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Le virus du rhume, nouvelle arme contre le cancer

Un virus du rhume génétiquement modifié vient d'être utilisé avec succès comme arme contre le cancer. Injecté dans l'artère conduisant au foie, ce virus a exterminé sélectivement les cellules tumorales sans endommager le tissu hépatique sain, a révélé le Dr Daniel Sze lors des rencontres scientifiques annuelles de la Society of cardiovascular and interventional radiology qui se tiennent actuellement à Baltimore. «Le virus du rhume constitue une nouvelle forme de chimiothérapie qui est beaucoup plus sélective dans ses attaques», a déclaré le Dr Daniel Sze, professeur de radiologie au Stanford Université Medical Center en Californie. «Alors que la chimiothérapie telle que nous la connaissons aujourd'hui tue autant les cellules saines que cancéreuses, ce virus a été conçu pour n'attaquer que le cancer et épargner les cellules saines.» Cette nouvelle forme de traitement n'est pas une thérapie génique proprement dite. Dans une thérapie génique, un gène particulier est amalgamé à un virus désactivé, qui sert strictement de véhicule pour acheminer le gène à l'intérieur de la cellule. Dans ce cas-ci, c'est le virus lui-même - sans l'ajout de gène extérieur - qui est l'élément curatif. De plus, au lieu d'introduire le virus directement dans la tumeur à l'aide d'une seringue, on l'injecte dans l'artère menant au foie. Ainsi, le flot sanguin le répandra dans l'ensemble de l'organe et permettra de rejoindre toutes les tumeurs qui ont pu s'y développer. Le virus utilisé dans la nouvelle thérapie est bien vivant bien qu'on ait atténué sa capacité d'infection par une manipulation génétique. Le virus a aussi été modifié de telle sorte qu'il n'infecte que les cellules dont le gène p53, suppresseur de tumeur, est anormal. Le gène p53 est en quelque sorte un système de surveillance qui détecte et détruit la plupart des jeunes cancers. La fonction de ce gène est anormale dans environ 50 à 66 % des cancers. Le nouveau traitement élaboré vise pour le moment les cancers gastro-intestinaux, tels que les cancers de l'estomac, du pancréas ou du colon, qui essaiment fréquemment dans le foie, et pour lesquels la chirurgie et la chimiothérapie se révèlent peu efficaces à éliminer les métastases hépatiques. Les patients traités avec le virus modifié du rhume en ressentent les symptômes pendant environ une semaine à la suite de l'injection, préviennent les chercheurs. Contrairement à la plupart des virus employés en thérapie génique, ce virus conserve la capacité de se répliquer. C'est justement cette aptitude qui le rend si efficace dans l'extermination des cellules cancéreuses. Quand une cellule cancéreuse meurt, elle se brise et laisse échapper le virus et toutes ses copies qui peuvent à leur tour aller infecter d'autres cellules cancéreuses et les tuer. L'élégance de cette thérapie réside dans le fait que les cellules dont le système de surveillance est déficient en raison d'une anomalie du gène p53 ne repèrent non seulement plus l'apparition d'un processus cancéreux au sein de la cellule, mais également l'infection de celle-ci par un virus. Ce qui rend ces cellules particulièrement vulnérables aux infections virales, notamment par le virus du rhume modifié par les scientifiques du Stanford University Medical Center. Les chercheurs ont expérimenté cette thérapie virale chez 35 individus atteints d'un cancer gastro-intestinal, qui s'était répandu au foie. L'administration de fortes doses du virus du rhume a prolongé la vie des patients d'environ six mois. Par des techniques d'imagerie médicale, les scientifiques ont par ailleurs observé un rétrécissement des tumeurs. Mais plus significative encore est la chute, voire la disparition totale, des protéines qui sont sécrétées par les tumeurs et qui se retrouvent dans le sang où l'on peut mesurer leur présence. «Ces observations laissent penser que les tumeurs, bien qu'elles demeurent visibles sur les images tomographiques, sont mourantes ou complètement mortes», précise le Dr Sze. Selon les résultats préliminaires d'un second essai clinique en cours dans lequel on a combiné une chimiothérapie classique à une injection de virus du rhume, l'effet de ce dernier semble s'additionner à celui du cocktail de substances chimiques. Le Dr Sze prévient que ce nouveau traitement révolutionnaire ne fera pas partie de la pratique courante avant plusieurs années. Mais les espoirs sont grands, car le virus du rhume pourrait bien devenir la thérapie de première ligne pour divers types de cancers, et ce, autant pour les tumeurs originales que pour leurs métastases.

BBC : http://news.bbc.co.uk/hi/english/health/newsid_1918000/1918447.stm

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