RTFlash

RTFLASH Recherche & Technologie
NUMERO 1340
Lettre gratuite hebdomadaire d’informations scientifiques et technologiques
Créée par René Trégouët rapporteur de la Recherche et Président/fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
Edition du 12 Décembre 2025
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Egalement dans ce numéro
Matière
Première mondiale : Air Liquide met au point une technologie innovante pour convertir l'ammoniac en hydrogène
Remplacer le béton armé par du « bois augmenté »
Terre
Des chercheurs ont créé un jumeau numérique de la Terre
Vivant
L'exposition aux perturbateurs endocriniens pendant la grossesse est associée à des troubles du comportement chez l’enfant
Un médicament courant contre la goutte réduit le risque de crise cardiaque et d'AVC
L'IA pourrait prévenir le diabète de type B
La végétalisation des villes entraîne une baisse des hospitalisations liées à la santé mentale
Un nouveau virus créé par IA pour détruire les bactéries résistantes
Stimuler le cerveau par le jeu pour préserver sa réserve cognitive
Les drones au service des urgences médicales au Royaume-Uni
Vaccination contre le VRS pendant la grossesse : une étude d’EPI-PHARE confirme la sécurité maternelle et fœtale du vaccin Abrysvo
Une IA qui détecte la maladie d’Alzheimer des années avant
Les incroyables capacités cognitives du bourdon...
Les choix alimentaires auraient un impact majeur sur la santé cognitive et cérébrale
Cancer de la prostate : une avancée majeure pour prendre en charge les résistances aux traitements
Edito
Comment nourrir la planète de manière durable et saine en 2050



AVANT-PROPOS : CAMPAGNE de DONS 2025 :

J’ai l’impression, semaine après semaine, que les lecteurs sont fatigués par mes avant-propos sur la campagne de dons 2025. Cette semaine, cette campagne de dons n’a presque pas évolué en augmentant seulement de 600 euros pour atteindre 10.600 euros. Nous sommes encore loin des 15.000 euros qui nous sont nécessaires pour financer le nouveau site web que nous mettrons en ligne le 3 Janvier 2026.

Chacun doit prendre conscience que son don de cette année prend une signification singulière.

Si vous acceptez de faire un don à l’ADIST pour renforcer l’avenir de RT Flash, je vous invite à cliquer sur le lien suivant :

https://www.helloasso.com/associations/adist/formulaires/11

Merci

Bien Cordialement
René Trégouët
Sénateur Honoraire
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
Créateur de RT Flash, il y a 27 ans

EDITORIAL:

Comment nourrir la planète de manière durable et saine en 2050

- Des progrès remarquables mais des défis persistants

Contrairement à beaucoup d'idées reçues, l'accroissement global de la production agricole sur notre planète a été bien plus rapide que celui de la population mondiale depuis 40 ans. La consommation alimentaire moyenne mondiale par personne a augmenté de près d'un cinquième, passant de 2 360 calories par personne et par jour en 1960 à 2 800 calories aujourd'hui. Dans la même période, le pourcentage d'habitants souffrant de la faim dans les pays en voie de développement est passé d'un tiers à moins de 12 %.

Dans les pays en développement, l'augmentation des ressources alimentaires par habitant a été particulièrement remarquable : de 1 900 calories en 1960, elles sont passées à plus de 2 500 calories en 2000, soit une augmentation de 30 % en 40 ans, alors que la population mondiale a plus que doublé au cours de cette période. Ce résultat est d'autant plus impressionnant que, comme le montrent les travaux de la FAO, la surface de terres cultivées est restée quasiment stable dans le monde depuis 1960. Il reste que, selon la FAO, 925 millions de personnes souffrent encore de la faim sur Terre.

- Les besoins alimentaires à l'horizon 2050

Selon la FAO, il faudra produire 70 % de nourriture en plus pour répondre à la demande mondiale en 2050. La production de céréales devra augmenter de près d'un milliard de tonnes et celle de viande de plus de 200 millions de tonnes. La disponibilité alimentaire moyenne mondiale atteindrait 3 050 kcal/personne/jour, soit +10 % par rapport à 2005. La consommation annuelle mondiale de viande passerait de 41 kg à 52 kg par habitant, avec une forte hausse dans les pays en développement.

Selon les scénarios retenus, le besoin total en terres cultivées pourrait augmenter jusqu'à 223 millions d'hectares. Reste que la demande agricole mondiale risque de ralentir sensiblement à partir de 2050, car des chercheurs de l'IHME, organisme réputé pour ses travaux en santé publique, prédisent à présent un pic mondial de population dès 2064, à 9,7 milliards de personnes, avant un déclin jusqu'à 8,8 milliards en 2100.

- Un potentiel de terres cultivables largement sous-exploité

S'agissant de la question controversée des besoins supplémentaires en nouvelles terres agricoles, Laurence Roudart, chercheuse reconnue au niveau international qui travaille avec son équipe à l'Université libre de Bruxelles, rappelle quelques données essentielles : sur les 13,4 milliards d'hectares de terres émergées sur notre planète, environ 30 % sont considérées comme immédiatement cultivables sans besoins particuliers d'irrigation. Or, sur ces 4,2 milliards d'hectares, 60 % ne sont pas cultivés, soit environ 2,5 milliards d'hectares, ce qui est considérable. Même si l'on prend en compte les infrastructures, les forêts et les zones protégées, on estime que la superficie mondiale cultivée pourrait être multipliée par 1,6, soit une mise à disposition supplémentaire de 970 millions d'hectares (voir l'article de Roudart sur les terres cultivables).

- Le scénario Agrimonde 1 : des réserves suffisantes

Cela sera-t-il suffisant pour nourrir correctement les 9,7 milliards d'êtres humains que comptera la Terre en 2050, soit 1,5 milliard d'êtres humains en plus à alimenter ? Pour répondre à cette question capitale, Laurence Roudart et son équipe ont envisagé un scénario extrêmement prudent et contraignant dénommé "Agrimonde 1". Dans cette hypothèse de travail, chaque personne doit disposer de 3 000 kilocalories par jour, dont 500 kilocalories d'origine animale. Ce scénario très prudent privilégie volontairement l'extension des surfaces cultivées et mise peu sur les avancées agronomiques et technologiques.

Pourtant, même avec cette hypothèse très prudente, l'étude montre qu'il suffirait de disposer de 590 millions d'hectares cultivés supplémentaires, soit seulement 60 % des 970 millions d'hectares cultivables et disponibles sur notre planète, pour nourrir correctement l'ensemble de la population mondiale.

Mais cette situation globale masque de profondes disparités locales car les terres cultivables non exploitées et disponibles pour l'agriculture sont réparties de manière très inégale à la surface de la planète. Ces "réserves foncières" agricoles sont essentiellement présentes en Afrique et en Amérique latine mais sont, en revanche, faibles au Moyen-Orient et en Asie, régions soumises à une forte pression démographique et à des contraintes géoclimatiques plus fortes. Il faut aussi rappeler que l'agriculture "locale" et encore largement manuelle et familiale, qui s'inscrit dans le cadre "d'agro-écosystèmes", représente plus de 70 % de la production agricole mondiale, le reste étant assuré par l'agriculture industrielle.

- L'agriculture biologique peut-elle nourrir le monde ?

En 2017, une vaste étude européenne très documentée a montré qu'il est possible de nourrir correctement les 9,7 milliards d'êtres humains qui vivront sur Terre en 2050, en ayant recours essentiellement à l'agriculture biologique, mais en respectant au moins deux conditions : réduire le gaspillage alimentaire colossal et limiter la consommation de produits d'origine animale.

L'agriculture intensive a considérablement accru la quantité de nourriture disponible au cours des dernières décennies, mais elle a, dans le même temps, eu des conséquences environnementales négatives indéniables et importantes. Les scientifiques soulignent également que l'agriculture émet à présent plus de CO2 que l'industrie ou les transports, environ 23 % des émissions anthropiques mondiales de GES, soit environ 12 milliards de tonnes d'équivalent CO₂ par an.

