RTFlash

Vivant

Confirmation du potentiel anticancéreux de la molécule UM171

Avec une majorité de survivants à des cancers du sang avancés près de quatre ans après avoir reçu un traitement unique, la molécule UM171, mise au point à l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l’Université de Montréal et expérimentée en clinique à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, continue sa progression dans l’arsenal anticancer. « Non seulement la plupart des patients sont en bonne santé, mais ils ne sont pas dépendants d’un cocktail de médicaments qu’une bonne partie des greffés de la moelle osseuse doivent prendre pendant plusieurs années », mentionnait le découvreur de cette molécule, l’hématologue Guy Sauvageau, quelques jours avant Noël.

Actuellement, près de 70 patients recrutés au Canada et aux États-Unis, dont plusieurs ne répondent pas aux traitements les mieux reconnus en oncologie, sont suivis par différentes équipes à la suite d’un protocole expérimental avec UM171. Il est encore trop tôt pour parler de guérison ‒ la durée de la rémission doit dépasser cinq ans ‒, mais les résultats sont très encourageants. Jusqu’à maintenant, la majorité des patients qui souffraient de leucémies à très haut risque de récidive demeurent en rémission. Si les choses continuent de progresser à ce rythme, on pourrait doubler le nombre de patients traités d’ici la fin de 2021.

Un nouveau pas vient d’être franchi dans la compréhension de la molécule UM171 ‒ élaborée par le groupe de chimistes sous la direction d’Anne Marinier, de l’IRIC, et baptisée ainsi en l’honneur de l’Université de Montréal ‒, alors que Guy Sauvageau publie avec son équipe un article dans Cell Stem Cell qui décrit son mécanisme d’action. « Enfin, on sait comment UM171 fonctionne ! » a-t-il lancé à quelques jours de la levée de l’embargo.

Dans l’article intitulé « UM171 preserves epigenetic marks that are reduced in ex vivo culture of human HSCs via potentiation of the CLR3-KBTBD4 complex », les 15 auteurs expliquent comment la molécule utilise un nouveau mécanisme moléculaire pour gérer l’épigénome des cellules souches et comment elle pourrait même contribuer à leur rajeunissement épigénétique. La première auteure de cet article important est Jalila Chagraoui, chercheuse associée au laboratoire du Docteur Sauvageau à l’IRIC.

La grande surprise qu’ont eue les chercheurs de l’IRIC est justement cette faculté de la molécule d’agir comme une fontaine de jouvence sur les cellules souches du sang. On observe en laboratoire que, trois jours après l’administration de la molécule, les cellules souches présentent un épigénome semblable aux cellules initiales, alors qu’en l’absence d’UM171 ces cellules subissent un vieillissement prématuré de leur épigénome.

C’est la raison pour laquelle les patients greffés avec ces cellules rajeunies ressentent très rapidement une amélioration globale de leur qualité de vie. Non seulement UM171 rajeunit ces cellules, mais celles-ci deviennent plus compétentes à produire un système immunitaire amélioré. Ainsi, après six mois, la plupart des patients n’ont plus besoin d’immunosuppresseurs, un médicament nécessaire pour annuler la réaction de rejet qui accompagne la greffe de moelle osseuse.

Les applications potentielles de cette molécule sont multiples. « On pourrait éventuellement s’attaquer à des maladies auto-immunes et à des maladies inflammatoires comme la maladie de Crohn ou les colites ulcéreuses », indique le professeur Sauvageau.

Depuis plus de 25 ans, Guy Sauvageau travaille sur la piste des cellules souches de cordons ombilicaux capables de coloniser en quelque sorte les cellules sanguines défectueuses causant la leucémie myéloïde aigüe, un des cancers du sang les plus répandus chez l’adulte.

Dès les premiers signes prometteurs des effets de la molécule in vitro, on est passé aux recherches chez les modèles animaux. « Nous avons bénéficié d’un passage accéléré aux essais cliniques chez l’humain en vertu des rares effets secondaires observés et compte tenu du nombre limité de traitements efficaces pour ce type de maladie », relate-t-il.

L’article publié récemment vient en quelque sorte éclairer les mécanismes moléculaires et épigénétiques en jeu lorsqu’une cellule souche accueille UM171. « C’est un peu comme si l’on avait mis la charrue devant les bœufs », illustre le chercheur, pour qui la recherche fondamentale a autant de valeur que ses applications en médecine humaine. Cette aventure à rebours n’est pas exceptionnelle, puisque l’histoire de la médecine regorge de situations où l’on a appliqué des traitements efficaces sans en comprendre parfaitement les mécanismes d’action.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

UDEM

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top