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Epilepsie réfractaire : le régime cétogène est une option thérapeutique pour certains patients

Un petit essai clinique I réalisé par des chercheurs de la Johns Hopkins Médecine (Maryland) a montré que, chez certains patients épileptiques, un régime adapté parvenait à quasiment éliminer le statut épileptique et réduire considérablement la fréquence des crises.

On connaît déjà bien l’efficacité du régime cétogène dans le traitement des patients atteints d’épilepsie. Au-delà, le lien entre le régime alimentaire et donc le métabolisme et l’activité du cerveau devient de mieux en mieux documenté, tout comme les thérapies qui consistent à cibler le métabolisme via le microbiote pour contrôler ou à inhiber certains des processus cérébraux.

Ce petit essai clinique de phase I et II permet de constater que l’efficacité du régime cétogène s’applique aussi dans cette forme rare d’épilepsie "hyper-réfractaire". Ce régime est commenté comme "une option réalisable" pour ces patients atteints de la forme considérée comme la plus sévère d’épilepsie. Pour l’étude, l’équipe a recruté 15 patients âgés de 18 à 82 ans, diagnostiqués avec épilepsie super-réfractaire à l’hôpital Johns Hopkins, à la Mayo Clinic, et autres centres spécialisés. 5 de ces patients étaient des hommes, 6 avaient des antécédents d’épilepsie avant le développement de cette forme hyper-réfractaire.

Chez ces patients, et après plusieurs tentatives infructueuses de réduire la sévérité et la fréquence des crises par médicaments, les médecins utilisent des anesthésiques pour mettre le patient en coma artificiel, pour protéger ses muscles, ses reins, son corps et son cerveau de dommages encore plus sévères. Après 24 heures, le patient est réveillé pour vérifier si les crises reviennent. Si oui, alors les saisies sont considérées comme super-réfractaires. Ensuite, le médecin verra en fonction de l’histoire du patient car il n’y a pas de protocole de traitement standard. Dans l’essai, les participants avaient pris en moyenne 8 anti-épileptiques différents avant de passer au régime cétogène.

Le régime cétogène, riche en graisses, accélère le métabolisme des graisses du corps, comme pourrait le faire le jeûne, ce qui réduit l’excitabilité des cellules nerveuses dans le cerveau. Lorsque la plupart des calories ou de l’énergie proviennent de la graisse, le corps accumule des composés métabolites de la graisse, les cétones. Dans l’essai, le régime cétogène consistait en une boisson nutritive composée de 4 unités de lipides pour 1 unité de glucides et 1 de protéines (en grammes).

Chaque patient plongé en coma artificiel a reçu le régime par alimentation entérale, durant plus de 72 heures, les besoins caloriques ayant été calculés sur la base du poids. Après 72 heures d’alimentation artificielle, les médecins ont réduit progressivement les anesthésiques pour vérifier que les crises s’étaient arrêtées. En cas de non-récurrence, les patients ont continué à être alimentés par nutrition artificielle et par régime cétogène plusieurs jours jusqu’à pouvoir s’alimenter par eux-mêmes et, à ce stade, sont passés au régime modifié Atkins, un régime alimentaire riche en graisses et pauvre en glucides. En cas de récurrence des crises, le patient poursuivait le régime alimentaire cétogène par voie artificielle et recevait en plus des anti-épileptiques.

Résultat : après deux jours, tous les patients avaient des niveaux détectables de cétones, marqueurs du métabolisme de la graisse. Chez 79 % des patients ayant achevé l’étude, les crises super-réfractaires ont cessé et 8 patients ont totalement récupéré. 10 patients ont présenté des effets indésirables dont la constipation, la perte de poids, une hypoglycémie, une hausse du taux de cholestérol et une baisse des niveaux de sodium dans le sang.

Au final, 6 des 11 patients ayant achevé le régime cétogène à l’hôpital sont passés au régime Atkins modifié, plus facile à suivre que le régime cétogène. A 6 mois, pour ces 11 patients, 4 étaient toujours au régime Atkins modifié. Cet essai démontre que le régime cétogène constitue bien une option efficace pour réduire la fréquence et la sévérité des crises chez certains patients souffrant de la forme grave de l'épilepsie.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Neurology

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