Cette étude a modélisé les surfaces agricoles qui seraient nécessaires pour obtenir le même nombre de calories (2 700 par jour et par personne) en 2050, avec différentes proportions d'agriculture biologique (0 %, 20 %, 40 %, 60 %, 80 % ou 100 %) et en tenant compte de plusieurs niveaux d'impact du changement climatique sur les rendements.

Ce travail montre que pour convertir la totalité de l'agriculture au biologique, il faudrait mettre en culture de 16 % à 33 % de terres en plus dans le monde en 2050 par rapport à la situation actuelle, contre 6 % de plus dans le scénario de référence de la FAO, essentiellement basé sur l'agriculture conventionnelle. Toutefois, cette nécessité de mettre en culture plus de terres (une perspective tout à fait envisageable, nous l'avons vu, sans utiliser des espaces protégés, compte tenu de la réserve importante de terres cultivables non exploitées) serait très bénéfique sur le plan sanitaire et environnemental et se traduirait par une forte réduction des pollutions provoquées par les pesticides et engrais de synthèse et par une demande plus faible en énergies fossiles. Au final, en dépit de cette mise en culture de nouvelles terres, les émissions de GES de l'agriculture diminueraient quand même de 7 %, soit un milliard de tonnes en moins (sur les 14,5 gigatonnes émises par l'agriculture en 2025).

- Deux changements majeurs indispensables

L'étude souligne qu'une telle rupture mondiale devrait s'accompagner de deux changements majeurs dans le système alimentaire. D'une part, réduire au moins de moitié le gaspillage considérable (1,3 milliard de tonnes par an) – aujourd'hui responsable de la perte de 30 % des aliments. D'autre part, limiter la concurrence entre la production de nourriture pour les humains et celle pour le bétail.

Un tiers des terres cultivables de la planète sont utilisées pour nourrir les animaux d'élevage avec différentes céréales, soja, maïs, blé, alors que ces céréales pourraient être directement utilisées pour l'alimentation humaine, avec un rendement nutritif bien plus important et sans doute également des conséquences plutôt bénéfiques pour la santé humaine. Selon l'étude, le modèle actuel ne sera pas tenable à terme et il faut envisager de réduire la quantité de bétail et donc la consommation de produits d'origine animale (viande, poisson, œufs, laitages) qui pourrait être divisée par trois.

Harold Levrel, professeur à AgroParisTech et chercheur au Centre international de recherche sur l'environnement et le développement, qui n'a pas participé à l'étude, souligne que celle-ci lui semble réaliste car elle repose sur des hypothèses volontairement très conservatrices, en considérant par exemple que la consommation d'eau est la même en bio et en conventionnel. Cet expert reconnu précise que « c'est la première fois qu'on répond à la question de savoir si le bio peut nourrir le monde en intégrant à la fois la question des rendements, de l'occupation des sols, des effets environnementaux ou encore des émissions de CO2 ».

- Le scénario Afterres 2050 : l'exemple français

En France, le scénario Afterres 2050, publié en 2016 par l'association Solagro, a également montré qu'une agriculture 50 % biologique pourrait nourrir 72 millions de Français en 2050 sans augmenter la quantité de terres arables, tout en divisant par deux les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d'énergie et celle d'eau l'été, et par trois les pesticides. Mais au niveau national également, ce scénario suppose deux conditions : la réduction des pertes de production, ainsi qu'un changement de régime alimentaire. « Nous consommons deux tiers de protéines animales pour un tiers de protéines végétales. Il faudrait faire l'inverse et diviser par deux notre consommation de produits animaux », détaille Philippe Pointereau, l'un des coauteurs, qui dirige le pôle agroécologie de Solagro.

- Les succès de l'agroécologie dans le monde

Une autre étude menée par l'Université d'Essex et portant sur 218 projets de développement agricole fondés sur l'agroécologie, répartis dans 57 pays et couvrant 37 millions d'hectares (regroupant 12,6 millions d'exploitations agricoles), a montré un accroissement moyen des rendements de 64 % sur l'ensemble de ces projets, ce qui est tout à fait remarquable. Néanmoins, les travaux de la FAO ont montré que l'agriculture biologique ne pouvait, à elle seule, assurer la sécurité alimentaire au niveau mondial mais pouvait y contribuer de manière importante.

- Six axes stratégiques pour relever le défi

Il est intéressant de souligner que les conclusions de Laurence Roudart rejoignent le point de vue exprimé par Marion Guillou, Présidente de l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), et Gérard Matheron dans le livre qu'ils ont publié, intitulé "9 milliards d'hommes à nourrir, un défi pour demain". Ces scientifiques éminents sont d'accord sur le fait que nous avons tous les atouts en main pour parvenir à nourrir correctement l'humanité d'ici le milieu de ce siècle, mais à condition d'agir simultanément et vigoureusement dans six directions.

Premier axe : mettre en place un nouveau système mondial de fixation et de régulation des prix agricoles qui permette aux 40 % d'actifs qui cultivent la terre de vivre décemment de leur travail.

Deuxième axe : imaginer de nouveaux cadres législatifs et juridiques d'exploitation des terres qui soient mieux adaptés aux sociétés traditionnelles et aux cultures locales.

Troisième axe : il est essentiel de réorienter la recherche agronomique et les productions agricoles vers l'agriculture durable et les cultures vivrières inscrites dans des écosystèmes locaux et articulées aux structures socio-culturelles et aux capacités d'innovation des populations concernées. L'implication et l'adhésion des populations est en effet un facteur essentiel pour réussir cette mutation agroalimentaire historique qui permettra de nourrir la planète.

Quatrième axe : repenser l'ensemble des circuits de production, de distribution, de stockage et de consommation, de manière à diviser par deux l'énorme gaspillage alimentaire mondial, qui a atteint au moins 1,3 milliard de tonnes par an, soit près d'un tiers de la nourriture produite pour la consommation humaine selon la FAO et le rapport ONU 2024. Cela représente jusqu'à 40 % de l'ensemble de la production alimentaire, incluant les pertes sur l'ensemble de la chaîne (production, transformation, distribution, consommation).

Cinquième axe : rendre conciliable agriculture durable et production durable d'énergie, notamment en développant l'agrovoltaïsme écologique et climatique.

Sixième axe : permettre à tous les exploitants agricoles, quelle que soit leur taille, d'accéder, avec l'aide de politiques publiques ambitieuses, à l'agriculture prédictive de précision, reposant sur l'utilisation des outils numériques et robotiques et permettant une réduction sensible de l'emploi d'engrais et de pesticides.

- L'agriculture de précision : une révolution technologique au service de la durabilité

L'agriculture de précision permet un gain significatif de productivité tout en réduisant l'usage de pesticides, les émissions de CO2 et l'empreinte écologique globale, grâce à des technologies de ciblage et d'optimisation des intrants. Cette agriculture numérique, utilisant capteurs, GPS, satellites, drones et IA, permet d'augmenter les rendements des cultures de 10 à 30% en adaptant précisément les apports d'eau, d'engrais et de produits phytosanitaires aux besoins des plantes. Elle favorise une application localisée et temporellement ajustée, réduisant le gaspillage et maximisant l'efficacité des ressources.

Les technologies de reconnaissance des mauvaises herbes et d'analyse des risques peuvent à présent réduire sensiblement l'épandage aux zones réellement affectées, avec des réductions de pesticide pouvant atteindre jusqu'à 70 % des surfaces traitées dans certains cas. L'alerte précoce sur l'apparition de nuisibles permet d'intervenir de façon ciblée avec des doses minimales, réduisant fortement les impacts environnementaux.

L'agriculture de précision optimise aussi la consommation d'énergie grâce à des systèmes autonomes avec guidage GPS, réduisant les passages inutiles dans les champs. Selon un rapport de la Commission européenne, cette approche pourrait réduire les émissions agricoles de gaz à effet de serre par la réduction des engrais azotés et une conduite optimisée des engins agricoles. De plus, ces outils numériques permettent une gestion bien plus fine des sols et favorisent des pratiques de conservation du carbone, comme le non-labour, les cultures de couverture et la restauration des sols organiques.

