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La chirurgie sans chirurgien

Il s'appelle Caspar. C'est un robot, et, ce jeudi après-midi, il opère, tout seul, le genou gauche d'un monsieur de 73 ans qui souffre d'arthrose depuis cinq ans. Sans l'aide d'aucune main humaine, la fraise lime, rogne, coupe et lave les os dénudés, où devra se loger la prothèse. A ses côtés, Werner Siebert, chirurgien orthopédiste à Kassel (Allemagne), les bras croisés, ne fait rien. S'assure seulement que le robot fonctionne. Que le patient va bien. Et commente l'opération à l'intention de plusieurs dizaines de chirurgiens allemands et français, mais aussi britanniques, belges, néerlandais ou portugais conviés à assister à la retransmission, en direct, de la première pose automatisée de prothèse complète du genou. Pendant tout l'exposé du patron, la machine obéit à l'ordre affiché sur l'écran de l'ordinateur: "Fraisez!" Et elle fraise, pendant près d'une demi-heure. Ce travail terminé, l'homme prend alors le relais du robot: il ajuste la prothèse, puis recoud le genou. L'opération est terminée. Le gros du travail avait commencé la veille. Sur un écran d'ordinateur, Werner Siebert a projeté l'image du genou en trois dimensions. Il a mesuré les paramètres, calculé l'axe d'alignement, défini le volume du fraisage, choisi une prothèse, puis transmis tous ces éléments au robot. Deux vis, implantées l'une dans le fémur, l'autre dans le tibia du patient, servent de repère à la machine. Le jour de l'opération, il suffit de donner le signal de départ. Enfin, presque. Il arrive parfois que le robot freine, rencontre des obstacles inattendus. Dans ce cas, le chirurgien en revient aux bonnes vieilles méthodes à l'ancienne: un burin pour dégager la masse osseuse gênante, un sécateur pour éliminer un cartilage. Puis laisse de nouveau les commandes à l'automate. L'intérêt du robot, plaide Werner Siebert, c'est sa précision. Il supprime en effet la part d'aléatoire de la main du médecin, calcule au plus juste l'élimination des résidus osseux. La machine a d'abord été programmée pour poser des prothèses de hanche, puis pour le remplacement du ligament croisé antérieur du genou. Demain, elle le sera pour le rachis (colonne vertébrale). L'automate, fabriqué par Maquet, une firme allemande, n'a qu'un seul concurrent au monde, une machine produite par une société américaine d'informatique, ISS. François Aubart, chef du service de chirurgie orthopédique au centre hospitalier intercommunal d'Eaubonne-Montmorency (Val-d'Oise), qui utilise Caspar pour les prothèses de la hanche depuis six mois, espère réaliser les premières poses de prothèse du genou d'ici à quelques semaines. En France, seuls cinq établissements - dont quatre dans le secteur privé - disposent de ce petit bijou qui coûte environ 3,5 millions de francs.

Libération :

http://www.liberation.com/quotidien/semaine/20000502marw.html

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