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Plusieurs formes « d’orages cytokiniques » sont associés à la sévérité et la mortalité dans la Covid-19

Hormis les corticoïdes, les différents traitements testés contre la Covid-19 semblent avoir donné des résultats décevants. L’efficacité du blocage des interleukines (IL)-6 et -1 pour réduire la mortalité n’a pour l’instant pas pu être démontrée. Il a été également proposé d’agir sur la réplication virale en administrant de manière précoce des interférons de type-1, sans pour l’instant pouvoir démontrer l’efficacité de cette approche, toujours en termes de réduction de mortalité.

Il est envisageable que ce manque d’efficacité, et notamment celui des biothérapies visant à moduler les désordres cytokiniques, pourrait s’expliquer par une mauvaise stratification des patients, n’ayant pas forcément reçu un traitement adapté à leur profil cytokinique individuel. Pour répondre à cette question, l’équipe du Professeur Gorochov, (département d’immunologie hôpital La Pitié Salpêtrière AP-HP/CIMI – Centre d’Immunologie et des Maladies Infectieuses – Sorbonne Université/Inserm) associée au groupe Bio-informatique du Professeur Neumann du département de Médecine Environnementale à l’Université d’Augsbourg en Allemagne, en collaboration avec plusieurs services cliniques et laboratoires de l’AP-HP. Sorbonne Université et Sorbonne Université, a étudié les taux sériques d’un large éventail de cytokines chez 115 patients atteints de Covid-19 au moment de leur hospitalisation lors de la première phase de la pandémie.

Les résultats de cette étude ont été ensuite confirmés par l’analyse d’une cohorte de réplication comportant 86 patients de la deuxième vague de la pandémie SARS-CoV-2 en région parisienne.

L’analyse des résultats démontre une grande hétérogénéité des réponses cytokiniques à l’échelon individuel. Néanmoins, une analyse combinée des différentes cytokines permet de faire ressortir au moins deux profils de réponses distincts.

Les patients ne présentant pas initialement une atteinte respiratoire sévère développent une réponse antivirale dominée par les interférons de type I dans un contexte de forte réplication virale. A l’inverse, les patients présentant à l’admission de graves troubles respiratoires présentent, eux, des taux élevés de cytokines pro inflammatoires et de faibles niveaux d’interférons de type I. D’une manière inattendue, la charge virale SARS-CoV-2 est moins augmentée dans ce dernier groupe, alors que la réponse anti virale y est moins importante. Ces résultats vont à l’encontre de la notion que la sévérité clinique serait toujours associée à une forte réplication virale.

Il est important de noter que le risque de décès à 30 jours après le début des symptômes est lié dans les deux groupes à l’intensité de chaque signature cytokinique particulière. Au total, ces résultats suggèrent qu’il serait intéressant de revisiter l’analyse des essais de biothérapies en fonction des profils cytokiniques à l’inclusion. Les résultats publiés indiquent en effet qu’il ne serait pas nécessaire d’administrer des interférons de type I chez des patients présentant des taux déjà fortement élevés en ces cytokines. A l’inverse, le risque de décès n’étant pas toujours associé à une forte élévation des cytokines pro-inflammatoires, leur ciblage thérapeutique devrait être décidé en fonction des dosages.

Ces résultats pourraient suggérer de nouvelles pistes thérapeutiques. Il est en effet observé que le risque de décès à 30 jours des patients les plus sévères dont la prise en charge a nécessité le recours à une circulation extracorporelle pour oxygéner le sang, est associé à des taux plus faibles d’interleukine-17 et d’interleukine-18 au moment de l’admission en soins intensifs. Une supplémentation en ces cytokines chez ces patients pourrait donc être envisagée comme nouveaux traitements ciblés.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Inserm

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