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Une grenade moléculaire à l’assaut des cancers

Conçue à partir de Thapsia garganica, la G202 est un poison activé en présence d’un antigène des cellules cancéreuses. Une grenade antitumorale dégoupillée par le cancer lui-même. Les bonnes vieilles recettes sont souvent les meilleures. C’est ce qu’ont dû se dire les biologistes de l’université américaine Johns Hopkins en utilisant contre les tumeurs un poison, connu depuis l’Antiquité, produit par une plante méditerranéenne : Thapsia garganica. La molécule létale est aussi bien connue de nos jours : il s’agit de la thapsigargine, qui inhibe les pompes calciques membranaires.

Les chercheurs américains ont ainsi créé une prodrogue, version chimiquement modifiée de la thapsigargine, afin qu’elle circule dans le sang et les tissus sains sans provoquer de dommages. Mais, à l’approche d’une tumeur, métastase ou cellule cancéreuse unique, leur médicament se comporte comme une grenade et libère son poison. « C’est très excitant, le cancer active sa propre exécution », s’enthousiasme John Isaac, professeur d’oncologie et l’un des auteurs de l’article paru dans Science Translational Medecine. En effet, la thapsigargine modifiée (appelée G202) n’est sous forme active qu’en présence de la carboxypeptidase, antigène membranaire spécifique de la prostate exprimé par les cellules cancéreuses. Cet article relate que cette protéine spécifique a été identifiée dans 66 % des cancers gastriques, 85 % des carcinomes colorectaux, et 100 % des cancers de la vessie. Suite à l’hydrolyse par la carboxypeptidase, la G202 est convertie sous une forme active qui inhibe la pompe calcium-ATPase du réticulum sarcoplasmique/endoplasmique (SERCA), protéine indispensable à la survie cellulaire. La G202 induit ainsi la mort de la cellule cancéreuse.

Selon les auteurs de l’article, le risque de développer des résistances à cette thérapie ciblée est faible compte tenu de l’importance en terme de survie de la pompe SERCA. Dans cette étude, la G202 a permis de faire régresser 8 tumeurs sur 9 chez la souris après 3 jours de traitement quand, sur la même période, le docetaxel n’en réduisait qu’1 sur 9.

Biofutur

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