L'utilisation de robots légers ou fonctionnant à l'énergie solaire, comme le robot FarmDroid, va diminuer encore plus l'empreinte carbone comparé aux machines lourdes traditionnelles. Des robots spécifiques comme le WeedBot emploient des technologies alternatives (lasers, intelligence artificielle) pour éliminer les mauvaises herbes sans pesticides, réduisant de 50 % leur usage. Cette agriculture de précision permet enfin, dans un contexte de changement climatique qui va se traduire par des tensions croissantes sur les ressources en eau, une meilleure gestion de l'eau via des robots d'irrigation pilotés par capteurs, économisant 30 à 50 % de la consommation d'eau comparée aux méthodes classiques.

- Les impacts du changement climatique sur les rendements

Nous devons enfin comprendre que nous ne pourrons pas nourrir correctement les populations locales uniquement à partir des productions agricoles de ces populations car celles-ci vont être confrontées à une stagnation des rendements due au changement climatique dans certaines régions, comme le montre une étude publiée en juin dernier qui a modélisé pour différentes régions du globe les effets du réchauffement climatique d'ici à la fin du siècle sur les rendements de six grandes cultures (blé, maïs, riz, sorgho, soja et manioc), qui représentent les deux tiers des calories consommées dans le monde.

Cette vaste recherche montre que chaque degré de réchauffement supplémentaire par rapport à l'ère préindustrielle, l'équivalent de 120 kilocalories par jour et par personne, pourrait être perdu, soit 4,4 % de la consommation journalière actuelle. C'est pourquoi il est capital de mettre en place un nouveau cadre économique et juridique plus équitable d'échanges des produits agricoles au niveau mondial.

- Un défi avant tout politique et économique

Ces études récentes et très solides du point de vue scientifique ont le mérite de remettre en cause beaucoup d'idées reçues et leurs conclusions se rejoignent : l'accès pour tous aux produits agricoles de base et la sécurité alimentaire de la planète sont possibles. Mais le défi à relever pour atteindre ce but ô combien souhaitable est d'abord politique et économique. Il passera par la recherche d'un nouvel ordre mondial, en matière d'échanges commerciaux plus équitables, de lutte contre l'énorme gaspillage alimentaire, d'utilisation durable des ressources naturelles, de rééquilibrage des productions agricoles en faveur des protéines végétales et d'accès universel aux technologies numériques, qui sont appelées à jouer un rôle de plus en plus important dans le basculement vers une agriculture à la fois productive, durable et à faible empreinte climatique et environnementale.

Il faut enfin souligner que l'agriculture de demain devra intégrer, et ce point est capital, la production délocalisée et décarbonée d'énergie, notamment photovoltaïque, contribuant ainsi de manière décisive à la transition énergétique et à la stabilisation du climat de notre planète.

René TRÉGOUËT

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

e-mail : tregouet@gmail.com

Note Importante : La présentation de mes éditos a beaucoup changé depuis quelques semaines. Les textes sont beaucoup plus facilement lisibles grâce à des sous titres et des passages en gras. C’est une IA qui réalise cette présentation. J’en consulte 5 chaque semaine et c’est celle que je juge la meilleure que je retiens. Souvent l’IA retenue cette semaine n’est pas la même que la semaine précédente. Mais je dois vous dire que je suis toujours l’auteur de mes éditos. La preuve en est donnée par la présence de liens hypertextes qui renvoient le lecteur sur les sites où j’ai puisé mes idées. Malheureusement les IA ne savent pas faire cela. Sur ce sujet, je vous invite à lire l’article paru dans le Monde du 16 Juillet 2025:

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2025/07/06/comment-les-reponses-generees-p...


Matière
Matière et Energie
Première mondiale : Air Liquide met au point une technologie innovante pour convertir l'ammoniac en hydrogène
Mardi, 09/12/2025 - 19:23

Air Liquide annonce la mise en service réussie de la première unité pilote au monde de craquage d'ammoniac à l’échelle industrielle d’une capacité de conversion d’ammoniac en hydrogène de 30 tonnes par jour, dans le port d'Anvers-Bruges, en Belgique. Cette innovation de pointe apporte un maillon technologique clé et jusqu’alors manquant pour convertir l’ammoniac en hydrogène et relève les défis liés au transport de l'hydrogène. Cette technologie éprouvée pour l’industrie et le développement d’unités de craquage d'ammoniac à l'échelle mondiale permet d'accéder à de l'hydrogène bas carbone et renouvelable pour la décarbonation de l'industrie et de la mobilité. 

La capacité à transporter efficacement l'hydrogène sur de longues distances est un défi persistant pour le développement à l’échelle mondiale d'une économie robuste de l'hydrogène. L'ammoniac (NH3), formé par des molécules d'hydrogène et d'azote, est un précieux vecteur d'hydrogène. Il peut être produit à moindre coût dans des régions dotées de nombreuses sources d'énergie renouvelable, telles que l'énergie solaire, hydraulique et éolienne ou d'autres énergies à faible émission carbone. Il existe déjà une infrastructure mondiale bien établie pour la production, le transport et l'utilisation à grande échelle de l'ammoniac qui permettrait de l'exporter depuis ces régions abondantes en énergie vers les utilisateurs finaux du monde entier. Il y serait ensuite « craqué » de nouveau en hydrogène, constituant ainsi un élément essentiel à la décarbonation de l'industrie et de la mobilité.

Cette nouvelle technologie exclusive de craquage d'ammoniac élargit le portefeuille d'Air Liquide dans le domaine de la production d'hydrogène renouvelable et bas carbone. Le développement réussi de cette unité a permis de mettre au point des innovations brevetées clés dans des domaines cruciaux tels que la sécurité des procédés, les matériaux, la catalyse avancée pour le craquage d’ammoniac, sa combustion ou encore la séparation efficace des molécules. Ce succès démontre la capacité d'Air Liquide à industrialiser des technologies issues de la Recherche en laboratoire vers des applications concrètes et à développer des solutions inédites pour ses clients.

Air Liquide : https://www.airliquide.com/fr/groupe/communiques-presse-actualites/13-11-2025/un...

Remplacer le béton armé par du « bois augmenté »
Mardi, 09/12/2025 - 19:21

Bouygues Construction a signé un partenariat stratégique avec un acteur innovant de la construction, pionnier du "bois augmenté", Woodoo. Depuis 10 ans, Timothée Boitouzet a travaillé sans relâche pour faire de sa création un matériau incontournable dans la construction dès demain. Le jeune architecte-chimiste-entrepreneur (!), raconte : « Nous avons validé ce que nous disions à l’époque : nous prenons du bois et par notre process nous enlevons la lignine remplacée par une résine en imprégnation, puis le bois est pressé pour obtenir un bois densifié (+50-70 %), aux capacités augmentées, équivalentes à celles de l’aluminium et du béton ». Une solution de rêve donc pour la transition écologique dans la construction, puisque le bois augmenté à empreinte carbone réduite peut remplacer des matériaux (très) chargés en CO2, que ce soit en aménagement, en parement extérieur ou en structure.

Et Bouygues Construction a franchi le pas en passant commande de 10 000 m3 de Stack pour édifier des centres de données bas carbone. Soit l’équivalent de 20 000 m3 de béton armé qui ne seront pas utilisés. Timothée Boitouzet fait valoir : « Stack n’est pas qu’un nouveau matériau. Nous prouvons qu’il peut rivaliser avec le béton en termes de performances et de coût, tout en réduisant l’impact carbone jusqu’à 80 % ». Car le matériau se situe à la parité prix avec un béton armé C25/30. Les éléments seront constitués de poteaux et de poutres prépercés, d’une portée maximale de 14 mètres, pour construire les bâtiments en France ou en Suisse, entre 2026 et 2027. Bouygues disposera d’une exclusivité restreinte sur Stack pour les applications dans des bâtiments "industriels".

Côté production, elle sera basée à Troyes (Aube) afin d’y valoriser une essence locale, le peuplier, à croissance rapide. Une quarantaine de personnes seront employées sur le site. Des questions se posent naturellement : sur l’assurabilité d’une telle solution constructive, le CSTB a déjà été approché pour l’obtention d’une ATEx. Sur la tenue au feu, Stack devra être "encapsulé" dans des plaques de plâtre afin de protéger sa surface. Mais dans un avenir proche, la résine utilisée pour traiter le bois pourrait être additivée afin de la rendre intumescente.

