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Edito : Édito Immigration sauvage : demain il sera trop tard

L'échouage sur les côtes françaises du navire transportant plus de 900 personnes qui voulaient fuir leur pays nous oblige à regarder la situation en face. L'attrait de l'Europe occidentale pour des peuples qui souffrent devient si fort que beaucoup sont prêts à tout perdre, y compris la vie, pour gagner un tel paradis. A une époque où l'information et les images parcourent notre planète à la vitesse de la Lumière, le fossé entre nos démocraties avancées et les peuples opprimés se creuse à une telle vitesse qu'il devient urgent d'ouvrir un débat dont dépendra, cela ne fait aucun doute, le destin de nos vieilles nations. Nous, Français, nous n'avons pas toujours conscience que nous habitons le plus beau pays du Monde. De plus, géographiquement, la France avec ses 560.000 km² est de loin le plus grand pays d'Europe. C'est un Eden couvert de terres arables particulièrement productives, de vertes prairies et disposant de ressources inépuisables en eau, le bien le plus précieux de demain. Nous avions su résister depuis des millénaires à l'aventure ouverte par l'épopée de Babylone qui voudrait que l'Histoire de l'Homme se confonde avec l'exode rural pour nourrir une urbanisation de plus en plus puissante. Ce n'est qu'en 1928, c'est-à-dire il y a moins de ¾ de siècle que la population des villes de France a dépassé les 50 % de la population française. Sept décennies plus tard, c'est-à-dire dans un temps plus court que la vie d'un homme, ce mouvement d'urbanisation s'est accéléré d'une façon stupéfiante puisque les trois quarts des français vivent aujourd'hui sur moins de 20 % du territoire. Nous paierons très cher cette migration accélérée et incontrôlée. Nous avons ainsi une grande partie de la population de France qui n'a plus de racines. Cela donne à d'immenses cités sans âme une grande fragilité sociale et culturelle dont l'insécurité qui se développe actuellement dans les banlieues n'est qu'un des aspects. Mais cet exode rural aura aussi d'autres conséquences dont nous n'avons pas encore pris conscience. Alors que l'ensemble de la France est un jardin béni des dieux, réalisons-nous que dans certaines régions, pourtant si belles, il n'y a même plus un habitant au km² ? Avons-nous l'esprit si embué par nos égoïsmes pour ne pas prendre conscience que cet abandon de régions si fertiles et si hospitalières va inexorablement attirer l'attention des peuples les plus pauvres et les plus brimés du Monde et qu'un jour ils exigeront, au travers des organisations mondiales, qu'ils puissent acquérir et venir s'installer dans ces territoires que nous avons abandonnés ? Que pourrions-nous faire si un jour, peut-être pas si lointain, ce ne sont pas un ou deux navires mais des centaines qui venaient déposer sur nos côtes des centaines de milliers de pauvres ères venant des pays les plus déshérités ? Il serait irréaliste de croire que nous pourrions arrêter ces êtres humains aux poitrines nues avec des fusils ou des canons. L'opinion mondiale nous jetant aux yeux notre gestion calamiteuse du trésor exceptionnel qui nous a été légué par la Nature nous obligerait à les accueillir. Il faut que sans retard nous prenions conscience des conséquences qui seront générées par cet aménagement aberrant de notre territoire. Notre nation pourtant habituée depuis des siècles à une assimilation, unique en Europe, d'immigrés venant de tous les horizons, ne pourrait pas résister à une invasion si massive. Notre démocratie si fragile, bien qu'elle puisse s'honorer d'avoir su donner naissance aux Droits de l'Homme, s'écroulerait. Aussi, sans tarder, il nous faut inverser un mouvement plus que séculaire qui voudrait que notre avenir se trouve dans des agglomérations de plus en plus grandes. Les nouvelles technologies, les nouveaux métiers dont les matières premières sont les idées, l'intelligence, le savoir et non plus l'acier ou le plastique, nous offrent une chance historique de réussir cette inversion. Au même titre que les aménageurs du XIXe et du XXe siècles ont pensé que l'avenir de la France passait par la construction des réseaux de chemin de fer, de routes, d'électricité, il faut cesser nos luttes picrocholines pour trouver la volonté, dans une même unanimité, de construire les réseaux de télécommunications utilisant toutes les techniques porteuses d'avenir (fibres optiques, boucle locale radio, UMTS, etc...) afin que ces métiers du futur puissent être exonérés quel que soit l'endroit où nous résidons dans notre belle France. Ce ne sont pas les seules lois du marché qui doivent décider de l'avenir de la France mais une ferme volonté politique qui doit se donner les moyens de changer le destin de nos enfants. Ce n'est qu'avec cette volonté que nous verrons tous les villages de France revivre et constater enfin que la matière grise et l'intelligence de notre Pays pourra s'étendre sur le vert paradisiaque de l'ensemble de notre territoire. Prenons conscience que le Destin nous a confié une mission spécifique. Ne laissons pas en friche cet Eden car la colère des pays qui n'ont pas notre chance pourrait être terrible. Il faut par ailleurs que tous les pays nantis du Monde, que ce soit l'Europe Occidentale, les Etats-Unis ou le Japon, sortent de leurs égoïsmes et s'associent pour apporter aux autres peuples et en particulier les plus pauvres les moyens d'entrer avec espérance dans l'avenir. C'est pourquoi, comme je l'ai déjà proposé à plusieurs reprises dans ces colonnes, dorénavant, à chaque fois que nous lancerons des satellites de télécommunications, et il y en aura plusieurs centaines dans les dix ans à venir, il faudra qu'une partie des équipements de ces satellites soit mise gratuitement à la disposition des pays les plus pauvres pour que leurs habitants puissent accéder, sans bourse déliée, à la toile mondiale et au réseau universel de télécommunications. Il suffirait pour cela de construire au sol, dans ces pays, des équipements spécifiques peu onéreux par rapport aux enjeux. Ce n'est qu'avec des gestes forts de cette nature et aussi en leur permettant d'acquérir des savoirs que nous pourrons rendre l'espoir à ces peuples désespérés et que nous pourrons endiguer un vaste mouvement mondial d'immigration clandestine vers les pays nantis. N'attendons plus. Demain il sera trop tard. Les puissants projecteurs qui éclairent nos pays riches deviennent trop éblouissants pour des peuples qui vivent dans le noir. Si nous ne savions pas apporter à chacun la lumière qui pourrait enfin leur éclairer le chemin de l'avenir, il faut que nous ayons conscience, même si un grand nombre parmi eux devaient s'y brûler les ailes, que tels des papillons, ils seraient de plus en plus nombreux à vouloir partager cette clarté qui éclaire nos vies. La façon dont notre Pays, en moins de 3 jours, a dû, cette semaine, traiter le cas des 900 « boat-people » kurdes, montre bien que nous n'aurions pas la capacité de résister à de telles exigences massives.

René TRÉGOUËT

Sénateur du Rhône

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