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Edito : Edito : en 2020 les robots de compagnie seront partout

Un récent article publié dans le Newscientist fait le point sur les robots présentés actuellement au Japon, dans le cadre du salon des robots avancés, qui vient de se tenir à Aichi, jusqu'au 9 juin.

Cette grande manifestation a été l'occasion de découvrir les extraordinaires progrès accomplis dans les différentes catégories d'androïdes présentés. Mais au-delà de la grande diversité des robots exposés (plus de 60 types de robot sont visibles), ce salon a proposé une véritable vision prospective de notre monde en 2020 en regroupant plusieurs maquettes futuristes de nos rues, habitations et bureaux, reconstituant ainsi ce que pourrait être notre cadre de vie dans une quinzaine d'années.

Tous les constructeurs présents à Aichi sont persuadés que les robots de compagnie seront dans la plupart des foyers en 2020 pour nous aider dans une multitude de tâches journalières. Les robots ApriAlpha et ApriAttenda, présentés par Toshiba (Voir notre article dans la lettre 338) préfigurent ce que pourraient être ces auxiliaires domestiques destinés en priorité à l'aide aux personnes âgées et à la garde des jeunes enfants à la maison. Ces robots très évolués peuvent déjà reconnaître visuellement une personne, grâce à la couleur de ses vêtements et à ses intonations de voix. Un algorithme spécial a même été développé pour permettre à ApriAttenda de détecter un individu et d'en calculer la position dans un environnement complexe d'objets et de sujets fixes et mobiles. Les deux prototypes de Toshiba peuvent être reprogrammés pour accomplir de nouvelles tâches tout au long de leur vie.

Parmi ces tâches qui vont être dévolues aux robots, le nettoyage, le ménage et les courses figurent en bonne place, comme le montre par exemple le robot WallWalker, de la compagnie japonaise Miraikikai. Ce robot est capable de s'agripper aux fenêtres et de nettoyer parfaitement les vitres. Autre exemple : le robot porte-bagages développé par l'université de Meijo. Mais si les scientifiques et industriels japonais présents à ce salon sont convaincus qu'il y a au Japon un énorme marché pour ces robots domestiques à l'horizon 2020, ils restent prudents sur les perspectives du marché européen car les différences culturelles entre le Japon et l'Occident sont très importantes.

Outre les robots ménagers, les robots aides-soignants devraient également trouver leur place dans les hôpitaux, comme le montre un robot développé par l'université de Nagoya, conçu pour aider à former les infirmières et médecins. Un autre robot de la même université, baptisé "Hyper-Finger", peut exécuter, sur simple pression des doigts, des actes de microchirurgie abdominale.

Mais les robots font également leur apparition dans le domaine de la pure distraction : par exemple, deux humanoïdes, Wakamura de Mitsubishi et Robovie-R créés par les laboratoires de robotique de cAtr, ont été programmés pour faire des plaisanteries et raconter des histoires drôles. Un autre robot, développé à l'université de Tohoku, peut faire office de partenaire pour les passionnés de danse et un androïde de l'Université d'Hiroshima est capable de jouer au base-ball.

Enfin signalons le robot modulaire et reconfigurable, baptisé M-Tran III, construit par Satoshi Murata et collègues de l'institut national de la Science et de la technologie industrielle avancées (NIST). M-Tran III se compose des composants identiques et peut commuter entre différentes formes de locomotion. Il peut marcher sur quatre membres, comme un chien, ou ramper, comme un serpent.

Alors que se tenait ce grand salon de la robotique, était publiée une très sérieuse enquête, dont un rapport préliminaire vient d'être publié, qui a été réalisée par un groupe d'étude mis en place en janvier dernier par le ministère de l'Economie, des finances et de l'industrie nippon (METI).

Concrètement, les premières conclusions de ces experts appellent le gouvernement à mettre en place des mesures visant à promouvoir l'usage généralisé de l'utilisation des robots. Selon eux, dans un contexte de vieillissement de la population et avec les départs massifs des baby-boomers du monde du travail à partir de 2007, les perspectives de marché concernant l'utilisation des robots dans l'industrie et les services sont énormes et l'emploi de telles machines serait même vital pour l'avenir économique du pays.

Le groupe d'étude souligne, par exemple, que la création de robots domestiques permettrait d'encourager plus de femmes à se mettre sur le marché du travail, ce qui pourrait réduire le déficit d'employés. Il suggère aussi qu'il faut que les hommes et les machines apprennent à produire et travailler ensemble de manière à rendre les sites de production plus efficaces. Ce qui doit permettre de gagner des parts de marché dans certains pays, la Chine par exemple, où le coût de la main-d'oeuvre est plus faible.

Ce groupe d'étude préconise la standardisation des machines et la mise en place de nouvelles réglementations permettant par exemple aux robots de travailler dans la rue (régulation du trafic routier). Il demande aussi à ce que les entreprises et les universités travaillent de concert et coopèrent dans leurs travaux de recherche de manière à accélérer le développement de ces nouvelles machines à tout faire.

Dans un autre rapport du MITI (Ministère Japonais de l'Economie et de la Recherche), consacré à la prospective technologique sur les 20 prochaines années, les responsables nippons prévoient une généralisation des robots d'assistance personnelle dans les foyers, les hôpitaux et les maisons de retraite. Selon ce rapport prospectif passionnant, la banalisation des robots de compagnie et d'assistance constituera un saut techno-économique majeur et entraînera de profondes conséquences sociales et culturelles pour les personnes âgées qui seront 40 millions-30 % de la population- au Japon en 2025 (20 % en 2004). (Asahi).

Il est donc clair que, pour le Japon, les robots n'ont pas seulement vocation à remplacer l'être humain dans les tâches les plus dangereuses ou les plus pénibles, mais vont rapidement être présents dans tous les secteurs d'activité et devenir de véritables auxiliaires de vie pour les personnes âgées. Malheureusement, il semble qu'en Europe et en France nous n'ayons pas encore pris toute la mesure de la mutation techno-économique, sociale et culturelle que va engendrer cette arrivée massive des robots dans nos environnements professionnels et personnels d'ici 2020. Dans ce domaine, comme dans d'autres, nous devons nous ouvrir sur le monde et faire un effort considérable, en matière scientifique et industrielle, pour mettre en place un secteur robotique digne de ce nom faute de quoi, après avoir déjà raté de nombreux trains technologiques majeurs, nous risquerions de perdre une compétition technologique et industrielle encore plus décisive pour notre avenir.

René Trégouët

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

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