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Les petits éditeurs enthousiasmés par le livre numérique

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, beaucoup de petits éditeurs, très présents au Salon du livre de Paris (alors que Hachette par exemple a énormément réduit sa présence), plébiscitent les opportunités offertes par le numérique. Le défi du numérique est dans toutes les têtes à l'heure des tablettes de lecture comme le Kindle d'Amazon, de l'iPad d'Apple qui doit débarquer en France fin avril, ou encore de celle de Sony. Autre défi, Google, qui a déjà numérisé 12 millions d'ouvrages en puisant dans les fonds des bibliothèques américaines.

« Qu'on tremble ou qu'on s'en réjouisse, c'est un fait : le numérique est en train de bouleverser l'édition", souligne à l'AFP Pascal Arnaud, patron des éditions "D'un noir si bleu", créées en 2006 en Bourgogne, qui publient des nouvelles et quelques romans. "Les livres numériques ne représentent qu'à peine 3 % des ventes dans le monde, cela pourrait monter à 20 ou 30 % dans cinq ans", estime-t-il au Salon du livre qui se tient Porte de Versailles jusqu'au 31 mars. Le PDG d'Hachette Livre Arnaud Nourry mise lui sur "10 à 15 % d'ici cinq à sept ans".

François Collet, directeur des éditions "Rouge inside", nées en 2009 à Lyon, confie faire déjà de la "bi-édition". "Nous ne publions que des traductions : le livre lui-même, sur papier pour l'instant, et des bonus en ligne (post-face d'un traducteur, liens vers le site ou le blog d'un auteur)".

Le Guatémaltèque Allan Mills publie déjà dans toute l'Amérique latine en version numérique. "Tous les manuscrits m'arrivent numérisés, c'est ma consigne, et moi, je les lis sur mon BlackBerry", avoue-t-il. "L'ère numérique représente un gros espoir pour nous, les petits, et cela ne tuera pas l'édition papier, elles cohabiteront", ajoute-t-il. "Cela affectera sans doute plus la science-fiction, l'édition jeunesse, les actes de colloque, etc."Pour Rodney Saint-Eloi, éditeur canadien d'origine haïtienne, installé à Montréal, "grâce au numérique, nous allons vers une démocratisation de la lecture, cela abolit les distances. C'est l'avenir des petits éditeurs. C'est l'indépendance et l'essor possible de la 'bibliodiversité'", affirme à l'AFP le patron des éditions "Mémoires d'encrier" fondées en 2003. "Près de 60 % du prix d'un livre, c'est le transport. L'entreposage, la distribution, la diffusion, ce sont de gros problèmes pour les petits éditeurs. Sur le web, on est tous à armes égales", s'enthousiasme-t-il. "Dans beaucoup de pays du Sud, le livre pourra se démocratiser au lieu de rester élitiste. Acheminer un ouvrage par exemple au Sénégal, c'est hors de prix. Et souvent, les gens n'ont pas d'adresse physique mais presque toujours une adresse électronique ! Le numérique, c'est une chance pour les plus vulnérables, lecteurs ou... éditeurs", relève M. Saint-Eloi.

"Pour nous, les petits, le vrai barrage c'est la distribution. Le numérique et internet, les librairies électroniques sont une formidable opportunité, pas une menace", renchérit Pascal Arnaud. Cet éditeur de Saône-et-Loire s'est aussi allié à un confrère alsacien, Calleva, pour publier des extraits numérisés de leurs livres, accessibles notamment sur les smartphones.

Expansion

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