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Voiture électrique : une route semée d’embûches...

Selon le dernier rapport du Centre d’analyse stratégique (CAS) à moins d’une «innovation technologique majeure», le véhicule électrique «restera un marché de niche pour les 15 à 20 ans à venir». Cette étude est plus que réservée pour le tout électrique. «Pour qu’un marché de masse se développe, explique le rapporteur Jean Syrota, il faudrait que le véhicule électrique soit moins cher que le thermique. Or dans tous nos scénarios, et même ceux favorables à l’électrique, il reste supérieur ou comparable au thermique.» Avec des performances moindres : «L’autonomie affichée est de l’ordre de 150 kilomètres, soit l’équivalent de 6 à 8 litres de carburant, c’est-à-dire ce qu’il vous reste dans votre réservoir quand le voyant avertissant qu’il est temps de retourner à la pompe s’allume.» Et Jean Syrota d’enfoncer le clou: «De plus, cette autonomie théorique est calculée dans des conditions très différentes de l’utilisation réelle. Par exemple, elle ne prend pas en compte l’utilisation d’accessoires, de chauffage ou de climatisation…»

La liste des inconvénients dressée par le CAS est longue : problèmes d’infrastructures de recharge, d’intervention des secours en cas d’incendie de la batterie…. . Quant à l’argument écologique «Selon le mix énergétique de certains pays, le véhicule électrique, entre la fabrication de la batterie et son utilisation, finit par émettre plus de CO2 que le thermique, a calculé Jean Syrota. Exemple : les émissions de CO2 d’un véhicule électrique en France seraient de 41g de CO2/km, soit bien en-dessous des 130 grammes actuellement émis par un véhicule thermique dans le pays. Mais au Japon ou en Corée ce taux grimperait à 130g, et irait même jusqu’à 200g pour un véhicule chinois. «Le côté décarboné de la voiture électrique est un mythe et une illusion pour beaucoup de pays.»

Le CAS admet cependant que, dans les zones urbaines, le véhicule électrique pourrait s’imposer plus rapidement, à condition de mettre en place «des encouragements réglementaires pour l’achat d’une voiture électrique, et des interdictions ou restrictions de circulation des voitures thermiques», ceci dans un but de réduction de la pollution atmosphérique. Car si pour les émissions de CO2 – qui n’est pas un polluant mais un gaz à effet de serre, les performances de l’électrique sont discutables, elles ne le sont pas en ce qui concerne les émissions de Nox et de particules, les deux principaux polluants qui frappent les grandes villes, et qui sont dus à une mauvaise combustion.

Pour une diminution rapide de cette pollution, et pour anticiper la raréfaction des ressources pétrolières, le CAS mise plutôt sur le développement de l’hybride. «Avec l’amélioration des moteurs thermiques, et leur électrification partielle, on peut rapidement diviser par deux la consommation des véhicules», assure Vincent Chriqui, directeur du CAS. Il suggère également d’imposer les systèmes de « stop and start (système coupant automatiquement le moteur quand il est à l’arrêt)» sur tous les véhicules, de «modifier les méthodes réglementaires de mesure des consommations énergétiques et des émissions de CO2 afin qu’elles soient plus représentatives de l’utilisation réelle des véhicules», de «réduire le stationnement résidentiel en augmentant son tarif», «d’imposer une norme pour les bornes de recharge électriques», et de «renforcer l’incitation à l’achat de véhicules peu polluants».

Centre d'Analyse Stratégique

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