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Moderna espère un vaccin contre le cancer de la peau à l’horizon 2025

La firme Moderna vient de publier de nouveaux résultats positifs montrant l'efficacité de son vaccin à ARN contre le mélanome. Ils ont montré, sur trois ans, une réduction du risque de rechute ou de décès des patients à qui le sérum a été injecté, en parallèle d’un traitement anticancéreux. « On pense que le produit, dans certains pays, pourrait potentiellement être lancé sous une approbation accélérée à l’horizon 2025 », avance Stéphane Bancel.

Dans le détail, l’essai a été mené sur environ 160 personnes atteintes d’un mélanome de stade avancé. Ils se sont vus administrer le vaccin en même temps qu’un médicament anticancéreux (le Keytruda, commercialisé par Merck). Sur trois ans, le traitement a permis de réduire de 49 % le risque de réapparition du cancer ou de décès, comparé aux patients uniquement traités avec l’anticancéreux. Moderna avait déjà annoncé l’année dernière les résultats de suivi sur deux ans, avec une réduction de 44 % des risques. Le traitement fonctionne pour « une personne sur deux » par rapport à celles ayant seulement reçu le médicament anti-cancéreux, souligne encore Stéphane Bancel.

Le patron de Moderna estime ces données suffisamment encourageantes pour permettre un lancement du traitement sans attendre les résultats d’un essai de phase 3 - à plus grande échelle, ultime étape avant une autorisation de mise sur le marché. Cet essai a été démarré en juillet sur plus de 1 000 personnes ; le recrutement devrait être terminé « dans la seconde moitié de 2024 ». « A ce moment-là, on pourra commencer à avoir des discussions avec les agences réglementaires sur une accélération de l’approbation conditionnelle du produit », précise Stéphane Bancel. La condition pour confirmer l’autorisation étant ensuite « un succès de la phase 3, qui confirmerait les données qu’on voit aujourd’hui ».

A noter que le vaccin utilisé ici est dit "thérapeutique". Si son principe est identique à celui d’un vaccin classique, à savoir apprendre au système immunitaire à se défendre, il agit différemment : il ne vise pas à empêcher le développement de la maladie, mais la traiter une fois apparue. Le sérum est aussi "personnalisé". Plus précisément, il est adapté à chaque patient, à partir des mutations lues dans l’ADN de sa tumeur (retirée lors d’une opération avant la prise du traitement). Pour ce faire, le laboratoire utilise la technique de l’ARN messager, surtout connue par le grand public depuis les vaccins contre le Covid.

Ce vaccin suscite un engouement au-delà du laboratoire. Il a déjà été estampillé "thérapie innovante" par l’Agence américaine des médicaments (FDA), statut qui permet d’accélérer son développement. Décision similaire pour l’Agence européenne des médicaments, avec la désignation "Priority Medicines" (médicaments prioritaires). Il faut dire que ce produit promet de traiter l’une des formes les plus graves de cancer de la peau. En 2020, environ 325 000 nouveaux cas de mélanome ont été diagnostiqués dans le monde, et 57 000 personnes en sont mortes – dont près de 2000 en France – selon une récente étude du Centre international de recherche sur le Cancer (CIRC).

Pour préparer la commercialisation de son produit, Moderna est en train de construire une usine dans le Massachusetts dédiée à ces traitements individualisés contre le cancer. La compagnie travaille aussi sur d’autres types de tumeur : elle a annoncé démarrer un essai de phase 3 sur un produit contre le cancer du poumon. Moderna n’est d’ailleurs pas la seule firme pharmaceutique à expérimenter les vaccins thérapeutiques contre le cancer : BioNTech est lui-même en train d’en développer un, contre le cancer du pancréas. Les premiers résultats, prometteurs, ont été publiés en mai dernier par des chercheurs américains dans la revue Nature.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

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