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Plantation des premières vignes génétiquement modifiées

Les scientifiques de l'INRA de Colmar, qui mènent des recherches sur un virus destructeur pour la vigne, ont planté cette semaine à quelques kilomètres des vignobles alsaciens 70 pieds de vigne génétiquement modifiés. Les 70 plants, que rien, visuellement, ne distingue des quelque 1.500 pieds de vigne "normaux" qui les entourent, ont été plantés en plein air, sur un terrain appartenant à l'INRA en périphérie de Colmar, au bord d'un champ de maïs et de jardins ouvriers. "Il s'agit d'une expérience scientifique, et de rien d'autre : nous voulons vérifier, en conditions réelles, la résistance de ces pieds au virus du court-noué", explique Olivier Lemaire, le responsable du projet.

Ce virus, qui toucherait 30 % du vignoble français et peut largement affecter les récoltes, est propagé par des vers qui prospèrent sur la racine des ceps. Actuellement, faute de traitement antiviral, les viticulteurs combattent ces vers par un insecticide particulièrement toxique. Les recherches menées à Colmar visent à mettre au point une plante directement résistante au virus. "Cinquante pieds pousseront dans une terre contaminée par le virus, les 20 autres dans une terre saine. Au bout de quatre ans, nous pourrons comparer la différence. Puis nous détruirons la parcelle", détaille M. Lemaire. "Nous détruirons également les fleurs dès leur apparition, de manière à ce qu'il n'y ait jamais de grappe. Il n'y aura donc ni raisin, ni vin OGM", martèle-t-il.

Depuis le début du projet, les chercheurs de l'INRA ont multiplié les messages rassurants à l'attention des sceptiques, qu'ils soient écologistes ou vignerons. Ils ont notamment expliqué que seule la partie inférieure d'un pied de vigne, ou porte-greffe, est concernée par la modification génétique, et que le cep, ou greffon, restera lui rigoureusement normal. Ils ont également constitué un comité de suivi de leur démarche, à laquelle ils ont régulièrement convié représentants du monde politique, des viticulteurs, des consommateurs et des associations écologistes. "Je dois reconnaître que les gens de l'INRA sont honnêtes, et qu'ils font preuve d'une volonté de transparence peu banale en ce domaine", concède Philippe Lacoumette, de l'association Alsace Nature.

"Mais nous restons sur nos réserves", ajoute le militant écologiste, en précisant que son association, via le collectif France nature environnement (FNE) dont elle est membre, avait déposé fin août devant la justice administrative un recours contre le décret du gouvernement autorisant ces recherches. De leur côté, les vignerons, qui seraient pourtant les principaux bénéficiaires du projet si celui-ci s'avérait concluant, se montrent circonspects. "Nous craignons qu'un amalgame se crée dans l'esprit des consommateurs, qu'ils pensent que les vins d'Alsace sont génétiquement modifiés", résume Jean-Paul Goulby, le directeur de l'Association des viticulteurs d'Alsace. "Mais nous espérons aussi que cette expérience fera progresser la recherche, et qu'à terme cela débouche sur d'autres possibilités de lutte contre le virus, sans OGM", ajoute-t-il.

AFP

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