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Edito : Comment nourrir la planète de manière durable et saine en 2050
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René Trégouët
Sénateur Honoraire
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
Créateur de RT Flash, il y a 27 ans
EDITORIAL:
Comment nourrir la planète de manière durable et saine en 2050
- Des progrès remarquables mais des défis persistants
Contrairement à beaucoup d'idées reçues, l'accroissement global de la production agricole sur notre planète a été bien plus rapide que celui de la population mondiale depuis 40 ans. La consommation alimentaire moyenne mondiale par personne a augmenté de près d'un cinquième, passant de 2 360 calories par personne et par jour en 1960 à 2 800 calories aujourd'hui. Dans la même période, le pourcentage d'habitants souffrant de la faim dans les pays en voie de développement est passé d'un tiers à moins de 12 %.
Dans les pays en développement, l'augmentation des ressources alimentaires par habitant a été particulièrement remarquable : de 1 900 calories en 1960, elles sont passées à plus de 2 500 calories en 2000, soit une augmentation de 30 % en 40 ans, alors que la population mondiale a plus que doublé au cours de cette période. Ce résultat est d'autant plus impressionnant que, comme le montrent les travaux de la FAO, la surface de terres cultivées est restée quasiment stable dans le monde depuis 1960. Il reste que, selon la FAO, 925 millions de personnes souffrent encore de la faim sur Terre.
- Les besoins alimentaires à l'horizon 2050
Selon la FAO, il faudra produire 70 % de nourriture en plus pour répondre à la demande mondiale en 2050. La production de céréales devra augmenter de près d'un milliard de tonnes et celle de viande de plus de 200 millions de tonnes. La disponibilité alimentaire moyenne mondiale atteindrait 3 050 kcal/personne/jour, soit +10 % par rapport à 2005. La consommation annuelle mondiale de viande passerait de 41 kg à 52 kg par habitant, avec une forte hausse dans les pays en développement.
Selon les scénarios retenus, le besoin total en terres cultivées pourrait augmenter jusqu'à 223 millions d'hectares. Reste que la demande agricole mondiale risque de ralentir sensiblement à partir de 2050, car des chercheurs de l'IHME, organisme réputé pour ses travaux en santé publique, prédisent à présent un pic mondial de population dès 2064, à 9,7 milliards de personnes, avant un déclin jusqu'à 8,8 milliards en 2100.
- Un potentiel de terres cultivables largement sous-exploité
S'agissant de la question controversée des besoins supplémentaires en nouvelles terres agricoles, Laurence Roudart, chercheuse reconnue au niveau international qui travaille avec son équipe à l'Université libre de Bruxelles, rappelle quelques données essentielles : sur les 13,4 milliards d'hectares de terres émergées sur notre planète, environ 30 % sont considérées comme immédiatement cultivables sans besoins particuliers d'irrigation. Or, sur ces 4,2 milliards d'hectares, 60 % ne sont pas cultivés, soit environ 2,5 milliards d'hectares, ce qui est considérable. Même si l'on prend en compte les infrastructures, les forêts et les zones protégées, on estime que la superficie mondiale cultivée pourrait être multipliée par 1,6, soit une mise à disposition supplémentaire de 970 millions d'hectares (voir l'article de Roudart sur les terres cultivables).
- Le scénario Agrimonde 1 : des réserves suffisantes
Cela sera-t-il suffisant pour nourrir correctement les 9,7 milliards d'êtres humains que comptera la Terre en 2050, soit 1,5 milliard d'êtres humains en plus à alimenter ? Pour répondre à cette question capitale, Laurence Roudart et son équipe ont envisagé un scénario extrêmement prudent et contraignant dénommé "Agrimonde 1". Dans cette hypothèse de travail, chaque personne doit disposer de 3 000 kilocalories par jour, dont 500 kilocalories d'origine animale. Ce scénario très prudent privilégie volontairement l'extension des surfaces cultivées et mise peu sur les avancées agronomiques et technologiques.
Pourtant, même avec cette hypothèse très prudente, l'étude montre qu'il suffirait de disposer de 590 millions d'hectares cultivés supplémentaires, soit seulement 60 % des 970 millions d'hectares cultivables et disponibles sur notre planète, pour nourrir correctement l'ensemble de la population mondiale.
