RTFlash

Matière

L'air chaud du métro, nouvelle source de chauffage

L'air chaud du métro pourrait bientôt servir à chauffer votre appartement. Paris Habitat-OPH, premier bailleur social public européen avec un parc de 120 000 logements, étudie cette source inédite d'énergie pour un de ses immeubles parisiens.

Puiser la chaleur du sous-sol pour tiédir les bâtiments en surface, la technique n'est pas encore généralisée, mais elle est connue : c'est le principe de la géothermie. Toutefois, c'est une tout autre piste qu'explore Paris Habitat-OPH, comme d'autres opérateurs et collectivités.

Elle consiste, en complément aux énergies renouvelables, à exploiter une partie de la colossale quantité de chaleur qui s'échappe des réseaux enterrés par l'homme.

Tout commence rue Beaubourg, où Paris Habitat-OPH doit rénover lourdement un ancien immeuble de bureaux pour y créer une vingtaine de logements. Les techniciens découvrent, en inspectant les caves, un escalier débouchant directement... sur les rails de la ligne 11 du métro.

Le froid descend rarement dans ces tunnels d'une grande inertie thermique, chauffés par les moteurs des rames, l'éclairage et la foule compacte. Puisqu'un escalier connecte déjà le sous-sol et le bâtiment, il suffirait d'y installer une pompe à chaleur pour récupérer les calories de l'air du métro et préchauffer l'eau du système de chauffage de l'immeuble. Puis de rejeter de l'air froid dans le tunnel.

Le système permettrait, selon les premières estimations, d'économiser 15 kWh/m2/an. Pas négligeable, quand l'office vise une consommation d'énergie de 80 kWh/m2/an, une performance pour du bâti ancien. "Nous nous sommes engagés à accompagner le plan climat de la Ville de Paris, qui vise à réduire les émissions de CO2 de 30 % d'ici à 2020 par rapport au niveau de 2004. Pour y parvenir, on doit faire feu de tout bois", explique le directeur de l'économie et du développement durable de Paris Habitat-OPH.

L'énergie du métro, de faible puissance, ne serait toutefois qu'un complément au réseau classique de chauffage urbain. Et l'essentiel de la performance du bâtiment sera fourni par l'isolation de ses façades. Surtout, d'importantes questions restent à résoudre tant du point de vue du bailleur que de celui de la RATP : comment s'assurer que l'air vicié du métro ne monte pas dans les appartements ? Comment garantir l'étanchéité entre les tunnels et le bâtiment en cas d'incendie dans l'un des deux ?

Si la piste du métro se termine en cul-de-sac, d'autres voies existent. Le métro n'est qu'une des sources de chaleur qui serpentent sous les pavés urbains. Egouts, canalisations d'eau chaude, évacuation des eaux de lavage, conduites de gaz... "Le sous-sol est un vrai gruyère, il y a un potentiel énorme", juge M. Tual. Récupérer toute cette chaleur perdue pour irriguer les bâtiments sera un enjeu fort des années à venir.

Paris Habitat-OPH mène ainsi plusieurs projets de préchauffage de l'eau chaude sanitaire de ses appartements par les calories récupérées sur les eaux grises (évacuation des lavabos, des douches...), qui sort à une température moyenne de 20°C à 25°C. Une technique déjà mise en oeuvre par un autre bailleur social, La Sablière.

LM

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top