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Edito : CES 2010 : le téléviseur prend du relief et se branche sur le Net

Le Consumer Electronic Show 2010, grand messe mondiale de la technologie et des loisirs numériques, vient de fermer ses portes à Las Vegas, aux Etats-Unis.

Boostée de manière spectaculaire par l'immense succès du film "AVATAR", de James CAMERON, la 3D a incontestablement été la grande vedette de ce salon. Des écrans en passant par les jeux vidéo, les vidéo-projecteurs et autres téléphones portables, l'avenir de nos appareils domestiques se déclinera en 3D. Et les matériels professionnels suivent le pas avec par exemple l'annonce de plusieurs caméras 3D à deux objectifs. Mais les téléviseurs 3D mettront au moins cinq ans à conquérir le grand public en raison de leur coût élevé.

Autre star de ce salon, le livre électronique. Le fait que l'américain Amazon ait vendu à Noël plus de livres électroniques que de livres papiers n'était sans doute pas étranger à l'euphorie des professionnels rassemblés à Las Vegas. 2010 sera-t-elle enfin l'année du lecteur digital ?

Ce marché pourrait connaître un coup d'accélérateur grâce à l'arrivée de nouveaux acteurs de poids. Ainsi, le coréen Samsung a passé un accord avec Google pour lancer, dès mars prochain en France, toute une gamme de livres électroniques. Du petit modèle qui tient dans la poche au grand format permettant de lire des magazines, les readers de Samsung seront vendus à partir de 279 Euros. Ils permettront de prendre des notes écrites et même, pour certains, d'écouter de la musique. Et ce n'est pas la polémique entre la France et Google qui effraie Samsung, bien décidé à mettre les pieds dans le plat s'il le faut pour imposer le livre électronique en France.

Cela dit, le livre électronique traditionnel avec son encre électronique monochrome et à l'aspect assez terne risque d'entrer en concurrence frontale avec les fameuses tablettes Internet. Le directeur général de Microsoft, Steve Ballmer, a ainsi dévoilé la nouvelle tablette Hewlett-Packard fonctionnant sous Windows 7, devançant ainsi l'entrée très attendue d'Apple sur ce marché. "Ce génial petit PC - qui sera disponible au cours de l'année - je pense qu'il va susciter l'engouement de nombreux consommateurs", a expliqué le patron de Microsoft, en faisant défiler du bout des doigts les pages d'un livre à l'écran en utilisant le logiciel Kindle d'Amazon. Les analystes doutent cependant que Microsoft génère autant d'enthousiasme chez les consommateurs qu'Apple et son nouvel appareil, qui devrait être dévoilé le 27 janvier.

De son côté, Google espère conquérir des parts de marché sur ce secteur grâce à son système d'exploitation Androïd, initialement développé pour les téléphones portables à partir du logiciel libre et gratuit Linux. Plusieurs constructeurs ont d'ores et déjà adopté le logiciel de Google, notamment pour des raisons de coût.

A Las Vegas, on a aussi pu voir, par exemple, un appareil hybride assez étonnant fabriqué par le chinois Lenovo : un ordinateur portable dont l'écran se détache pour se transformer en tablette tactile très légère permettant de lire des livres ou de regarder des films.

Mais la TV 3D et les tablettes tactiles ne doivent pas faire oublier que la grande innovation de ce CES 2010 fut la présentation des premières véritables "Web TV". Après les accords signés entre Yahoo, Skype et les fabricants de téléviseurs, et de TF1 avec Samsung, Orange a annoncé au CES de Las Vegas un partenariat avec le sud-coréen LG. Ce partenariat d'une durée de trois ans entre Orange et LG Electronics permettra à LG France de commercialiser à compter du mois de mars 2010 une large gamme de téléviseurs permettant l'accès en ligne aux nombreux services multimédias fournis par Orange.

Concrètement, l'utilisateur accèdera à un portail qui proposera une large sélection de services tels que : Orange sport info, 2424actu, Liveradio ainsi qu'à d'autres contenus de types programmes TV, vidéos, musiques, ou encore des informations pratiques. Ce service sera ouvert à tous, il suffit de disposer d'une connexion à internet, quel que soit son fournisseur d'accès, et d'être équipé d'une TV LG connectée. La télécommande intègre une touche d'accès direct permettant aux utilisateurs d'accéder directement au portail.

Il y a quelques semaines, le groupe Canal+ et TCL, fabricant asiatique de TV, annonçaient, pour leur part, le lancement d'un téléviseur donnant un accès direct à une plate-forme de vidéos à la demande (VOD) via internet. Ce téléviseur, commercialisé sous la marque Thomson, permet de se connecter au Wi-Fi pour accéder à CanalPlay, l'offre de Vidéo à la demande (VOD) de Canal+. Dotés du Wi-Fi intégré, ces téléviseurs permettent de se connecter sans fil au réseau Internet. Les films téléchargés sont stockés dans la mémoire flash du téléviseur (4 Go). Un lecteur de carte SD permet également de transférer les films achetés vers un autre support

On mesure mieux les enjeux financiers et commerciaux de cette convergence internet-TV quand on sait que, selon l'IDATE, 40 % des foyers européens seront équipés d'un téléviseur connecté à horizon 2012. Sans attendre cette échéance, 70 % des téléviseurs qui seront vendus à partir de mars seront équipés d'une prise Ethernet ou d'un module Wi-Fi. Le marché mondial de la VoD, actuellement estimé à 4 milliards de dollars (3 milliards d'euros), pourrait atteindre 11,5 milliards de dollars en 2011 selon les chiffres publiés par le cabinet Informa Telecoms & Media.

Mais en devenant diffuseurs de contenus multimédia, de films et de programmes télévisés, les fournisseurs d'accès à Internet vont bouleverser la chaîne de valeur de l'industrie numérique et vont sans doute investir massivement dans la production de programmes et de films. Reste la réaction des consommateurs : comment vont-ils utiliser ces écrans hybrides et polyvalents ? Comment répartiront-ils leur temps entre les différents usages, réseaux sociaux, jeux en ligne, consultation du Net, presse en ligne, films, informations, documentaires, contenus pédagogiques... ?

On le voit, cet accès illimité et dématérialisé aux contenus numériques de toute nature va relancer la question de la rétribution des contenus sur le Net et des modes de paiement pour les différents contenus accessibles. Dans cette nouvelle économie numérique qui déferle, il faut souhaiter que la collectivité et l'Etat fixe un cadre et des règles du jeu qui permettent à chacun d'avoir accès à un véritable service universel numérique éducatif et culturel. Il y a là un enjeu politique, social et éthique majeur si nous voulons que notre société de l'information devienne aussi une société de la connaissance.

René Trégouët

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

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