devaient voir dans sa proposition une approche constructive et tout aussi efficace que celle du texte de Kyoto. "Aujourd'hui j'ai la certitude que le parcours que j'ai tracé en matière d'environnement profitera au monde entier", a ajouté le président américain.

Bush, dans le cadre d'un programme intitulé "Ciel Dégagé", propose une réduction des émissions de dioxyde de soufre, d'oxyde d'azote et de mercure - trois des gaz les plus polluants pour l'atmosphère, les deux premiers étant responsables respectivement des pluies acides et des nuages de pollution urbains - par les centrales électriques américaines. Le dioxyde de carbone, lui aussi très nocif, n'est pas mentionné. Le président américain compte faire appliquer ces réductions en fixant des objectifs et en distribuant, pour chaque tonne d'émissions, des permis de polluer qui pourront faire l'objet d'échanges entre les entreprises. L'objectif du plan Bush est de réduire le taux d'émissions de gaz à "effet de serre" d'environ 183 tonnes par million de dollars de PIB, en 2002, à 151 tonnes par million de dollars de PIB en 2012. Parmi les producteurs d'électricité, certains ont fait valoir que des réductions obligatoires des émissions de gaz polluants finiraient par être imposées, et que les entreprises concernées devraient donc adopter des objectifs contraignants afin d'inclure au plus tôt dans leurs budgets les investissements liés aux modifications techniques nécessaires. "Les Etats-Unis ont adopté une politique qui va dans le sens contraire de ce que font les autres pays industrialisés. Nous pensons qu'il est inévitable qu'un programme similaire finisse par voir le jour ici, aux Etats-Unis", a déclaré Michael Bradley, porte-parole du Groupement pour l'énergie propre, qui représente neuf entreprises du secteur énergétique et 80 millions de clients.

WP :

http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/articles/A10394-2002Feb14.html

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