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Electrostimulation du cerveau : une réussite contre des troubles obsessionnels compulsifs

Les TOC, problème psychiatrique qui touche 2 % de la population dans le monde à des degrés divers, peuvent constituer un handicap redoutable dans la vie quotidienne pour ceux qui en souffrent, rappelle l'équipe du Docteur Luc Mallet (Inserm-hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris) dont les travaux sont publiés par le New England Journal of Medicine.

Par ailleurs, la même équipe conduit actuellement un essai de stimulation électrique sur 14 patients concernant les cas les plus graves de maladie de Gilles de la Tourette, caractérisée par des tics moteurs et vocaux (mots grossiers involontaires). Le suivi prolongé des trois premiers patients opérés (6 ans pour le premier) montre que l'effet du traitement perdure et a permis une reprise du travail et une vie sociale normale, indique à l'AFP le Docteur Mallet.

C'est par hasard, à l'occasion de traitement de parkinsoniens, que les chercheurs avaient découvert l'effet de l'implantation d'électrodes dans le cerveau sur des formes graves des TOC, résistantes aux traitements habituels. "La stimulation concerne 6.000 à 12.000 patients en France, soit moins de 10 % des TOC", dit le Docteur Mallet.

"Les résultats sont vraiment probants", selon lui. Au bout de 3 mois de stimulation, 70 % des 16 patients, âgés de 29 à 56 ans et souffrant de TOC depuis 18 ans en moyenne, ont montré une amélioration : plus de 25 % de leurs symptômes ont disparu et 60 % atteignent un "fonctionnement global satisfaisant avec une gêne seulement modérée du fait de la maladie". La démonstration a été faite en "double aveugle", c'est-à-dire que ni les patients ni les médecins ne connaissaient les périodes de stimulations, poursuit le Docteur Mallet. Ce qui n'avait jamais été fait auparavant, dit-il. En fait, "l'ajustement de la stimulation permet une disparition des deux-tiers des symptômes dans la grande majorité des cas et dans un cas 100 % des symptômes ont disparu", précise-t-il. On verra par la suite s'il y a un retour au travail, ajoute-t-il.

L'amélioration observée en début d'essai sans stimulation pourrait être due à la prise en charge exceptionnelle entourant les participants aux essais, avance le praticien. Les TOC sont caractérisés par l'obsession de la propreté, de l'ordre, de la symétrie, ou bien des doutes et peurs irrationnels envahissants. Les malades tentent de réduire leur anxiété en répétant inlassablement -des heures durant chaque jour- des rituels de rangement, de lavage ou de vérification.

Dans un tiers des cas, le traitement usuel, associant thérapie comportementale et des antidépresseurs, est inefficace. La stimulation cérébrale profonde, utilisée avec succès depuis la fin des années 1980 dans le Parkinson, consiste à implanter deux électrodes dans le cerveau et à les relier à un stimulateur implanté sous la peau. Véritable pacemaker, ce stimulateur délivre un courant électrique continu corrigeant les signaux anormaux émis par le cerveau. Une erreur de quelques millimètres et la stimulation peut rendre le sujet hyperactif, irritable et insomniaque. Pour les chercheurs qui redoutent les dérives, cette méthode réversible mais délicate relève uniquement d'équipes expérimentées.

NEJM

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