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La cataracte bientôt opérée au laser

C'est au cours du mois de novembre que le premier laser destiné à la chirurgie de la cataracte sera installé en France. Le début d'un nouveau chapitre dans une chirurgie qui a déjà connu deux grandes révolutions : «Il y a vingt-cinq ans, on ouvrait l'oeil sur plus d'1 cm pour extraire le cristallin opacifié et le remplacer par un implant», rappelle le Professeur Antoine Brézin, chef du service d'ophtalmologie de l'hôpital Cochin-Hôtel Dieu (APHP, Paris). Car le seul moyen de corriger la maladie est d'enlever le cristallin, cette lentille de l'œil devenue moins transparente avec l'âge.

Comme le cristallin est contenu dans un petit sac (la capsule) en arrière de l'iris, il faut faire un trou dans ce sac pour pouvoir l'extraire et le remplacer. Un trou assez grand pour pourvoir sortir le vieux cristallin, mais pas trop pour que l'implant destiné à le remplacer se maintienne en place. «La grande révolution des années 1980 a été la phacoémulsification», explique le Professeur Brézin, une technique qui consiste à introduire une sonde dans la capsule pour fragmenter le cristallin en petits morceaux grâce à des ultrasons. On pouvait alors les extraire avant d'insérer l'implant par une incision de 6 mm. Deuxième révolution, «dans les années 1990, les implants sont devenus pliables, ce qui a permis de se contenter d'une incision de 3 mm», ajoute le spécialiste. Aujourd'hui, les implants sont même roulés comme une cigarette et il suffit d'un trou de 2,2 mm pour les introduire dans la capsule. Un trou tellement petit que l'on se contente d'un gel anesthésiant à la surface de l'œil là où il fallait autrefois faire des piqûres, délicates, autour de l'œil. Même plus besoin de refermer l'orifice, la nature s'en chargeant toute seule !

Pour le Docteur Vincent Dedes, qui opère à la clinique Ambroise-Paré de Lille, où va être installé, mi-novembre, le premier laser femtoseconde (laser à impulsions extrêmement rapides) destiné à la chirurgie de la cataracte, «la qualité de l'incision du sac capsulaire sera parfaitement calibrée grâce au laser, de même que le calcul de l'implant à mettre. La performance du geste devient aussi plus prédictible». Non pas que les résultats de la chirurgie de la cataracte par la méthode traditionnelle soient aléatoires, bien sûr.

Environ 600.000 personnes se font opérer chaque année en France, avec des résultats tout à fait remarquables et les meilleurs chirurgiens ont des taux de complication d'à peine 0,5 %. «Simplement le geste est plus sûr, plus reproductible avec le laser», détaille le Docteur Dedes, «nous l'avons appris dans la chirurgie réfractive, de la myopie par exemple, où le laser s'est imposé». Pourtant, le véritable progrès n'est pas dans la découpe au laser, selon le Professeur Brézin : «Aujourd'hui, la complication la plus fréquente, quoique rare, lors de l'intervention, c'est la rupture de la capsule. C'est un peu comme si vous deviez casser un mur -le cristallin- au-dessus d'une plaque de verre -la capsule. Le laser permet certes de casser le mur en morceaux, c'est un progrès, mais il faut encore recourir aux ultrasons pour les pulvériser en sable. Or les ultrasons sont plus agressifs pour les parois environnantes. L'étape ultérieure, et la véritable révolution, sera de parvenir à se passer des ultrasons et de tout pulvériser grâce au laser.»

Le Figaro

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