Vivant
- Santé, Médecine et Sciences du Vivant
- Biologie & Biochimie
Un hydrogel très proche de la peau humaine
- Tweeter
-
-
1 avis :
Les hydrogels sont aujourd’hui utilisés et développés dans des domaines très variés (agriculture, spatial, protection anti-feu, robotique…). Constitués d’une matrice polymère capable d’incorporer une grande quantité d’eau, ce qui leur donne des propriétés mécaniques particulières, les hydrogels présentent l’avantage de pouvoir être imprimés en 3D. Cela élargit encore leur gamme d’utilisation et en fait un matériau facilement adaptable à un projet particulier.
Dans le domaine médical, les hydrogels sont actuellement couramment utilisés dans certains pansements pour favoriser une guérison rapide et prévenir les infections. Ils entrent également dans la composition de médicaments, permettant une meilleure dispersion des molécules actives dans le corps. Dans un certain sens, la peau humaine peut d’ailleurs être comparée à un hydrogel. Très riche en eau, elle possède en effet des caractéristiques (forte rigidité, flexibilité, capacité d’autoréparation) que peuvent mimer les hydrogels de synthèse, indépendamment les unes des autres toutefois. Jusqu’à présent, aucun hydrogel n’arrivait en effet à reproduire la combinaison complète de ces propriétés.
Mais une équipe de chercheurs des universités d’Aalto (Finlande) et de Bayreuth (Allemagne), annonce ainsi avoir réussi à produire pour la première fois un hydrogel présentant une structure unique permettant d’outrepasser les précédentes limitations en termes de propriétés. Pour arriver à ce résultat, des nanofeuillets d’argile ont été incorporés à l’hydrogel, dans le but de produire une structure plus ordonnée. Les polymères se retrouvent ainsi densément enchevêtrés entre les nanofeuillets d’argile, ce qui permet d’améliorer les propriétés mécaniques de l’hydrogel tout en conservant sa capacité d’autoréparation. Pour obtenir ce nouveau type d’hydrogel, les chercheurs ont mélangé une poudre de monomères avec de l’eau contenant des nanofeuillets d’argile. La polymérisation a ensuite été obtenue en plaçant le mélange sous une lampe UV. L’enchevêtrement des polymères obtenus permet ainsi d’obtenir un gel très résistant qui, si on le coupe, arrive cependant à se ressouder grâce à la forte mobilité des brins de polymères au niveau moléculaire. À peine 4 heures après avoir été coupé au couteau, cet hydrogel est ainsi réparé à près de 90 %. La reconstruction est complète au bout de 24 heures.
Une stratégie de nanoconfinement qui ouvre la voie à de nouvelles utilisations des hydrogels. En ce sens, les propriétés de ce nouveau matériau sont ainsi très semblables à celles de la peau humaine. Il pourrait présenter des applications intéressantes en médecine, en bio-ingénierie ou dans le domaine de la robotique molle (soft robotics), actuellement en pleine expansion. Une enveloppe de ce type d’hydrogel assurerait en effet une autonomie accrue à ces robots, en les protégeant de manière plus efficace, mais également en leur permettant de s’autoréparer rapidement. Ces résultats permettent donc d’entrevoir un futur où les matériaux ne seraient plus seulement fonctionnels, mais aussi adaptables et résilients, à l’image des tissus naturels.
Des tests ont, de plus, montré que ce nouveau type d’hydrogel possède d’autres propriétés, plutôt inattendues : le matériau montre en effet une capacité renforcée d’adhésion à différents substrats (verre, aluminium, cuivre ou encore écorce d’arbre). Un résultat qui serait à mettre au crédit de la stratégie de nanoconfinement utilisée pour produire cet hydrogel.
Cette stratégie pourrait d’ailleurs être appliquée à d’autres types de gels, ou permettre l’incorporation d’autres fonctionnalités, ouvrant ainsi la voie à des utilisations encore plus diversifiées. Les nanofeuillets d’argile pourraient être remplacés par d’autres nanomatériaux, comme les MXenes (une classe de composés inorganiques qui sont constitués de très fines couches de carbures, nitrures ou carbonitrures). L’étude révèle que cet hydrogel « dopé » aux MXenes présente de très intéressantes capacités de camouflage thermique ! La température de surface mesurée par une caméra infrarouge diffère ainsi de plus de 16°C par rapport à la température interne de l’hydrogel lorsqu’il est porté à 60°C. Autant de propriétés qui devraient rapidement intéresser les industriels de divers secteurs.
Nature : https://www.nature.com/articles/s41563-025-02146-5
Noter cet article :
Vous serez certainement intéressé par ces articles :
Une avancée thérapeutique majeure contre la polyarthrite rhumatoïde
Cette recherche menée par une équipe du Trinity College Dublin ouvre l’opportunité unique de diagnostiquer et de traiter de manière précoce, la polyarthrite rhumatoïde. Ces travaux, publiés dans la ...
La protonthérapie contre un cancer du sein agressif
L’équipe de Frédéric Luciano, chercheur à Institut Cancer et Vieillissement de Nice (IRCAN) vient de démontrer l’intérêt potentiel de la protonthérapie dans le traitement du cancer du sein triple ...
Vers un test sanguin par laser pour détecter en quelques minutes un cancer
Des chercheurs dirigés par Michaela Žigman, de l’Institut Max Planck d’optique quantique (Allemagne), ont démontré qu’un test sanguin innovant pouvait détecter certains cancers avec une précision ...
Recommander cet article :
- Nombre de consultations : 0
- Publié dans : Biologie & Biochimie
- Partager :