Au-delà de ce premier gros marché avec Bouygues Construction, Woodoo voit plus loin, et espère convaincre les architectes, promoteurs et entreprises générales de se tourner vers ce produit innovant, à la mise en œuvre simple. Timothée Boitouzet conclut : « Le but est de remplacer les matériaux les plus émissifs par du super-bois. La technologie marche avec toutes les essences, mais l’intérêt est de valoriser des bois ‘pauvres’ comme le charme ou le tremble ».

Bati : https://bati.zepros.fr/actu-industriels/remplacer-beton-arme-bois-augmente

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Terre
Sciences de la Terre, Environnement et Climat
Des chercheurs ont créé un jumeau numérique de la Terre
Lundi, 08/12/2025 - 17:57

Une équipe de scientifiques de l’Institut Max Planck, en Allemagne, a mis au point un jumeau numérique de la Terre d’une précision inégalée. D’une échelle de 1,25 km, celui-ci est capable de simuler avec précision les mécanismes météorologiques et climatiques. L’étude détaille la conception de ce modèle hors norme, pensé pour anticiper avec une grande fiabilité les évolutions de notre planète. Au cœur de ce jumeau numérique se trouvent près de 672 millions de cellules mathématiques, chacune représentant un point de l’atmosphère.

Ces cellules reçoivent un ensemble d’informations et de phénomène physiques destinés à reproduire les systèmes dynamiques terrestres. Les chercheurs distinguent deux grandes familles de systèmes : les rapides, liés aux cycles de l’eau et de l’énergie pour la prévision météorologique, et les lents, associés aux flux de carbone, à l’évolution des écosystèmes et à la géochimie des océans. Ces derniers évoluent sur des années, parfois des décennies, tant le déplacement sur 1,25 km d’une dynamique d’une cellule à une autre exige du temps.

L’association de ces deux systèmes aux vitesses contrastées au sein d’un même modèle est unique au monde. Pour atteindre ce niveau de détail, les scientifiques se sont appuyés sur la puissance brute des superordinateurs JUPITER, en Allemagne, et Alps en Suisse. Il permettra de traiter des volumes massifs de données et d’exécuter des calculs extrêmement complexes en un temps record. Toutefois, ce modèle n’est pas près d’être démocratisé. Sa complexité informatique et ses besoins en puissance de calcul limitent aujourd’hui son usage aux laboratoires les mieux équipés.

Arxiv : https://arxiv.org/abs/2511.02021

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Vivant
Santé, Médecine et Sciences du Vivant
L'exposition aux perturbateurs endocriniens pendant la grossesse est associée à des troubles du comportement chez l’enfant
Jeudi, 11/12/2025 - 13:14

Alors que les troubles du neurodéveloppement chez l’enfant sont en augmentation, le rôle des facteurs environnementaux est de plus en plus questionné. Parmi eux figurent les polluants chimiques tels que les perturbateurs endocriniens présents dans de nombreux produits du quotidien, comme certains composés phénoliques et les parabènes. Toutefois, établir une relation de causalité pour chaque substance reste complexe et les mécanismes sous-jacents à ces effets sont encore mal compris.

Une étude réunissant des chercheurs de l’Inserm, en collaboration avec le CNRS, l’Université Grenoble Alpes (UGA), le centre hospitalier universitaire Grenoble Alpes (CHU), et le Barcelona Institute for Global Health (ISGlobal), publiée le 10 décembre dans la revue Lancet Planetary Health, suggère une association entre des scores issus de questionnaires qui pourraient suggérer des troubles du comportement chez l’enfant et l’exposition prénatale à deux polluants chimiques : le bisphénol S, un perturbateur endocrinien reconnu, et le méthylparabène (un conservateur utilisé notamment dans des produits cosmétiques et alimentaires), suspecté d’être lui aussi un perturbateur endocrinien.

« C‘est particulièrement préoccupant, car le bisphénol S est utilisé comme un substitut du bisphénol A, dont l’utilisation a été interdite pour certains usages, tels que les contenants alimentaires. Or, de plus en plus d’études suggèrent des effets néfastes sur la santé, alors même que nous sommes de plus en plus exposés à cette substance », explique Claire Philippat, chercheuse à l’Inserm et dernière autrice de cette étude. Ces résultats se fondent sur deux cohortes clés pour l’étude de l’effet des polluants chimiques sur la santé de l’enfant : la première, composée de 1 080 mères et de leurs enfants recrutés à Barcelone entre 2018 et 2021, et la seconde, de 484 mères et de leurs enfants recrutés dans la région grenobloise entre 2014 et 2017.

L’équipe de recherche s’est intéressée aux conséquences de l’exposition à 12 substances suspectées ou reconnues comme des perturbateurs endocriniens par les autorités sanitaires lors de la grossesse : des bisphénols, des parabènes et d’autres composés phénoliques comme le triclosan, mesurées via des prélèvements d’urine répétés. « C’est une des forces de ces cohortes : les femmes ont recueilli jusqu’à 42 échantillons pendant la grossesse alors que les études précédentes en avaient au maximum trois. Cela permet une vraie amélioration de la mesure de l’exposition à ces substances », explique la chercheuse.

Après la naissance, le comportement des enfants a été évalué entre un an et demi et deux ans à l’aide du Child Behaviour Checklist (CBCL), un questionnaire rempli par l’un des parents pour dépister d’éventuels troubles du comportement, tels que des difficultés d’attention ou des comportements anxieux, dépressifs ou agressifs.

Résultat : une exposition au méthylparabène au troisième trimestre de grossesse est associée à des scores plus élevés à ce questionnaire, suggérant de possibles troubles du comportement chez l’enfant. De même, une exposition au bisphénol S, un perturbateur endocrinien reconnu, à la même période, est liée à des scores élevés, mais uniquement chez les garçons. Aucun effet cocktail, issu du mélange des différents phénols, n’a en revanche été observé.

Pour comprendre par quels mécanismes ces composés pourraient affecter le comportement des enfants, les chercheurs ont exploré l’hypothèse d’une implication de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA), dont le rôle est, entre autres, de réguler la réponse au stress dans l’organisme. Ils ont ainsi mesuré les concentrations de plusieurs hormones clés de ce système (cortisol, cortisone, déhydrocorticostérone) dans des mèches de cheveux prélevées chez les mères en fin de grossesse. Mais les variations hormonales observées n’ont pas permis d’expliquer le lien entre l’exposition prénatale aux polluants et les troubles du comportement des enfants. « Nos résultats ne suffisent pas à écarter cette hypothèse, car il y a encore très peu d’études sur le sujet. Mais il est possible que d’autres mécanismes biologiques, tels que la perturbation de l’axe thyroïdien ou œstrogénique, soient impliqués », explique la chercheuse.

De nouvelles recherches seront nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes en jeu. « Bien que plusieurs études suggèrent un lien entre l’exposition aux perturbateurs endocriniens et les troubles du comportement, peu de recherches se sont intéressées au bisphénol S et au méthylparabène, ce dernier n’étant d’ailleurs pas officiellement reconnu comme perturbateur endocrinien, mais seulement suspecté. Il est donc essentiel de continuer à mener des études sur de larges cohortes, avec des mesures rigoureuses de l’exposition aux polluants, afin de mieux comprendre ces effets », conclut la dernière autrice.

Inserm du 10.12.2025 : https://presse.inserm.fr/perturbateurs-endocriniens-lexposition-au-methylparaben...

Un médicament courant contre la goutte réduit le risque de crise cardiaque et d'AVC
Mercredi, 10/12/2025 - 19:24

Le Colchicine est un médicament couramment utilisé pour traiter la goutte. Il a des propriétés anti-inflammatoires, c’est pourquoi les experts souhaitent explorer comment il pourrait également bénéficier à d’autres conditions. Une revue récente a examiné douze études pour déterminer l'impact de la colchicine à faible dose sur le risque d'événements cardiovasculaires. La revue et la méta-analyse, publiées dans la Bibliothèque Cochrane, axées sur les adultes ayant récemment subi une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral ou ayant déjà une maladie cardiovasculaire stable.

