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Les éléphants aussi savent coopérer

Une expérience conduite en Thaïlande révèle que les éléphants sont non seulement capables de coopérer avec un congénère mais également de comprendre les conditions de l’entraide. Ce sens élaboré de la coopération ne serait donc pas l’apanage des seuls primates.

Depuis longtemps, l'homme sait dresser les éléphants pour qu'ils l'aident à accomplir des travaux de force. Mais les pachydermes peuvent aussi coopérer entre eux. Cela vient d’être mis en évidence avec un travail expérimental conduit en Thaïlande par une équipe internationale d’éthologues réunissant notamment Frans de Waal de l’Université Emory et Joshua Plotnik de l’Université de Cambridge.

Cette découverte est d’importance : pour l’instant, ce sens de la coopération, présent chez l’homme, n’avait été identifié clairement que chez certains grands singes, les chimpanzés et les bonobos, mais jamais avec une telle élaboration chez des non primates. Ainsi les études menées récemment chez les corvidés et les hyènes n’ont pas donné le même niveau de résultat.

Pour étudier les capacités de coopération de l’éléphant, l’équipe a travaillé à Lampang en Thaïlande avec douze éléphants d’Asie dans un centre où les animaux sont protégés. Elle a repris et adapté à la taille de l’animal un protocole expérimental initialement développé pour le chimpanzé. La tâche consiste, pour une paire d'éléphants, à faire avancer une table en tirant chacun avec sa trompe l’une des extrémités d’une corde. Ils sont stimulés par la présence sur la table d'un bol de nourriture. Cette tâche nécessite une grande coordination entre les deux partenaires car si une extrémité de la corde est tirée sans l’autre, la table se bloque, et la récompense reste inaccessible.

Pour réaliser cette expérience, les expérimentateurs ont d’abord appris aux éléphants à tirer la table tout seul avec la corde. Puis, ils leur ont donné la possibilité de la tirer à deux en attachant la corde autour de la table. Résultat : les éléphants ont très vite appris à coopérer et lorsqu’un éléphant était introduit un peu avant l’autre, il attendait son partenaire : « Nous avons constaté que l’éléphant pouvait attendre jusqu’à 45 secondes avant de commencer à tirer. Il comprend qu’il a besoin de l’autre pour obtenir une récompense. » remarque Joshua Plotnik.

Dans une deuxième partie de l’expérience, les deux éléphants étaient présents mais un seul pouvait accéder à la corde, dont la seconde extrémité avait été attachée à la table. Résultat : dans ce cas, l’éléphant qui pouvait tirer la table refusait de le faire et même parfois il s’éloignait d’elle. Selon les auteurs, cela signifie que les éléphants savent que non seulement la présence mais aussi un certain comportement de leur partenaire est nécessaire pour coopérer.

Ces résultats indiquent en tout cas pour la première fois chez l’éléphant une capacité de coopération du même niveau que celle du chimpanzé. Et elle encourage à explorer un peu plus l’intelligence de ces pachydermes dont la taille ne rend pas facile la mise au point d’un protocole expérimental.

Article rédigé par  Marie-Laure Théodule pour La Recherche

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