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Covid-19 : la colchicine réduirait sensiblement les risques d’hospitalisation selon l’étude Colcorona

Après plus de 18 mois de pandémie, il n’existe toujours pas de traitement précoce de la Covid-19 qui fasse l’objet d’un consensus scientifique. Pourtant, en ce début d’année 2021, le Professeur Tardif qui exerce à l’Institut de cardiologie de Montréal présente des résultats préliminaires qui permettent d’entretenir l’espoir de garnir l’arsenal thérapeutique du médecin contre la Covid-19 avec la Colchicine, un anti-inflammatoire puissant, peu coûteux et bien toléré en dépit d’une marge thérapeutique étroite. La commission des experts du ministère grec de la Santé avait même décidé d’autoriser la prescription de la colchicine. Mais cette décision faisait figure d’exception tant la communauté médicale attendait des preuves plus solides avant de pouvoir se positionner.

Colcorona est un essai multicentrique de phase 3, randomisé, en double aveugle contrôlé par placebo. L’étude a été réalisée au Brésil, au Canada, en Grèce, en Afrique du Sud, en Espagne et aux États-Unis, et a été dirigée par l’Institut de cardiologie de Montréal. Pour être inclus dans l’étude, les patients devaient soit être diagnostiqués par un test PCR positifs à la covid-19 ou présenter des symptômes évocateurs et avoir plus de 40 ans, avec au moins un facteur de risque, et ne pas être hospitalisé.

4488 patients ont été enrôlés entre le 23 mars et le 22 décembre 2020. Deux groupes ont été randomisés par un système automatisé basé sur un questionnaire passé par Internet. Le groupe colchicine de 2235 patients s’est vu administrer par voir orale 0,5 mg de colchicine deux fois par jour pendant 3 jours puis une fois par jour pendant 27 jours. Le critère d’évaluation principal était la survenue d’un événement d’hospitalisation ou d’un décès.

Si l’essai n’a pas montré de différence significative entre les deux groupes sur le critère principal : 4,7 % d’événement composite dans le groupe colchicine vs 5,8 % dans le groupe placébo (p = 0,081), l’effet devient significatif si on limite les résultats aux patients ayant un diagnostic de la Covid-19 confirmé par test PCR. 96 événements, soit 4,6 % se sont ainsi produits chez les 2 075 patients du groupe colchicine (4,6 %) contre 126 (6,0 %) chez les 2 084 du groupe placebo. Le groupe colchicine semble par ailleurs moins enclin à avoir une pneumonie que le groupe placébo (2,9 % vs 4,1 %).

L’effet est bien plus marqué sur la prévention des hospitalisations (4,5 % vs 5,9 %) que sur les décès (0,2 % vs 0,4 %) et dans les sous-groupes des « sujets masculins ou souffrant du diabète ou de pathologies cardio-vasculaires ou respiratoires » selon le Professeur Tardif. « Parmi les hommes de plus de 40 ans présentant un facteur de risque de complication, une hospitalisation est prévenue pour 29 traitements à la colchicine » explique le Docteur Guy Boivin, coauteur de l’étude Colcorona.

Les auteurs en conviennent, l’intérêt de la colchicine pour prévenir les hospitalisations des personnes à risque est bien moindre depuis le lancement des campagnes de vaccination. Mais dans les pays où l’accès aux vaccins est malaisé, ou dans le cas de patients à risque qui refusent la vaccination, la colchicine pourrait bien trouver sa place dans l’arsenal thérapeutique du médecin.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

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