L'analyse a révélé qu'une faible dose de colchicine contribue à réduire le risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral, identifiant une autre stratégie potentielle pour contribuer à la prévention de ces affections. Les chercheurs de la revue actuelle voulaient évaluer comment la colchicine pourrait éventuellement contribuer à la prévention des événements cardiovasculaires comme les crises cardiaques, ainsi que les méfaits potentiels de la colchicine. Bien que des recherches antérieures aient montré un bénéfice, des essais supplémentaires ont été réalisés et les chercheurs souhaitaient en tenir compte.

Les chercheurs ont principalement utilisé trois bases de données importantes pour identifier les essais contrôlés randomisés pertinents. Ils se sont concentrés sur l'utilisation de colchicine pendant au moins six mois chez les personnes atteintes d'une maladie cardiovasculaire stable ou ayant récemment subi une crise cardiaque, un syndrome coronarien aigu, un accident vasculaire cérébral ou un accident ischémique transitoire à haut risque. Ainsi, ils ont pu se concentrer sur les bénéfices d’une utilisation à long terme.

Ils ont pris en compte plusieurs critères de jugement, notamment la mortalité toutes causes confondues, les accidents vasculaires cérébraux, les crises cardiaques et les événements indésirables graves. Les chercheurs ont effectué une méta-analyse. La méta-analyse comprenait douze études, comprenant des données provenant de près de 23 000 personnes. Certaines de ces données provenaient d’une étude précédente sur le sujet, mais la plupart provenaient de recherches plus récentes. Environ la moitié de ces participants ont reçu de la colchicine et l'autre moitié faisait partie du groupe témoin.

Environ 30 % des études portaient sur l'utilisation de colchicine à faible dose chez les participants souffrant d'une maladie coronarienne chronique et stable. Près de 57 % des études ont porté sur l'utilisation de la colchicine lors d'une hospitalisation aiguë pour syndrome coronarien aigu ou dans le mois suivant son apparition. D'autres études se sont concentrées sur l'utilisation de la colchicine après un accident vasculaire cérébral. Résultat : si la colchicine n’a pas d’effet sur le risque de décès toutes causes confondues, elle contribuait à réduire le risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral. Cela se traduit par neuf personnes de moins sur 1 000 victimes d’une crise cardiaque et huit personnes de moins sur 1 000 victimes d’un accident vasculaire cérébral.

Cochrane Library : https://www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD014808.pub2/full

L'IA pourrait prévenir le diabète de type B
Mercredi, 10/12/2025 - 17:38

Selon l'OMS, le prédiabète concernerait près de 10 % de la population mondiale. Il correspond à une situation intermédiaire entre une glycémie (taux de sucre dans le sang) normale et celle qui définit un diabète de type 2. Heureusement, selon une nouvelle étude américaine, un programme d’accompagnement du mode de vie proposé par une intelligence artificielle serait aussi efficace qu’un suivi réalisé par un professionnel de santé. Cette intervention, destinée à des personnes prédiabétiques en surpoids, permettrait d’améliorer la glycémie et ainsi de réduire le risque de progression vers un diabète de type 2. Car cet état est réversible si des modifications du mode de vie sont mises en place, notamment sur le plan alimentaire et physique. Sauf qu’en pratique, l’adhésion à ce type d’approche pluridisciplinaire est faible, et son efficacité diminue lorsque le suivi et le soutien des participants ne sont pas maintenus dans la durée.

C’est pourquoi des chercheurs américains de la Johns Hopkins University School of Medicine à Baltimore (Etats-Unis) ont eu l’idée d’utiliser l’intelligence artificielle pour offrir un accompagnement plus personnalisé et continu (balance connectée, informations personnalisées concernant l’activité physique et l’alimentation…) aux personnes à risque, sans recours à un coach humain. Dans l’étude, le suivi par coach avait lieu lors de séances en visioconférence, d’abord hebdomadaires puis espacées à deux par mois. Ces deux approches ont ainsi été comparées dans une étude rigoureuse – un essai clinique randomisé de phase III – chez 368 adultes en obésité ou en surpoids (58 ans d’âge médian) et prédiabétiques. Cette étude a été conduite entre 2021et 2024 dans deux centres américains (Baltimore, Maryland, et Reading, Pennsylvanie).

L’étude a montré, et de manière scientifique, que le coaching assuré par l’intelligence artificielle n’était pas inférieur à celui mené par un professionnel. Le critère principal d’évaluation combinait plusieurs objectifs : maintenir une HbA1c inférieure à 6,5 % (seuil biologique du diabète) et atteindre au moins l’un des résultats suivants sur un an : soit une perte de poids au moins supérieure à 5 %, soit au moins supérieure à 4 % associée à un minimum de 150 minutes d’activité physique modérée à intense par semaine, soit une réduction d’au moins 0,2 point du taux d’HbA1c.

Au total, 31,7 % des participants suivis par l’IA et 31,9 % de ceux accompagnés par un coach humain ont atteint ce critère. Par ailleurs, la proportion de personnes dont l’HbA1c a dépassé le seuil de 6,5 % (et devenaient donc diabétiques) ne différait pas entre les groupes : 4,4 % chez les patients encadrés par l’IA contre 3,8 % chez ceux bénéficiant d’un suivi humain. En outre, un plus grand nombre de participants ont commencé puis mené à terme le programme lorsque celui-ci était encadré par l’IA. 93,4 % l’ont initié et 63,9 % l’ont achevé, contre respectivement 82,7 % et 50,3 % dans le groupe bénéficiant d’un coaching humain.

Les auteurs concluent : « ces résultats montrent qu’un programme de prévention du diabète entièrement automatisé et conduit par IA peut être une alternative efficace à un programme encadré par un professionnel, en termes de perte de poids, d’activité physique et de contrôle glycémique chez les adultes prédiabétiques en surpoids ou obèses ». Au regard de la baisse du nombre de professionnels de santé disponibles, ces résultats sont intéressants. Un programme de prévention du diabète entièrement automatisé et piloté par l’IA, et donc moins coûteux, pourrait pallier en partie les contraintes liées à la démographie médicale, tout en permettant un suivi efficace et personnalisé des patients prédiabétiques.

Johns Hopkins University : https://hub.jhu.edu/2025/10/27/ai-powered-diabetes-prevention/

La végétalisation des villes entraîne une baisse des hospitalisations liées à la santé mentale
Mercredi, 10/12/2025 - 17:32

Une vaste étude scientifique montre que la végétalisation dans les espaces urbains entraîne une baisse des hospitalisations pour des pathologies en santé mentale. Cette étude inédite démontre que l'environnement influence notre santé mentale, des résultats qui peuvent avoir des conséquences concrètes dans l'aménagement futur des villes.

Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont analysé les données de plus de 11 millions d'hospitalisations pour troubles mentaux dans près de 7.000 villes de sept pays : l’Australie, le Brésil, le Canada, le Chili, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud et la Thaïlande, de 2000 à 2019. Ils ont également scanné par satellite les surfaces végétalisées dans les villes concernées. « Il y avait une réduction de 7 % des taux d'hospitalisation pour des causes de santé mentale à chaque fois qu'une unité de cet indice de végétalisation augmentait », explique à France Inter l'un des auteurs de cette étude, Eric Lavigne, professeur d’épidémiologie à l’Université d’Ottawa, au Canada. « C'est très parlant comme résultat parce qu'on veut aller dans cette direction de végétaliser davantage les villes dans un contexte de changement climatique », souligne-t-il.

L'étude soutient que des dizaines de milliers d’hospitalisations ont donc été potentiellement évitées chaque année grâce à la végétation des aires urbaines. « Ça peut apporter un bien-être, un apaisement au niveau psychologique. Ça peut encourager l'activité physique et avoir des effets physiologiques qui ont des impacts sur la santé mentale », insiste Eric Lavigne. Les chercheurs veulent poursuivre leurs investigations et étudient maintenant quels types de plantes sont les plus bénéfiques, à quels endroits précis dans les villes, pour offrir un cadre toujours plus apaisant aux patients.