Mais cette situation globale masque de profondes disparités locales car les terres cultivables non exploitées et disponibles pour l'agriculture sont réparties de manière très inégale à la surface de la planète. Ces "réserves foncières" agricoles sont essentiellement présentes en Afrique et en Amérique latine mais sont, en revanche, faibles au Moyen-Orient et en Asie, régions soumises à une forte pression démographique et à des contraintes géoclimatiques plus fortes. Il faut aussi rappeler que l'agriculture "locale" et encore largement manuelle et familiale, qui s'inscrit dans le cadre "d'agro-écosystèmes", représente plus de 70 % de la production agricole mondiale, le reste étant assuré par l'agriculture industrielle.
- L'agriculture biologique peut-elle nourrir le monde ?
En 2017, une vaste étude européenne très documentée a montré qu'il est possible de nourrir correctement les 9,7 milliards d'êtres humains qui vivront sur Terre en 2050, en ayant recours essentiellement à l'agriculture biologique, mais en respectant au moins deux conditions : réduire le gaspillage alimentaire colossal et limiter la consommation de produits d'origine animale.
L'agriculture intensive a considérablement accru la quantité de nourriture disponible au cours des dernières décennies, mais elle a, dans le même temps, eu des conséquences environnementales négatives indéniables et importantes. Les scientifiques soulignent également que l'agriculture émet à présent plus de CO2 que l'industrie ou les transports, environ 23 % des émissions anthropiques mondiales de GES, soit environ 12 milliards de tonnes d'équivalent CO₂ par an.
Cette étude a modélisé les surfaces agricoles qui seraient nécessaires pour obtenir le même nombre de calories (2 700 par jour et par personne) en 2050, avec différentes proportions d'agriculture biologique (0 %, 20 %, 40 %, 60 %, 80 % ou 100 %) et en tenant compte de plusieurs niveaux d'impact du changement climatique sur les rendements.
Ce travail montre que pour convertir la totalité de l'agriculture au biologique, il faudrait mettre en culture de 16 % à 33 % de terres en plus dans le monde en 2050 par rapport à la situation actuelle, contre 6 % de plus dans le scénario de référence de la FAO, essentiellement basé sur l'agriculture conventionnelle. Toutefois, cette nécessité de mettre en culture plus de terres (une perspective tout à fait envisageable, nous l'avons vu, sans utiliser des espaces protégés, compte tenu de la réserve importante de terres cultivables non exploitées) serait très bénéfique sur le plan sanitaire et environnemental et se traduirait par une forte réduction des pollutions provoquées par les pesticides et engrais de synthèse et par une demande plus faible en énergies fossiles. Au final, en dépit de cette mise en culture de nouvelles terres, les émissions de GES de l'agriculture diminueraient quand même de 7 %, soit un milliard de tonnes en moins (sur les 14,5 gigatonnes émises par l'agriculture en 2025).
- Deux changements majeurs indispensables
L'étude souligne qu'une telle rupture mondiale devrait s'accompagner de deux changements majeurs dans le système alimentaire. D'une part, réduire au moins de moitié le gaspillage considérable (1,3 milliard de tonnes par an) – aujourd'hui responsable de la perte de 30 % des aliments. D'autre part, limiter la concurrence entre la production de nourriture pour les humains et celle pour le bétail.
Un tiers des terres cultivables de la planète sont utilisées pour nourrir les animaux d'élevage avec différentes céréales, soja, maïs, blé, alors que ces céréales pourraient être directement utilisées pour l'alimentation humaine, avec un rendement nutritif bien plus important et sans doute également des conséquences plutôt bénéfiques pour la santé humaine. Selon l'étude, le modèle actuel ne sera pas tenable à terme et il faut envisager de réduire la quantité de bétail et donc la consommation de produits d'origine animale (viande, poisson, œufs, laitages) qui pourrait être divisée par trois.
Harold Levrel, professeur à AgroParisTech et chercheur au Centre international de recherche sur l'environnement et le développement, qui n'a pas participé à l'étude, souligne que celle-ci lui semble réaliste car elle repose sur des hypothèses volontairement très conservatrices, en considérant par exemple que la consommation d'eau est la même en bio et en conventionnel. Cet expert reconnu précise que « c'est la première fois qu'on répond à la question de savoir si le bio peut nourrir le monde en intégrant à la fois la question des rendements, de l'occupation des sols, des effets environnementaux ou encore des émissions de CO2 ».
