RTFlash

L'ordinateur, talon d'Achille, pour la sécurité de l'administration américaine

Un directeur de la CIA qui consultait chez lui des documents secrets sur un ordinateur à risque, un savant nucléaire qui en faisait de même, des consoles portables qui disparaissent du département d'Etat: plusieurs affaires récentes ont exposé au grand jour de graves lacunes dans l'administration américaine en matière de sécurité. Chacun de ces scandales a un dénominateur commun: l'ordinateur de tous les jours. Les meilleurs esprits aux Etats-Unis ont beau se concentrer sur les nouvelles menaces posées par la cybernétique, c'est bien le tout venant de l'âge moderne de l'information - disquettes, ordinateurs portables, connexion à l'internet - qui ont récemment permis d'importantes brèches de sécurité au sein de l'administration américaine. Ainsi, lorsqu'une console portable a disparu en janvier d'une salle de conférence en principe sécurisée du département d'Etat, ses responsables ont subi un choc: elle contenait des informations hautement confidentielles liées à la prolifération des missiles et aux armes de destruction massive. Selon John Pike, un expert du renseignement, membre de la Fédération des scientifiques américains, "c'est un accident qui devait arriver un jour". "Il est simplement inconcevable que quelqu'un ait pu transcrire des informations aussi sensibles - classées comme ultra-confidentielles - sur une console portable", estime-t-il. "Les portables sont faits pour être perdus ou volés", ajoute-t-il. Une autre affaire, concernant un scientifique d'origine taiwanaise, Wen Ho Lee, travaillant au laboratoire nucléaire de Los Alamos (Nouveau Mexique, sud-ouest) et accusé d'avoir transféré des secrets nucléaires sur des ordinateurs non protégés, avait déjà, l'année dernière, révélé la vulnérabilité des Etats-Unis. Le problème, estiment des experts, vient de la révolution de l'information, qui a bouleversé le traitement et l'archivage des données et créé une véritable culture d'accès instantané, venant se heurter aux procédures fastidieuses liées à la conservation des secrets de l'Etat. "Le système dans son ensemble - la manière dont les documents sont répertoriés, classés, signés et conservés - a été conçu pour le papier", indique John Pike, en soulignant le caractère "dépassé" de ces classifications. Le recours massif aux ordinateurs devrait inciter les gardiens de ces secrets à examiner plus attentivement les nouvelles implications de sécurité, renchérit Daniel Goure, du Centre d'études internationales et stratégiques. Les autorités fédérales ont ouvert une enquête concernant l'ancien directeur de la CIA John Deutch (mai 1995 à décembre 1996), pour déterminer s'il a mis en cause la sécurité nationale en conservant de nombreux documents confidentiels sur des ordinateurs personnels, à la centrale de renseignements, et chez lui. Selon un rapport de la CIA en février, dans ces documents figuraient des notes ultra-confidentielles au président Bill Clinton, ainsi que des détails d'opérations clandestines et de tournées à l'étranger de Deutch. Alors que les espions transféraient autrefois vers leur base un seul document à la fois, ils peuvent maintenant procéder à cette opération instantanément pour d'importantes quantités de données, relève par ailleurs M. Goure. "Cette possibilité de transférer des secrets en grande quantité n'a rien du caractère romantique des méthodes du passé, avec les micros et caméras. Cela enlève beaucoup d'épice à l'activité d'espionnage car, évidemment, tout le monde peut le faire", précise M. Pike.

http://fr.news.yahoo.com/000514/32/dxe7.html

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top