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L'Espagne parie sur l'hydrogène

Le bus de la ligne 44 file sur l'avenue du centre de Madrid. Rien ne le différencie des autres autobus de la capitale espagnole, sinon sa couleur mauve au lieu du rouge réglementaire. Un léger nuage blanc file du pot d'échappement en hauteur: de la vapeur d'eau. Mais personne n'y prête attention. Pas plus qu'aux inscriptions sur ses flancs: «Ce bus se déplace à l'hydrogène» et «pollution zéro». «Notre succès, c'est de passer inaperçu. Depuis la mise en fonctionnement, en mai dernier, nous avons embarqué plus de 20 000 passagers sans le moindre incident», affirme Arturo Martinez, responsable du développement d'EMT, la société de transports publics madrilènes. Malgré leur discrétion, les trois bus à hydrogène en service à Madrid, une première mondiale, annoncent une véritable révolution: l'apparition de l'énergie à l'hydrogène, qui, à terme, pourrait bien annoncer la fin de l'hégémonie du pétrole dans le domaine des transports. Au bout du chemin se dessine la voiture grand public circulant à l'hydrogène, à l'horizon 2020. Véhicules Daimler-Chrysler, hydrogène Air Liquide, fonds européens et passagers espagnols, l'expérience madrilène est partie prenante du projet européen d'expérimentation de transport collectif à l'hydrogène Cute (Clean Urban Transportation for Europe) en chantier dans dix villes de l'Union. L'autre programme développé en parallèle, Citycell, prévu dans quatre métropoles, dont Paris notamment, n'est pas encore opérationnel. Mais, en attendant, chez Air Liquide, on ne cache pas la satisfaction de voir enfin l'hydrogène en marche à Madrid: «Nous maîtrisons la technologie, à nous maintenant d'en faire un produit sûr et accessible pour le grand public», explique Daniel Deloche, directeur aéronautique, spatial et technologies avancées. Car les handicaps de l'hydrogène restent son stockage délicat et les coûts qui en découlent. Quant aux clients, les transports madrilènes pointent les limites de l'expérience: l'autonomie des véhicules limitée à 150 km (au lieu de 250 pour les autobus conventionnels), avant d'aller se ravitailler à la «station-service hydrogène», ne permet pas un service complet des véhicules, multiplie ses coûts de fonctionnement par trois et ne fait pas de l'hydrogène un outil rentable dans l'immédiat. Mais, nul n'en doute, ce carburant «propre» qui échappe à la carte géopolitique des ressources pétrolières est un excellent candidat à l'énergie du futur.

Express :

http://www.lexpress.fr/express/info/sciences/dossier/essenceus/dossier.asp?nom=

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