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Un coeur opéré sous téléguidage magnétique

L'équipe du Pr Michel Haïssaguerrem du Centre de cardiologie de l'hôpital Haut-Lévêque du CHU de Bordeaux, fait appel depuis trois semaines à une machine unique en France. Cet appareil utilise une sonde aimantée soumise à un puissant champ magnétique généré autour du patient et pilotée à distance par ordinateur pour détruire les tissus à l'origine d'une fibrillation auriculaire. Ce trouble du rythme cardiaque à l'origine de palpitations, malaises ou syncopes concerne 3,5 % de la population après 65 ans.

Cette opération sous téléguidage magnétique permet ainsi de piloter l'intervention avec une souris d'ordinateur (grâce au système de navigation magnétique de l'entreprise Stereotaxis) au lieu de devoir la diriger à la main. Elle devrait apporter un plus par rapport à la technique de référence, inventée en France et appelée «ablation endocavitaire par radiofréquence», qui nécessite une manipulation manuelle très délicate de la sonde introduite par la veine fémorale et remontée jusqu'aux cavités cardiaques pour détruire le foyer à l'origine des troubles du rythme.

«Cette dernière est un peu moins précise car on manipule la sonde à 80 cm du coeur du patient alors qu'avec ce téléguidage magnétique, c'est comme si l'on agissait à l'intérieur même de la cavité cardiaque , détaille Michel Haïssaguerre, qui reste néanmoins mesuré. Si l'avenir est peut être au téléguidage magnétique, les techniques actuelles sont aussi parfaitement au point. Inutile de venir à Bordeaux pour se faire soigner. D'autant que nous avons des listes d'attente de plus de dix-huit mois.» L'intervention dure de deux à quatre heures et se fait sous simple sédation, le patient étant parfaitement valide dès le lendemain.

Ce médecin fait partie avec Pierre Jais et Mélèze Hocini d'une équipe pionnière ultraspécialisée dans la «cartographie du coeur». C'est-à-dire l'étude des foyers ou des réseaux de cellules générateurs de troubles électriques qui initient ces fibrillations auriculaires. Ceci lui a permis de déterminer l'origine principale de cette fibrillation. Non pas au sein des oreillettes selon le dogme dispensé pendant des années mais plus en amont au niveau des veines pulmonaires (qui acheminent le sang oxygéné des poumons vers le coeur). «Nous avons eu la surprise de constater que ces veines ne sont pas des tubes inertes mais qu'elles sont tapissées de cellules anormalement excitables», explique, enthousiaste, ce médecin qui fait des recherches dans ce domaine depuis 1984.

Figaro

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