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Un ancien océan martien détecté par radar

Le radar embarqué à bord de la sonde spatiale européenne Mars Express vient d'apporter de nouveaux éléments laissant à penser que la planète Mars a connu un passé bien plus humide qu'aujourd'hui, avec un immense océan recouvrant une grande partie de son hémisphère Nord.

Les dernières missions spatiales, de la Nasa comme de l'Agence spatiale européenne (ESA), ont toutes montré que de l'eau a coulé en abondance à la surface de Mars, avec notamment de nombreuses traces de ravinement et la présence de sédiments. Mais l'existence passée d'un ou plusieurs océans pendant des périodes de temps assez longues fait encore l'objet de débats. «La question de l'océan est assez primordiale, car s'il y a eu de l'eau en grande quantité et pendant longtemps, cela rend possible l'apparition de la vie», résume Olivier Witasse, responsable scientifique de la mission Mars Express à l'ESA.

«Avant la couverture radar de la surface martienne, toutes les observations précédentes ne regardaient en fait que la surface visible de la planète, explique Wlodek Kofman, de l'institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble.» Ce chercheur travaille avec le radar Marsis, qui a participé aux dernières observations de la sonde Mars Express. «Le radar est unique, car il nous permet de sonder ce qu'il y a sous la surface, en profondeur», précise-t-il. Les grandes antennes de la sonde, d'une envergure totale de 40 mètres, envoient des ondes radio vers Mars et récupèrent celles qui sont réfléchies par la planète, certaines longueurs d'onde pénétrant jusqu'à des centaines de mètres de profondeur.

Pour la présente étude, publiée en janvier 2012 dans la revue Geophysical Research Letters, l'engin a notamment caractérisé les propriétés des roches jusqu'à une profondeur d'une centaine de mètres. Les chercheurs en ont déduit que presque tout l'hémisphère Nord de la planète est aujourd'hui recouvert par ce qui semble être des sédiments contenant de grandes quantités de glace. Autrement dit des roches qui correspondent parfaitement à la signature d'anciennes grandes étendues d'eau. La différence est en tout cas très marquée avec l'hémisphère Sud, où le même signal n'est visible qu'autour du pôle Sud, là où il trahit la présence de glace comprise dans les roches de la calotte polaire. Vus de manière isolée, ces seuls signaux radar ne prouvent pas l'existence d'un ancien océan, mais ils se superposent presque parfaitement avec les contours des lignes de rivages repérés depuis des décennies sur des vues de Mars. «Le radar est un élément de plus qui vient renforcer l'hypothèse d'un océan ancien sur Mars, résume Wlodek Kofman. Mais pour en être absolument sûr, il faudra aller faire un forage sur Mars pour vérifier la nature des roches…»

"Cette nouvelle étude est vraiment intéressante et apporte de nouveaux éléments au dossier des océans martiens", estime Nicolas Mangold, spécialiste de la géologie martienne au laboratoire de planétologie et géodynamique de Nantes. En revanche, et les auteurs le reconnaissent, ces mesures indiquent la présence d'un océan assez tardif, il y a plus de 3 milliards d'années, dont on sait parfaitement qu'il n'a pas pu durer très longtemps, en tout cas pas assez longtemps pour que la vie puisse apparaître. Les traces d'un océan plus ancien et plus durable, signe d'une planète Mars chaude et humide à l'époque géologique du noachien, il y a 4 milliards d'années, sont encore introuvables. Les roches qui pourraient en porter les traces ont depuis été recouvertes par une forte activité volcanique.

Le Figaro

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