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Des messages invisibles dans un papier réinscriptible

Des chercheurs chinois ont mis au point un revêtement de papier réinscriptible qui permet de crypter des informations secrètes. Ils utilisent notamment une encre invisible à base d'eau. « La sécurité de l’information est un sujet qui préoccupe beaucoup de personnes, surtout dans les domaines économique et militaire. Par conséquent, le but principal de notre travail est de fournir une solution sûre et pratique », explique Qiang Zhao, de l’Institut des matériaux avancés (Laboratory for Organic Electronics and Information Displays & Jiangsu Key Laboratory for Biosensor).

Il existe en effet une demande croissante pour la sécurité des documents papier, car il reste encore le support le plus répandu pour le stockage de l’information. L’une des approches les plus populaires pour l’enregistrement des données de sécurité sur papier consiste à utiliser des encres de sécurité fluorescentes dont les informations ou motifs imprimés ne sont visibles que sous la lumière UV. Mais la plupart des encres de sécurité fluorescentes largement utilisées ont une faible complexité et une grande prévisibilité, de sorte que les informations enregistrées peuvent être facilement « déchiffrées ».

Développé par Qiang Zhao, Yun Ma, Wei Huang et des collègues, ce procédé ingénieux a été présenté en septembre dernier dans la revue Matter. Leur méthode d’impression sécurisée et réinscriptible s’appuie sur les réactions photoluminescentes (phénomène d’émission de lumière suite à la réaction d’un matériau photoluminescent sujet à une « excitation » par exposition à un rayonnement optique ultraviolet, visible ou infra rouge) du manganèse dans l’eau. Les complexes ioniques luminescents de Mn (II) sont des « candidats idéaux pour une application en impression de sécurité », selon les scientifiques chinois.

Ils ont enduit un film polymère contenant les complexes ioniques de Mn (II) sur du papier filtre où les informations confidentielles peuvent être imprimées à plusieurs reprises en utilisant de l’eau pure comme encre, ce qui peut détruire la coordination ionique des complexes.

Mais on peut le lire sous une lumière UV de courte longueur d’onde (254 nm). Mieux, le papier peut être réutilisé (pour au moins 30 cycles selon ses inventeurs) après avoir effacé le message en le chauffant avec un sèche-cheveux pendant 15 à 30 secondes !

Cette solution présente plusieurs avantages. Premièrement, son faible coût. Les Chinois l’estiment à 0,002 dollar. Mais surtout, « la plupart des encres de sécurité fluorescentes sur le marché – utilisées pour enregistrer des informations confidentielles – ne sont pas respectueuses de l’environnement et ne peuvent pas être effacées », précise cette équipe.

D’autres pistes sont envisagées, car la lumière UV de courte longueur d’onde est potentiellement nocive pour l’homme. Les chercheurs chinois travaillent à trouver une solution capable de réagir à la lumière visible ou proche de l’infrarouge. Par ailleurs, Zhao et ses collègues ont également développé une impression de sécurité de haut niveau. Les chercheurs enduisent le papier de ligands à phosphine. Il s’agit de molécules qui peuvent s’accrocher au manganèse dans l’encre en solution saline d’halogénure de manganèse pour créer le complexe manganèse.

Les informations enregistrées sont invisibles à la fois sous la lumière ambiante et sous la lumière UV. Les données ne seront révélées que lorsqu’elles seront analysées par une technique d’imagerie à durée de vie par photoluminescence (Phosphorescence Lifetime Imaging-PLIM), ce qui les protégera des méthodes classiques de décryptage.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Techniques de l'Ingénieur

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