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Les Etats-Unis à la traîne sur l'internet mobile

Alors que le Japon a retardé le lancement de ses nouveaux téléphones portables dotés d'une connexion internet, les États-Unis sont confrontés à des difficultés encore plus importantes et ne pourront pas ouvrir de services de troisième génération (3G) avant deux ans ou plus. Pendant que l'Asie et l'Europe s'activent pour offrir des services de téléphonie mobile 3G, les opérateurs de téléphonie mobile américains en sont encore à essayer de raccorder un réseau national avec un nombre d'antennes pour couvrir tout juste les besoins des usagers existants. Les services sans fil 3G fonctionnent sur des réseaux à haute vitesse offrant aux clients la transmission par internet de données numériques de toute nature. Ces réseaux peuvent avoir un débit 40 fois plus élevé que la vitesse actuelle de 9,6 Kbits par seconde. Au-delà des reproches concernant les interruptions de service durant les appels, les États-Unis doivent faire face à une transition difficile avant d'offrir les services 3G que les opérateurs asiatiques et européens comptent mettre sur le marché cette année ou l'année prochaine. Les obstacles comprennent les questions d'attribution de spectres, de concurrence entre les normes techniques et des choix de connexion à internet. "Les gens vont comparer leurs connexions à internet par portable avec celle de leur ordinateur personnel", dit Kirk Parsons, analyste des services de télécommunications chez J.D. Power and Associates. Or, les Etats-Unis enregistrent le plus fort taux des connexions internet à haut débit par le câble ou l'ADSL dans le monde, d'où un niveau d'exigence très élevé de la part des internautes américains. "La pénétration internet par câble n'atteint pas les 10 % au Japon, alors qu'elle dépasse les 50% aux États-Unis (...) Au Japon, les sans-fil sont le principal outil pour accéder à internet", affirme Knox Bricken, analyste du sans-fil au cabinet de recherches Yankee Group. Aspect inhabituel, l'industrie américaine des télécommunications est très loin du premier rang mondial en matière de téléphonie mobile. Des normes nationales et internationales unifiées en Asie et en Europe ont donné une longueur d'avance à ces régions, laissant en retrait les sociétés américaines de la téléphonie cellulaire, qui en sont à tirer les enseignements des services de NTT DoCoMo Inc. par exemple, dans un Japon en pleine fièvre de téléphonie mobile. Le plus important des obstacles rencontrés par les États-Unis reste l'incapacité de la Commission fédérale des communications (FCC) à libérer les spectres d'ondes dont ont besoin les réseaux numériques pour voix et données. Ces derniers sont submergés par la circulation de données provenant des anciens services analogiques, des forces armées, des fournisseurs locaux de transmission sans fil et des diffuseurs par satellite. "À l'heure actuelle, la FCC n'a pas proposé de plan acceptable pour libérer le spectre nécessaire", dit Ray Jodoin, analyste principal pour la firme de recherches spécialisée Cahners In-Stat Group. Les réseaux 3G qui peuvent transmettre les données vidéo en temps réel ont besoin de larges spectres qui n'existent pas dans l'univers fragmenté des attributions de fréquence aux États-Unis qui distribue les fréquences à tout le monde, qu'il s'agisse de radios amateurs ou de marins. Même si le gouvernement libérait des spectres, les fournisseurs de services sans fil devront encore dépenser d'énormes sommes pour obtenir de nouvelles licences, ce qui viendrait s'ajouter au fardeau de la dette de nombreux fournisseurs. Dans le reste du monde, les compagnies ont dépensé 108 milliards de dollars pour obtenir des licences nationales en Europe seulement, poussant de nombreux investisseurs à se demander si les services 3G parviendront à générer des recettes suffisantes pour justifier ces coûts. À l'opposé, le Japon, où la concurrence du sans-fil reste limitée, a accordé des licences 3G gratuitement. Les Américains doivent aussi compter avec trois technologies concurrentes pour les systèmes de seconde génération, développées dans les dix dernières années, alors que la plupart des pays dans le monde se sont entendus sur une seule norme. Chez Yankee, Bricken soutient que le besoin d'un accès internet par le réseau sans fil est moins important aux États-Unis parce que la plupart des utilisateurs ont déjà un accès sur leur ordinateur à domicile ou au bureau. Des millions de clients bénéficient d'une connexion internet à grande vitesse par câble ou ligne téléphonique. Des millions d'autres utilisent des ordinateurs de bureau ayant des liaisons internet à haut débit. Le plus rapide des services sans fil actuellement en développement offre une vitesse de transmission beaucoup moins élevée. Les ordinateurs de poche de Palm, le iPaq de Compaq ou le Clie de Sony offrent à d'autres millions d'utilisateurs un accès internet et leur permet de télécharger des informations en ligne chaque fois qu'ils reconnectent leur appareil à leur ordinateur, observent des analystes. Une fois que les réseaux seront construits et les normes technologiques choisies, les États-Unis auront besoin de nouveaux logiciels et de programmes innovateurs pour attirer une clientèle vers le 3G. Les concepteurs américains devront apprendre à travailler avec des écrans plus petits au lieu de simplement transférer leurs méthodes internet au téléphone. "Les fournisseurs de contenu pour le réseau sans fil doivent réellement commencer à réfléchir hors des sentiers battus, affirme Bricken. "C'est une toute nouvelle façon de penser."

Reuters : http://fr.news.yahoo.com/010428/2/18bxg.html

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