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Maladie de Creutzfeldt-Jakob : l'hypothèse de la transmission par voie sanguine de plus en plus probable

Deux études publiées le 7 février dans la revue médicale Lancet montrent que le risque de transmission par voie sanguine de la nouvelle forme de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (nMCJ) est bien réel et mettent l'accent sur l'impact sanitaire que pourrait avoir ce scénario-catastrophe.La première étude, suggère, selon son auteur principal, Corinne Lasmézas, directrice du laboratoire de pathogénèse des prions au Commissariat à l'Energie Atomique (CEA), que les risques de transmission de la maladie liés à des endoscopies "pourraient actuellement être sous-estimés alors qu'ils posent les mêmes problèmes et imposent les mêmes précautions que les transfusions ou les actes chirurgicaux.

La seconde étude, dirigée par le Pr Pr Robert Will, qui dirige l'unité nationale de surveillance de la MCJ à Edimbourg, précise le risque de contamination par transfusion sanguine. Les travaux de l'équipe du CEA, menés sur des macaques - des animaux très proches de l'homme - visaient à évaluer la transmissibilité de l'agent infectieux par voie intra-veineuse et à étudier sa distribution dans les organes par rapport à la contamination par voie orale. Au final, les primates infectés par voie intra-veineuse avec des injections de prion anormal n'ont pas survécu plus longtemps que ceux qui, dans des expériences antérieures, avaient été volontairement infectés par des tissus contaminants directement injectés dans le cerveau. "Cette observation met en évidence que la contamination par voie intra-veineuse est aussi efficace que la voie intra-cérébrale", a indiqué à l'AFP Corinne Lasmézas.

La seconde partie de cette étude montre que la répartition de l'agent infectieux dans les organes est la même par voie intra-veineuse que par voie orale : l'agent infectieux est retrouvé dans la rate, les ganglions, les amygdales, l'intestin et les nerfs périphériques. "Cette présence est particulièrement importante quand on considère le nombre d'interventions médicales concernant ces organes et l'étendue du système nerveux périphérique", relève la chercheuse. Pour prévenir la transmission de la maladie, plusieurs mesures ont été prises par les autorités sanitaires françaises : décontamination des instruments chirurgicaux utilisés lors d'interventions sur le cerveau, retrait des globules blancs - les plus dangereux - des dons de sang et traitement des médicaments à base de sang (destinés notamment aux hémophiles), pour diminuer leur charge infectieuse.

Les travaux du Pr Will ont consisté à croiser les registres des donneurs de sang avec celui des personnes atteintes de la nouvelle forme de MCJ. Les chercheurs ont ainsi identifié 48 personnes ayant reçu des produits sanguins provenant de 15 donneurs qui ont par la suite développé la maladie. La mort de l'un de receveurs avait été annoncée en décembre dernier par le gouvernement britannique. Selon le Pr Will, ce malade de 69 ans avait développé les symptômes de la nMCJ six ans et demi après avoir reçu la transfusion. Le donneur de sang, sans symptômes à l'époque, est tombé malade trois ans et demi plus tard. "Nos observations suggèrent que les maladies à prions sont transmissibles par le sang et soulèvent la possibilité d'une transmission par voie transfusionnelle", estime le Pr Will. La Grande-Bretagne est le pays où le nombre de décès (137) liés au nouveau variant de la MCJ est le plus élevé suivie par la France (6), le Canada, l'Italie, les Etats-Unis et l'Irlande avec un mort chacun.

Lancet :

http://www.thelancet.com/journal/vol363/iss9407/full/llan.363.9407.talking_points

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