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Première mondiale : des chercheurs français ont produit des globules rouges à partir de cellules souches

Des chercheurs français ont réussi pour la première fois au monde à fabriquer des globules rouges en très grande quantité à partir de cellules souches. Un succès scientifique qui pourrait notamment permettre de contourner les difficultés que rencontre la transfusion sanguine. Leurs travaux viennent d'être publiés sur le site de la revue "Nature Biotechnology". Pour arriver à ce résultat révolutionnaire, les chercheurs, des hématologues, "ont repéré et sélectionné les cellules souches du sang présentes dans la moelle osseuse et baptisées CD 34", a déclaré le Pr Luc Douay, hématologue à l'hôpital Armand Trousseau de Paris qui a participé aux travaux. Ces cellules "parfaitement identifiées sont déjà utilisées pour faire des greffes de moelle. Les globules rouges (ou "hématies") véhiculent l'oxygène dans le sang. Ces cellules sanguines ont la particularité d'expulser leur noyau en arrivant à maturité. Leur durée de vie est en moyenne de 120 jours.

Le processus prend 20 jours. Il comporte trois étapes associant le recours à des facteurs de croissance et différentes sortes de cellules. Les cellules souches - dites CD 34 - utilisées proviennent de prélèvements de sang, de sang de cordon ombilical ou encore de moelle osseuse (l'usine à fabriquer les cellules sanguines). Cette dernière assure le remplacement des hématies qui meurent au rythme de plus de 2 millions par seconde.

A l'heure actuelle, "on est capable d'induire leur prolifération de façon importante et de les contraindre à se différencier vers une lignée particulière de cellules sanguines, les globules rouges. A partir d'une cellule CD 34, on arrive à obtenir entre 100.000 et deux millions de globules rouges". Jusque-là, "nous n'arrivions pas à obtenir en même temps une grande prolifération de globules rouges fonctionnels". Le globule rouge est en effet "la seule cellule de l'organisme à expulser son noyau" pour arriver à maturation. C'est grâce à "la mise au point d'un système qui essaye de reconstituer in vitro le micro-environnement de la moelle osseuse" que les chercheurs sont arrivés à ce que cette expulsion puisse avoir lieu. Produire des quantités importantes de globules rouges matures, c'est-à-dire sans noyau, "est aujourd'hui conceptuellement faisable", s'est félicité le Pr Douay. Un résultat important quand on sait que dans un culot de sang (200/220ml) transfusé à un patient, "on compte 2.000 milliards de globules rouges".

Pour être efficace, "il faut qu'on puisse en produire une quantité de cet ordre-là", a fait valoir l'hématologue, précisant que "le concept" étant "démontré", l'industrialisation de la technique est "une affaire de trois ans". Outre la transfusion sanguine, cette technique de production de globules rouges pourra être utilisée de manière "autologue" : les chercheurs pourront prélever des cellules souches dans le sang d'un patient, leur faire fabriquer des globules rouges in vitro qui seront ensuite transfusés chez le même patient, ce dernier recevant des cellules immunologiquement compatibles avec lui. Par ailleurs, "on peut imaginer étendre à la production de globules rouges les cellules de cordon ombilical déjà utilisées pour les greffes de moelle pour répondre à des situations difficiles de transfusion", a souligné Luc Douay.

AP

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