BMJ : https://www.bmj.com/content/391/bmj-2025-084906

Un nouveau virus créé par IA pour détruire les bactéries résistantes
Mardi, 09/12/2025 - 19:18

La résistance croissante des bactéries aux antibiotiques, qui tue chaque année environ 5 millions de personnes (dont 5500 en France) est devenue un enjeu majeur de santé publique. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), certaines souches, comme E. coli ou Klebsiella pneumoniæ, résistent désormais aux traitements les plus courants. Chaque année, ces infections résistantes causent plus d'un million de décès directs, et près de huit millions de morts au total lorsque l'on prend en compte les complications associées.

Pour tenter de mieux contrer cette menace, des chercheurs américains de l'université de Stanford et d l'institut Arc ont exploré une solution innovante : la création de virus, avec l'IA, capables de cibler spécifiquement les bactéries, appelés bactériophages, qui ne touchent pas l'humain mais s'attaquent aux agents pathogènes. Ces scientifiques ont pris pour modèle le virus ΦX174, un bactériophage simple. En analysant environ deux millions de génomes de virus similaires, ils ont généré avec l'IA plus de 300 nouveaux modèles de virus. Parmi eux, seize ont démontré leur capacité à se répliquer et à détruire des bactéries en laboratoire.

La phagothérapie, qui consiste à administrer des virus naturels pour traiter des infections bactériennes, pourrait bénéficier de ces avancées. Les nouvelles variantes générées grâce à l'IA permettent de cibler des bactéries résistantes aux antibiotiques dits "traditionnels", et pourraient même trouver des applications dans l'agriculture pour protéger les cultures contre certaines maladies bactériennes, comme le précise Tech & Co. Un des principaux avantages de ce procédé est la précision : contrairement aux antibiotiques, ces virus s'attaquent uniquement aux bactéries ciblées afin d'éviter les effets secondaires. Les expérimentations restent pour le moment strictement encadrées : aucun virus développé ne peut infecter l'homme.

Parallèlement, un autre type d'innovation avec l'IA se développe dans le domaine de la médecine préventive. Delphi-2M, conçu par le Laboratoire européen de biologie moléculaire de Cambridge et le centre allemand de recherche sur le cancer de Heidelberg, pourrait prédire le risque de développer plus de 1 200 pathologies, de la maladie d'Alzheimer aux crises cardiaques. L'usage croissant de l'IA en santé soulève cependant des enjeux éthiques et réglementaires, notamment autour de la question de la collecte d'informations médicales. Il convient par ailleurs de tester progressivement ces systèmes avant un déploiement à grande échelle, afin de garantir leur fiabilité et leur sécurité.

Nature : https://www.nature.com/articles/d41586-025-03055-y

Stimuler le cerveau par le jeu pour préserver sa réserve cognitive
Mardi, 09/12/2025 - 19:17

Depuis des décennies, les scientifiques tentent de comprendre comment ralentir le déclin cognitif lié à l’âge. Les médicaments n’ont apporté que des résultats limités, incapables de restaurer les capacités naturelles du cerveau. Mais une étude menée à l’Université McGill et à l’Institut neurologique de Montréal (Le Neuro) vient de franchir une étape décisive. Sous la direction du neurologue Étienne de Villers-Sidani, l’équipe a montré que dix semaines d’exercices cognitifs, réalisés avec l’application BrainHQ, pouvaient augmenter significativement la production d’acétylcholine, un neurotransmetteur essentiel à la communication entre neurones. Cette substance, souvent surnommée “la molécule de l’attention”, joue un rôle central dans la mémoire, la concentration et la résolution de problèmes.

Jusqu’à présent, les traitements disponibles, comme les inhibiteurs de la cholinestérase, ne faisaient qu’empêcher la dégradation de l’acétylcholine existante. Aucun n’avait réussi à stimuler sa production. C’est donc la première fois qu’une intervention, médicamenteuse ou non, parvient à “rajeunir” le système cholinergique. Selon le Docteur de Villers-Sidani, les participants ont retrouvé un niveau d’activité cérébrale équivalent à celui d’une personne dix ans plus jeune. L’expérience a été menée auprès de 92 adultes âgés de 65 ans et plus, tous en bonne santé cognitive. La moitié des participants a suivi un entraînement de 30 minutes par jour sur BrainHQ pendant dix semaines, tandis que l’autre moitié jouait à un jeu vidéo classique, sans objectif de stimulation cérébrale.

Les résultats ont été mesurés grâce à la tomographie par émission de positons (TEP), une technique d’imagerie permettant de visualiser l’activité neuronale. Les chercheurs ont utilisé un traceur spécifique, le FEOBV, qui se fixe sur une protéine propre aux neurones cholinergiques. Ce marqueur permet de mesurer la “vitalité” du système cholinergique. En moyenne, la liaison du FEOBV diminue de 2,5 % par décennie entre 20 et 80 ans. Or, après dix semaines d’entraînement, le groupe BrainHQ a montré une augmentation de 2,3 %, compensant quasiment une décennie de déclin naturel. En d’autres termes, un simple programme de jeu bien conçu a réussi là où la pharmacologie avait échoué. Les jeux proposés ne reposent pas sur des activités de mémoire ou de logique classiques, mais sur des exercices spécifiques visant à renforcer la plasticité cérébrale. Le cerveau est stimulé par des tâches de reconnaissance rapide, d’attention visuelle ou de discrimination sonore, toutes conçues pour réactiver les circuits neuronaux de l’apprentissage.

Cette étude confirme une idée longtemps théorique : le cerveau humain reste “plastique” tout au long de la vie. Même chez les personnes âgées, il conserve une capacité d’adaptation et de réparation, à condition d’être stimulé de la bonne manière. Pour le Docteur Henry Mahncke, PDG de Posit Science, l’entreprise à l’origine de BrainHQ, cette découverte est « une preuve tangible que les systèmes chimiques du cerveau peuvent être reprogrammés ». Contrairement à d’autres jeux dits “d’entraînement cérébral” souvent critiqués pour leur manque d’efficacité, BrainHQ s’appuie sur plus de 300 études scientifiques validant ses bénéfices cognitifs. Cette avancée offre aussi un nouvel espoir pour les personnes à risque de déclin cognitif ou de démence. L’équipe de McGill prévoit désormais de tester l’intervention sur des patients présentant des signes précoces d’Alzheimer. Si les résultats se confirment, ce type d’entraînement pourrait devenir un outil thérapeutique complémentaire aux traitements médicaux, ou même une mesure préventive accessible à tous.

L’idée que « le cerveau s’entraîne comme un muscle » prend ici tout son sens. De la même façon que l’exercice physique entretient le cœur et les muscles, l’entraînement cognitif ciblé pourrait préserver la vitalité neuronale et retarder les effets du vieillissement. Les implications sont considérables. Si une telle approche peut renforcer durablement la production de neurotransmetteurs, elle pourrait contribuer à réduire l’incidence des maladies neurodégénératives et les coûts colossaux qu’elles représentent pour les systèmes de santé.

JMIR : https://games.jmir.org/2025/1/e75161

Les drones au service des urgences médicales au Royaume-Uni
Mardi, 09/12/2025 - 19:15

Chaque année en France, plus de 40 000 personnes s’effondrent brutalement, victimes d’un arrêt cardiaque. Chaque minute sans défibrillation réduit alors les chances de survie de 10 %. Au-delà de dix minutes sans oxygène et sans pulsation, elles sont quasiment nulles. En attendant les secours, il est donc nécessaire de prodiguer soi-même un massage cardiaque ou d’utiliser un défibrillateur, ce que beaucoup de foyers n’ont pas encore en leur possession. Et si la solution nous venait des drones ? Outre-Manche, des scientifiques entraînent ces engins à livrer en urgence un défibrillateur, directement entre les mains des témoins du malaise. À l’Université de Warwick, des chercheurs travaillent activement sur ce projet en collaboration avec le Welsh Ambulance Service et l’entreprise SkyBound.

