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Gestion d'Internet : l'Europe s'oppose aux Etats-Unis à Genève

Les Etats-Unis se sont retrouvés isolés, à Genève, lors de la réunion préparatoire au sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) de Tunis en novembre, lorsque les négociateurs européens ont décidé de prôner, avec les pays du Sud, la création d'un organisme international pour la gestion d'Internet, auquel Washington est fermement opposé. Ce différend risque de mettre en péril le sommet de Tunis, organisé par les Nations unies pour réduire la fracture numérique entre Nord et le Sud, si la réunion de Genève, qui se termine ce vendredi, n'aboutit pas au consensus nécessaire à la rédaction d'un projet de résolution, comme prévu. L'IHT cite les propos courroucés du délégué américain du département d'Etat à cette réunion, David Gross : "Ce changement profond de la position européenne est très choquant (...) et semble correspondre à un revirement historique des Européens au sujet de la régulation d'Internet, passant d'une conception basée sur le leadership privé à une autre s'appuyant sur le contrôle gouvernemental ". Jusqu'à présent, l'Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), organisme de droit privé mais à but non lucratif, créé en 1988 en Californie, gère l'attribution et la gestion des noms de domaine internationaux (.com, .net ou .org, etc.). La Chine, soutenue par plusieurs pays du Sud, réclame la création d'une nouvelle agence de l'ONU, indépendante des Etats-Unis, de nombreux pays considérant, à l'instar du Brésil, qu'une "seule nation décide pour toutes dans le monde digital actuel". De leur côté, les Européens souhaitent qu'un organisme international définisse des principes et des critères dans l'attribution des noms de domaine, chapeautant ainsi l'Icann, qui en conserverait la gestion concrète. "Aucun organisme international, qu'il émane ou non de l'ONU, ne devrait contrôler Internet", réplique M. Gross, cité par l'IHT.

L'Union européenne a opéré "un changement de position radical" en proposant "un nouveau modèle de gouvernance" de l'internet qui réunirait les secteurs privé et public, avec à la clé la création d'un "forum international", selon un compte-rendu de l'UIT. Cette proposition "révolutionnaire" s'écarte du statu quo défendu par les Américains, a souligné l'UIT. En réponse, les USA ont réclamé que tout modèle, quel qu'il soit, garantisse le jeu de la concurrence et reconnaisse le rôle moteur du secteur privé. Washington n'approuvera "en aucun cas (...) des mesures qui pourraient avoir des conséquences négatives pour la sécurité et la stabilité des noms de domaine", a averti le délégué américain.

Faute d'accord, certains pays pourraient être tentés de mettre en place leur propre système d'attribution des noms de domaine, contournant le système américain qui permet de relier tous les ordinateurs du monde entier.

AFP

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