- Le scénario Afterres 2050 : l'exemple français
En France, le scénario Afterres 2050, publié en 2016 par l'association Solagro, a également montré qu'une agriculture 50 % biologique pourrait nourrir 72 millions de Français en 2050 sans augmenter la quantité de terres arables, tout en divisant par deux les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d'énergie et celle d'eau l'été, et par trois les pesticides. Mais au niveau national également, ce scénario suppose deux conditions : la réduction des pertes de production, ainsi qu'un changement de régime alimentaire. « Nous consommons deux tiers de protéines animales pour un tiers de protéines végétales. Il faudrait faire l'inverse et diviser par deux notre consommation de produits animaux », détaille Philippe Pointereau, l'un des coauteurs, qui dirige le pôle agroécologie de Solagro.
- Les succès de l'agroécologie dans le monde
Une autre étude menée par l'Université d'Essex et portant sur 218 projets de développement agricole fondés sur l'agroécologie, répartis dans 57 pays et couvrant 37 millions d'hectares (regroupant 12,6 millions d'exploitations agricoles), a montré un accroissement moyen des rendements de 64 % sur l'ensemble de ces projets, ce qui est tout à fait remarquable. Néanmoins, les travaux de la FAO ont montré que l'agriculture biologique ne pouvait, à elle seule, assurer la sécurité alimentaire au niveau mondial mais pouvait y contribuer de manière importante.
- Six axes stratégiques pour relever le défi
Il est intéressant de souligner que les conclusions de Laurence Roudart rejoignent le point de vue exprimé par Marion Guillou, Présidente de l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), et Gérard Matheron dans le livre qu'ils ont publié, intitulé "9 milliards d'hommes à nourrir, un défi pour demain". Ces scientifiques éminents sont d'accord sur le fait que nous avons tous les atouts en main pour parvenir à nourrir correctement l'humanité d'ici le milieu de ce siècle, mais à condition d'agir simultanément et vigoureusement dans six directions.
Premier axe : mettre en place un nouveau système mondial de fixation et de régulation des prix agricoles qui permette aux 40 % d'actifs qui cultivent la terre de vivre décemment de leur travail.
Deuxième axe : imaginer de nouveaux cadres législatifs et juridiques d'exploitation des terres qui soient mieux adaptés aux sociétés traditionnelles et aux cultures locales.
Troisième axe : il est essentiel de réorienter la recherche agronomique et les productions agricoles vers l'agriculture durable et les cultures vivrières inscrites dans des écosystèmes locaux et articulées aux structures socio-culturelles et aux capacités d'innovation des populations concernées. L'implication et l'adhésion des populations est en effet un facteur essentiel pour réussir cette mutation agroalimentaire historique qui permettra de nourrir la planète.
Quatrième axe : repenser l'ensemble des circuits de production, de distribution, de stockage et de consommation, de manière à diviser par deux l'énorme gaspillage alimentaire mondial, qui a atteint au moins 1,3 milliard de tonnes par an, soit près d'un tiers de la nourriture produite pour la consommation humaine selon la FAO et le rapport ONU 2024. Cela représente jusqu'à 40 % de l'ensemble de la production alimentaire, incluant les pertes sur l'ensemble de la chaîne (production, transformation, distribution, consommation).
Cinquième axe : rendre conciliable agriculture durable et production durable d'énergie, notamment en développant l'agrovoltaïsme écologique et climatique.
Sixième axe : permettre à tous les exploitants agricoles, quelle que soit leur taille, d'accéder, avec l'aide de politiques publiques ambitieuses, à l'agriculture prédictive de précision, reposant sur l'utilisation des outils numériques et robotiques et permettant une réduction sensible de l'emploi d'engrais et de pesticides.
- L'agriculture de précision : une révolution technologique au service de la durabilité
L'agriculture de précision permet un gain significatif de productivité tout en réduisant l'usage de pesticides, les émissions de CO2 et l'empreinte écologique globale, grâce à des technologies de ciblage et d'optimisation des intrants. Cette agriculture numérique, utilisant capteurs, GPS, satellites, drones et IA, permet d'augmenter les rendements des cultures de 10 à 30% en adaptant précisément les apports d'eau, d'engrais et de produits phytosanitaires aux besoins des plantes. Elle favorise une application localisée et temporellement ajustée, réduisant le gaspillage et maximisant l'efficacité des ressources.