Lors des essais menés sur d’anciens terrains militaires et en pleine campagne, un drone DJI M300 s’est envolé avec un défibrillateur accroché sous son châssis. En contact permanent avec les services du 999, le numéro d’urgence national, l’appareil a parcouru de longues distances sans difficulté avant de se poser à quelques mètres de la fausse victime, dans ce cas-ci un mannequin. « Lors de cette simulation, nous avons démontré que les drones pouvaient voler loin, en toute sécurité, et rester connectés en temps réel au service des urgences », confirme le Docteur Christopher Smith, qui dirige l’expérience.

Au-delà des statistiques, des histoires illustrent l’urgence, comme celle de Steve Holt, 74 ans, qui a survécu à deux arrêts cardiaques en pleine nature. En 2019, alors qu’il randonnait dans le Lake District, l’homme a été victime d’un malaise. « Pendant que je réanimais mon père, l’attente a semblé durer une éternité », se souvient son fils, Mark, lors d’un reportage sur ces drones d’un nouveau genre. L’ambulance a mis vingt-cinq minutes à arriver. Seule la présence d’un défibrillateur sur la façade d’un pub voisin a sauvé Steve. « Les drones pourraient aider à sauver des vies », estime-t-il aujourd’hui, convaincu de leur utilité, notamment dans des zones reculées. Les chercheurs veulent maintenant passer à la vitesse supérieure, avec des essais plus larges et un financement accru. Pour le Docteur Smith, le système est prêt à être déployé. « Nous pourrions bientôt l’utiliser pour de vraies urgences à travers le Royaume-Uni », est-il persuadé.

Interesting Engineering : https://interestingengineering.com/inno

Vaccination contre le VRS pendant la grossesse : une étude d’EPI-PHARE confirme la sécurité maternelle et fœtale du vaccin Abrysvo
Lundi, 08/12/2025 - 19:49

EPI-PHARE, groupement d’intérêt scientifique entre l’ANSM et la CNAM, publie les résultats d’une étude sur la sécurité d’Abrysvo pendant la grossesse, un vaccin administré aux femmes enceintes et destiné à protéger les nourrissons contre le virus respiratoire syncytial (VRS), principal responsable des bronchiolites. Réalisée à partir des données du Système national des données de santé (SNDS) lors de la première campagne nationale de vaccination 2024–2025, cette étude confirme l’absence de risque accru de complications graves pour les mères et leurs enfants à naître lorsque la vaccination est réalisée entre la 32e et la 36e semaine d’aménorrhée, conformément aux recommandations de la HAS.

Le virus respiratoire syncytial (VRS), responsable chaque année de nombreuses hospitalisations de nourrissons pour bronchiolite, touche en particulier les enfants âgés de moins de 6 mois. La vaccination des femmes enceintes par Abrysvo, recommandée entre les 32e et 36e semaines d’aménorrhée, permet de protéger les nourrissons dès leur naissance grâce au transfert d’anticorps maternels à travers le placenta, et de réduire le risque d’infection grave durant les trois premiers mois de vie, période de grande vulnérabilité. Afin d’évaluer la sécurité d’Abrysvo pendant la grossesse, EPI-PHARE a conduit une étude de pharmaco-épidémiologie sur 29 000 femmes vaccinées entre septembre 2024 et janvier 2025, durant la première campagne nationale de vaccination des femmes enceintes contre le VRS.

Les résultats ne montrent, chez celles qui ont été vaccinées entre la 32e et la 36e semaine d’aménorrhée, aucune augmentation du risque de complications graves de la grossesse (notamment de naissance prématurée, d’accouchement dans les semaines suivant la vaccination, d’enfant mort-né, de petit poids de naissance, de césarienne, d’hémorragie du post-partum ou d’événements cardiovasculaires graves). L’étude invite à la vigilance les femmes vaccinées avant ou à 32 semaines d’aménorrhée. Chez ces femmes, qui ne représentent que 6 % des femmes vaccinées, une légère hausse du risque de naissance prématurée n’est pas à exclure. Si un lien de causalité avec la vaccination ne peut être établi à partir de cette étude, cette tendance, déjà rapportée dans de précédentes études, fait déjà l’objet d’un suivi renforcé. Ces données viennent confirmer les résultats des essais cliniques sur la sécurité du vaccin Abrysvo pendant la grossesse en conditions réelles d’utilisation et soutiennent les recommandations en vigueur qui préconisent une vaccination entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée.

ANSM https://ansm.sante.fr/actualites/vaccination-contre-le-vrs-pendant-la-grossesse-...

Une IA qui détecte la maladie d’Alzheimer des années avant
Lundi, 08/12/2025 - 19:48

Des chercheurs de la Mayo Clinic ont développé un nouvel outil capable d’estimer le risque de développer la maladie d’Alzheimer bien avant l’apparition des premiers symptômes. Grâce à des décennies de données sur la santé cérébrale, cet “Alzheimer’s risk calculator” (calculateur de risque d'Alzheimer) pourrait aider à identifier les personnes les plus à risque et à intervenir plus tôt. L’étude s’appuie sur des décennies de données issues de la Mayo Clinic Study of Aging, l’une des plus complètes études sur la santé cérébrale à l’échelle d’une population.

Les scientifiques de la Mayo Clinic ont analysé les données de 5 858 participants, en combinant plusieurs facteurs : l’âge, le sexe, le patrimoine génétique et la présence de plaques amyloïdes détectées dans le cerveau par scanner. Ces éléments permettent de calculer la probabilité pour une personne de développer des troubles cognitifs ou une démence dans les 10 prochaines années, voire sur toute sa vie. Parmi tous les facteurs étudiés, le niveau de plaques amyloïdes, des amas de protéines qui s’accumulent dans le cerveau et perturbent le fonctionnement des neurones, s’est révélé le plus prédictif.

L’étude montre notamment que les femmes et les personnes portant une variante génétique particulière, appelée APOE, ont un risque plus élevé de souffrir de troubles de la mémoire ou d’une forme légère de déficit cognitif, souvent une étape intermédiaire avant la démence. Un calcul personnalisé pour prédire le risque de déclin cognitif, comme on utilise le cholestérol pour prédire un infarctus « Nous cherchons à intervenir encore plus tôt, avant même l'apparition des symptômes, afin de déterminer si nous pouvons prédire qui est le plus susceptible de développer des troubles cognitifs à l'avenir », explique le Docteur Clifford Jack, radiologue et auteur principal de l’étude. Selon les chercheurs, cet outil pourrait, à terme, aider les patients et leurs médecins à décider du moment pour commencer un traitement ou pour adopter des changements de mode de vie visant à retarder l’apparition des symptômes. 

Mayo Clinic : https://newsnetwork.mayoclinic.org/discussion/mayo-clinic-scientists-create-tool...

Les incroyables capacités cognitives du bourdon...
Lundi, 08/12/2025 - 18:03

Des chercheurs de l’Université Queen Mary de Londres ont montré que le bourdon, cet insecte pollinisateur dont le cerveau, pas plus gros qu’une graine de sésame, abrite moins d’un million de neurones, peut apprendre à distinguer des durées de clignotement lumineux. Autrement dit, comprendre les bases du code Morse. Alex Davidson, doctorant à l’École des sciences biologiques et comportementales, et son équipe, ont élaboré un protocole d’apprentissage ingénieux pour tester les capacités temporelles des bourdons. Le principe reposait sur une motivation universelle dans le règne animal : la nourriture. Les chercheurs ont placé les insectes dans une chambre expérimentale contenant deux cercles lumineux clignotants, l’un rapidement, l’autre lentement.

Sous le premier cercle se trouvait une solution sucrée, friandise irrésistible pour ces butineurs. Sous le second, de la quinine, une substance au goût particulièrement désagréable pour les abeilles. L’objectif était simple : les bourdons allaient-ils établir un lien entre la fréquence de clignotement et la récompense ou la punition qui l’accompagnait ? Une fois cette phase d’apprentissage terminée, les scientifiques sont passés à l’étape décisive. Ils ont reproduit le même dispositif, mais cette fois avec uniquement de l’eau ordinaire sous les deux cercles. Plus de sucre pour les attirer, plus de quinine pour les repousser. La question devenait alors fascinante : privés de ces indices gustatifs, les bourdons se fieraient-ils uniquement aux signaux lumineux pour faire leur choix ?

