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La maison en bois pied au plancher

Dans les villes françaises, la pierre et le béton règnent aujourd'hui en maître. Demain, le bois pourrait concurrencer le parpaing.

On les aperçoit quelquefois, au détour d'une ruelle, ou cachées au fond d'une cour. Avec leur couleur brune et leur architecture souvent atypique, les maisons en bois commencent à faire leur apparition dans les centres des villes. Y compris à Paris. Et d'aucuns en sont persuadés : la construction bois devrait être l'une des grandes tendances de l'avenir.

Certes, la présence du bois dans les métropoles reste encore timide, et pour cause : qu'elles soient en bois ou en parpaings, les quelque 200.000 maisons individuelles neuves qui se construisent chaque année dans l'hexagone se trouvent, de toutes façons, essentiellement à la campagne ou dans les périphéries urbaines.

Mais là aussi, le bois commence à avoir droit de cité. Selon Loic de Saint Quentin, secrétaire général de l'association française des constructeurs bois (Afcobois), les maisons bois représenteront en 2011 10 % des nouvelles constructions individuelles. Soit quelque 20.000 nouvelles maisons. Un chiffre qui plafonnait, il y a quelques années, à 5.000.

Mais le bois séduit aussi de plus en plus de constructions collectives : des maisons de retraites aux gymnases, des collèges aux salles de fêtes… Même l'habitat collectif de petite hauteur (deux ou trois, voire quatre niveaux) peut désormais se construire en bois. Car le matériau est tendance. «Il bénéficie  indéniablement de l'effet “Grenelle”», analyse Patrick Molinié, responsable bâtiment au FCBA (Institut Technologique Forêt, Cellulose, Bois, Ameublement). C'est un matériau naturel, renouvelable, surtout s'il est issu de forêts en croissance comme les forêts françaises ou d'Europe du Nord.

  • L'exemple du Grand Nord

Mais surtout, le bois est adapté aux nouveaux impératifs d'une construction moins émettrice de gaz à effet de serre : bien sûr, il affiche un bilan carbone particulièrement flatteur – le bois absorbe du gaz carbonique lorsqu'il pousse, et ne le libère qu'en toute fin de vie- et  même une fois scié, tronçonné et transporté, il a en général provoqué bien moins d'émissions de CO2 que bien d'autres matériaux de construction.

Mais ce n'est pas tout. Les méthodes de construction en bois rendent quasiment naturelle la pose d'une isolation thermique efficace. Explications de Patrick Molinié : «Quand on construit en parpaing, isoler oblige à ajouter des couches d'isolants, à l'extérieur ou à l'intérieur. Dans une maison à ossature bois, où l'on installe un montant tous les 60 cm environ, il faut remplir cette ossature. L'isolation s'insère donc naturellement dans la paroi, sans nécessiter de volume supplémentaire».

Ceux qui en douteraient peuvent passer une semaine de blizzard dans une maison canadienne ou finlandaise : dans les contrées nordiques, où l'on sait se protéger du froid, la maison en bois règne en maître. Elle semble pourtant bien légère lorsqu'on la voit s'élever sur une simple couche de béton, voire sur un gros rocher, où elle ne paraît qu'arrimée ! Mais en matière de construction comme d'habillement, l'apparence est parfois trompeuse. Avantage de la légèreté de la construction: il arrive (rarement cependant, c'est vrai!) que l'on croise une maison en bois en plein déménagement, suivant son propriétaire dans ses pérégrinations.

Aujourd'hui, la maison en bois apparaît du coup comme un choix privilégié des futurs propriétaires en quête d'un logement au label BBC-effinergie®, garantissant une basse consommation d'énergie. Non que l'habitat en pierre ou en parpaings soit incapable d'afficher des performances similaires, bien au contraire. Simplement, le bois était prêt avant, bénéficiant de son expérience en la matière.  En 2010, 75 % des maisons bois construites par Maisons Nature et Bois (filiale du breton Trecobat) bénéficiaient ce label.

  • La différence de prix s'amenuise

Autre avantage environnemental : une maison bois est construite en usine, préfabriquée. Le chantier ne sert qu'à l'assembler, une opération réalisée en quelques jours, souvent moins d'une semaine. Certains se sont même amusés à l'ériger en une seule journée ! «Or, note Loic de Saint Quentin, le transport quotidien des ouvriers et de leurs machines représente souvent le poste le plus important dans le bilan carbone d'un chantier». Les (éventuels) riverains aussi apprécient, qui évitent de cohabiter pendant plusieurs mois avec les bruits et nuisances du chantier. Marteaux piqueurs et bétonnières ne font ici qu'un passage éclair.

Certes, la maison bois coûte encore plus cher. Elle revient en moyenne à 1.500 euros du mètre carré soit 20 % environ de plus qu'une maison «de maçon».  A performance thermique égale, cependant – label BBC-effinergie®—, l'écart de prix tend à disparaître. Or, à partir du 1er janvier 2013, toutes les nouvelles maisons construites devront afficher des performances thermiques au même niveau que ce label. Le bois deviendra donc relativement plus abordable.

Reste que la filière construction française n'est pas encore prête : architectes, maîtres d'oeuvres, artisans, tous ont été plus formés au béton qu'au bois. Mais même les premiers concernés ont du pain sur la planche : car si la forêt française regorge de bois, les constructeurs de maison sont bien souvent contraints de l'importer d'Allemagne et des pays scandinaves. Parfois même, les grumes hexagonales sont transformées à l'étranger. Après l'énergie, le bois (qui inclut aussi l'ameublement par exemple) est du reste l'un des principaux déficits de balance commerciale française (environ 6 milliards d'euros de déficit).

La ville en bois de demain cherche donc …. ses industriels du bois !

Slate

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  • J.T.

    27/02/2017

    Vous ne soulignez pas un empêchement, sinon une contrainte à la maison en bois : toutes les régions trop chaudes où règnent les TERMITES en France, régions qui vont s'étendre avec le changement climatique.
    - http://www.termites-info.com/html/termites-france.html

    La parade étant de mettre la maison sur pilotis même bas (pouvoir passer sous elle au moins allongé) et que chaque poteau support soit posé sur un plot en béton comportant une rigole tout autour assez large pour empêcher les thermites de franchir l'espace pour atteindre le bois par barrage d'eau + insecticide...

    Plusieurs méthodes existent pour s'en débarrasser :
    - http://fr.wikihow.com/se-d%C3%A9barrasser-des-termites

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