Les technologies de reconnaissance des mauvaises herbes et d'analyse des risques peuvent à présent réduire sensiblement l'épandage aux zones réellement affectées, avec des réductions de pesticide pouvant atteindre jusqu'à 70 % des surfaces traitées dans certains cas. L'alerte précoce sur l'apparition de nuisibles permet d'intervenir de façon ciblée avec des doses minimales, réduisant fortement les impacts environnementaux.
L'agriculture de précision optimise aussi la consommation d'énergie grâce à des systèmes autonomes avec guidage GPS, réduisant les passages inutiles dans les champs. Selon un rapport de la Commission européenne, cette approche pourrait réduire les émissions agricoles de gaz à effet de serre par la réduction des engrais azotés et une conduite optimisée des engins agricoles. De plus, ces outils numériques permettent une gestion bien plus fine des sols et favorisent des pratiques de conservation du carbone, comme le non-labour, les cultures de couverture et la restauration des sols organiques.
L'utilisation de robots légers ou fonctionnant à l'énergie solaire, comme le robot FarmDroid, va diminuer encore plus l'empreinte carbone comparé aux machines lourdes traditionnelles. Des robots spécifiques comme le WeedBot emploient des technologies alternatives (lasers, intelligence artificielle) pour éliminer les mauvaises herbes sans pesticides, réduisant de 50 % leur usage. Cette agriculture de précision permet enfin, dans un contexte de changement climatique qui va se traduire par des tensions croissantes sur les ressources en eau, une meilleure gestion de l'eau via des robots d'irrigation pilotés par capteurs, économisant 30 à 50 % de la consommation d'eau comparée aux méthodes classiques.
- Les impacts du changement climatique sur les rendements
Nous devons enfin comprendre que nous ne pourrons pas nourrir correctement les populations locales uniquement à partir des productions agricoles de ces populations car celles-ci vont être confrontées à une stagnation des rendements due au changement climatique dans certaines régions, comme le montre une étude publiée en juin dernier qui a modélisé pour différentes régions du globe les effets du réchauffement climatique d'ici à la fin du siècle sur les rendements de six grandes cultures (blé, maïs, riz, sorgho, soja et manioc), qui représentent les deux tiers des calories consommées dans le monde.
Cette vaste recherche montre que chaque degré de réchauffement supplémentaire par rapport à l'ère préindustrielle, l'équivalent de 120 kilocalories par jour et par personne, pourrait être perdu, soit 4,4 % de la consommation journalière actuelle. C'est pourquoi il est capital de mettre en place un nouveau cadre économique et juridique plus équitable d'échanges des produits agricoles au niveau mondial.
- Un défi avant tout politique et économique
Ces études récentes et très solides du point de vue scientifique ont le mérite de remettre en cause beaucoup d'idées reçues et leurs conclusions se rejoignent : l'accès pour tous aux produits agricoles de base et la sécurité alimentaire de la planète sont possibles. Mais le défi à relever pour atteindre ce but ô combien souhaitable est d'abord politique et économique. Il passera par la recherche d'un nouvel ordre mondial, en matière d'échanges commerciaux plus équitables, de lutte contre l'énorme gaspillage alimentaire, d'utilisation durable des ressources naturelles, de rééquilibrage des productions agricoles en faveur des protéines végétales et d'accès universel aux technologies numériques, qui sont appelées à jouer un rôle de plus en plus important dans le basculement vers une agriculture à la fois productive, durable et à faible empreinte climatique et environnementale.
Il faut enfin souligner que l'agriculture de demain devra intégrer, et ce point est capital, la production délocalisée et décarbonée d'énergie, notamment photovoltaïque, contribuant ainsi de manière décisive à la transition énergétique et à la stabilisation du climat de notre planète.
René TRÉGOUËT
Sénateur honoraire
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
e-mail : tregouet@gmail.com
Note Importante : La présentation de mes éditos a beaucoup changé depuis quelques semaines. Les textes sont beaucoup plus facilement lisibles grâce à des sous titres et des passages en gras. C’est une IA qui réalise cette présentation. J’en consulte 5 chaque semaine et c’est celle que je juge la meilleure que je retiens. Souvent l’IA retenue cette semaine n’est pas la même que la semaine précédente. Mais je dois vous dire que je suis toujours l’auteur de mes éditos. La preuve en est donnée par la présence de liens hypertextes qui renvoient le lecteur sur les sites où j’ai puisé mes idées. Malheureusement les IA ne savent pas faire cela. Sur ce sujet, je vous invite à lire l’article paru dans le Monde du 16 Juillet 2025:
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