Les résultats ont dépassé les espérances des chercheurs. Plus de 80 pour cent des bourdons testés ont continué à sélectionner avec une précision remarquable la durée de clignotement associée à la récompense sucrée, même en l’absence de celle-ci. Cette performance devient d’autant plus stupéfiante lorsqu’on considère que ces insectes ne rencontrent jamais de stimuli lumineux artificiels dans leur environnement naturel. Les bourdons évoluent dans un monde de fleurs, de nectar et de rayons solaires naturels. Rien dans leur quotidien ne les prépare à décoder des signaux lumineux clignotants. Pourtant, leur cerveau microscopique a démontré une plasticité cognitive suffisante pour maîtriser cette tâche totalement artificielle en un temps remarquablement court.

Cette recherche constitue la preuve qu’il est possible de résoudre des tâches cognitives complexes avec un substrat neuronal minimal. Une révélation qui pourrait révolutionner notre approche de l’intelligence artificielle. Les ingénieurs qui conçoivent des réseaux de neurones artificiels cherchent constamment à améliorer l’efficacité de leurs systèmes. Les découvertes sur les bourdons suggèrent qu’il n’est pas nécessaire de multiplier indéfiniment les couches et les connexions pour obtenir des performances remarquables. La nature a développé des solutions élégantes et économes en ressources que nous pourrions imiter. Selon cette étude, cette capacité d’encoder et de traiter la durée pourrait être une propriété intrinsèque du système nerveux lui-même, inhérente au fonctionnement même des neurones. Si cette théorie se confirme, cela signifierait que même les organismes dotés des cerveaux les plus rudimentaires possèdent naturellement une forme de perception temporelle.

The Royal Society Publishing : https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsbl.2025.0440

Les choix alimentaires auraient un impact majeur sur la santé cognitive et cérébrale
Lundi, 08/12/2025 - 18:02

Des scientifiques de l'Université de l'Illinois et de l'Université du Nebraska-Lincoln ont mis en lumière la relation entre notre alimentation et la préservation de nos fonctions cognitives. Cette recherche, basée sur l'analyse d'une centaine de personnes âgées, révèle comment certains nutriments clés peuvent contribuer à ralentir le processus de vieillissement cérébral. L'étude américaine s'est distinguée par sa méthodologie rigoureuse. Plutôt que de se fier aux déclarations des participants sur leurs habitudes alimentaires, les chercheurs ont analysé des échantillons sanguins pour identifier précisément les biomarqueurs nutritionnels présents. Cette approche objective a permis d'établir des corrélations fiables entre certains nutriments et la santé cérébrale.

Le neuroscientifique Aron Barbey, chercheur principal, explique : « Nous avons étudié des biomarqueurs nutritionnels spécifiques, comme les profils d'acides gras, reconnus en science nutritionnelle pour leurs potentiels bienfaits sur la santé ». Ces découvertes corroborent l'important corpus de recherches démontrant les effets positifs du régime méditerranéen sur notre organisme.

Les scientifiques ont identifié plusieurs nutriments particulièrement bénéfiques : les acides gras oméga-3, présents dans les poissons gras et l'huile d'olive ; la vitamine E, un antioxydant abondant dans les épinards et les amandes ; les caroténoïdes , pigments végétaux trouvés dans les carottes et le potiron ; la choline, concentrée dans les jaunes d'œufs et certaines viandes.

L'équipe de recherche a identifié deux profils distincts de vieillissement cérébral parmi les participants âgés de 65 à 75 ans. Le vieillissement plus lent était clairement associé à une consommation de nutriments similaires à ceux du régime méditerranéen. Cette observation suggère qu'adopter certains modèles alimentaires pourrait influencer significativement la trajectoire du vieillissement cognitif. Pour évaluer l'état du cerveau des participants, les chercheurs ont combiné deux méthodes complémentaires : des IRM cérébrales et des évaluations cognitives. Cette double approche a permis d'obtenir une vision complète incluant à la fois l'agilité mentale pratique et les configurations neuronales plus subtiles. Comme l'explique Barbey : « Cette méthode nous permet de construire une compréhension plus robuste de la relation entre ces facteurs. Nous examinons simultanément la structure, la fonction et le métabolisme du cerveau, démontrant un lien direct entre ces propriétés cérébrales et les capacités cognitives ».

Nature : https://www.nature.com/articles/s41514-024-00150-8

Cancer de la prostate : une avancée majeure pour prendre en charge les résistances aux traitements
Lundi, 08/12/2025 - 18:00

Une étude internationale coordonnée par les Professeurs Selth (université Flinders en Australie) et Xie (université de Chine méridionale) a découvert que le cancer de la prostate dépend de deux enzymes clés, PDIA1 et PDIA5, pour survivre et résister aux traitements. Le blocage de ces enzymes entraîne l'effondrement du récepteur des androgènes, ce qui détruit les cellules cancéreuses et potentialise l'effet de médicaments comme l'enzalutamide. Ces enzymes perturbent également le système énergétique du cancer, l'attaquant sur plusieurs fronts. Des scientifiques ont identifié une faille majeure dans les cellules cancéreuses de la prostate en découvrant deux enzymes, PDIA1 et PDIA5, qui permettent à la maladie de survivre et de résister au traitement. Le blocage de ces enzymes déstabilise le récepteur des androgènes, principal moteur du cancer de la prostate, entraînant une réduction de la tumeur et la mort cellulaire. 

Selon les chercheurs, PDIA1 et PDIA5 agissent comme des protecteurs moléculaires du récepteur des androgènes (RA), une protéine qui stimule la croissance du cancer de la prostate. Lorsque ces enzymes sont bloquées, le RA perd de sa stabilité et se désagrège, entraînant la mort des cellules cancéreuses et la réduction des tumeurs, aussi bien in vitro que chez les animaux.

L'équipe a également découvert que l'association de médicaments inhibant PDIA1 et PDIA5 avec l'enzalutamide, un médicament standard contre le cancer de la prostate, rendait le traitement nettement plus efficace. « Nous avons découvert un mécanisme jusqu'alors inconnu que les cellules cancéreuses de la prostate utilisent pour protéger le récepteur des androgènes, qui est un facteur clé de la maladie », explique le professeur Luke Selth, auteur principal de l'étude, responsable de la recherche sur le cancer de la prostate et codirecteur du programme Cancer Impact du Flinders Health and Medical Research Institute. « En ciblant ces enzymes, nous pouvons déstabiliser le récepteur des androgènes et rendre les tumeurs plus vulnérables aux thérapies existantes comme l'enzalutamide ».

« Il s’agit d’une avancée majeure », déclare le Docteur Xie, actuellement en poste à l’Université de technologie de Chine méridionale. « Nos résultats montrent que PDIA1 et PDIA5 ne sont pas seulement des facteurs favorisant la croissance tumorale, mais aussi des cibles prometteuses pour de nouveaux traitements qui pourraient être utilisés en association avec des médicaments existants ». L'étude a également révélé que PDIA1 et PDIA5 ne se contentent pas de protéger le récepteur des androgènes. Elles aident les cellules cancéreuses à gérer le stress et à maintenir leurs systèmes de production d'énergie. Lorsque ces enzymes sont bloquées, les mitochondries – les centrales énergétiques des cellules – sont endommagées, ce qui entraîne un stress oxydatif qui affaiblit davantage les cellules cancéreuses.

Le cancer de la prostate est le deuxième cancer le plus fréquent chez l'homme dans le monde. Malgré l'amélioration considérable des taux de survie grâce à des traitements comme l'hormonothérapie et les thérapies ciblant le récepteur des androgènes, la résistance à ces thérapies demeure un défi majeur. Cette nouvelle découverte pourrait permettre de surmonter cette résistance et d'améliorer les options thérapeutiques pour les hommes atteints d'un cancer de la prostate avancé.

Flinders : https://news.flinders.edu.au/blog/2025/10/15/new-way-to-weaken-cancer-cells-coul...

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