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Innovation dans les services mobiles : l'Europe à la traîne

Dès la fin des années 1990, l'Internet mobile existait au Japon. Au contraire de l'Europe où les opérateurs ont privilégié la consommation de masse et la croissance de leurs revenus.

Les données mobiles à bas prix depuis dix ans, la télévision sur smartphone depuis cinq ans, le NFC, l’invention du standard technologique de la 4G, la 5G déjà en test… Le Japon est le pays de l’innovation mobile, faisant ressortir à contrario le faible dynamisme européen. Voilà le constat fait par une équipe de l’Institut de la Technologie de Karlsruhe dans « L’innovation dans les services mobile : un échec européen ». Le constat : les opérateurs japonais mettent sur le marché des services à un rythme plus soutenu et à des prix plus bas que leurs homologues européens. La raison ? Une concurrence acharnée, tant sur les services que sur les appareils et les technologies réseau. Les opérateurs nippons arrivent à se différencier nettement les uns des autres alors qu’en Europe, l’adoption de technologies de communication mobile unifiée tend à niveler les choses.

  • Innovation y compris dans le SMS

Les auteurs estiment aussi que les opérateurs européens ont privilégié la consommation de masse et les stratégies pour acquérir des revenus substantiels, et maximiser le ROI par abonné. Ce qui aurait freiné l’innovation et la mise à disposition de service à bas prix. Au Japon, les revenus des opérateurs ont des origines plus hétérogènes, moins dépendant des SMS et de la voix. Pour mener cette étude, les chercheurs ont mené un travail comparatif Europe-Japon et interrogé plus de 80 chercheurs, analystes, et industriels des télécoms. Ils évacuent une fausse idée selon laquelle l’appropriation des technologies et services mobile serait une question de culture : les SMS, la musique ou l’Internet mobile sont en vogue en Europe. Le facteur différenciant serait bien la concurrence. Les opérateurs japonais ont rivalisé d’innovations pour séduire les consommateurs, y compris dans le SMS. A partir du milieu des années 1990, les tarifs voix se sont mis à baisser, avec pour incidence l’arrivée de nouveaux prestataires. Ne pouvant plus se distinguer les uns des autres sur le service voix, les opérateurs ont développé d’autres services et fonctionnalités des terminaux.

  • Plus de concurrence technologique

A l’inverse, il existerait une "concurrence technologique sous-développée en Europe". L’Internet mobile n’est arrivé qu’en 2002 sans s’accompagner d’une baisse de prix des SMS. Les opérateurs européens souffrent aussi de leur dépendance à des constructeurs de terminaux. La préoccupation de ces derniers étant d’écouler un maximum d’appareils standard, les opérateurs européens n’ont pas développé de technologies réseau propriétaires pour s’épargner d’avoir à payer un surcoût induit par la fabrication de terminaux spécifiques à leurs infrastructures. Une stratégie pas forcément payante si l’on se réfère à Apple : la firme de Steve Jobs rivalise aujourd’hui d’innovation avec les Japonais tout en se basant sur des technologies propriétaires. Les conseils adressées à l’Europe : introduire plus de concurrence en matière technologique, laisser émerger de nouveaux prestataires et repenser les usages clients en sollicitant l’avis des consommateurs eux-mêmes et des actionnaires.

L'Atelier

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