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Le virus de la grippe espagnole proche de celui de la grippe aviaire

La grippe dite "espagnole", qui a fait plus de vingt millions de morts en 1918, était due à un virus plus proche de celui de la grippe du poulet qu'on ne le pensait, selon les conclusions d'une étude américano-britannique publiée dans la revue Science. Ces conclusions n'ont certes pas d'implication directe sur la grippe aviaire sévissant actuellement en Asie, la souche virale responsable semblant peu contagieuse pour l'homme -le bilan officiel n'était que de 16 morts jeudi en Asie. Mais elle souligne à quel point la surveillance de la grippe du poulet est importante, même si plusieurs mutations génétiques sont nécessaires avant que le virus ne puisse passer d'homme à homme.

Les travaux ont été conduits séparément par des scientifiques de l'Institut Scripps de La Jolla en Californie et des scientifiques du Conseil de la recherche médicale de Grande-Bretagne. Ces deux équipes ont procédé, sur des victimes de la grippe espagnole de 1918, au prélèvement d'échantillons viraux pulmonaires. Leur objectif était de reconstruire une protéine qui a joué un rôle crucial dans cette infection, l'hémagglutinine. "C'est une étape fondamentale dans la compréhension, au niveau structurel et moléculaire, de la virulence de ces souches virales", a déclaré le Dr Gregory Poland, spécialiste de la grippe à la Clinique Mayo.

Toutefois, ces études n'expliquent pas complètement l'extrême virulence de ces souches, d'autres facteurs que la protéine étudiée, étant probablement en jeu, pour Michael Perdue qui travaille sur la grippe aviaire au ministère américain de l'agriculture. Mais, explique-t-il, "nous disposons de plusieurs pièces" du puzzle, qui pourraient expliquer "l'éventualité d'un passage rapide d'une souche aviaire à une souche de mammifère".

Dans cette étude, les scientifiques ont reconstruit la structure tridimensionnelle de l'hémagglutinine, protéine qui se trouve à la surface du virus grippal et qui lui permet de pénétrer dans la cellule pulmonaire. Les hémagglutinines humaine et aviaire se lient à des récepteurs cellulaires différents, ce qui explique pourquoi l'homme est rarement infecté à partir d'un volatile. Mais cette nouvelle recherche met en évidence que la structure de l'hémagglutinine du virus de la grippe espagnole avait changé pour la rendre capable de se fixer sur une cellule humaine.

De temps à autre, une souche virale est suffisamment virulente pour tuer des millions de gens et les experts redoutent que les conditions d'une nouvelle pandémie meurtrière soient réunies. Comprendre les raisons de l'extrême virulence de la grippe espagnole, devrait aider les médecins à mieux réagir face à une nouvelle catastrophe. Les volatiles sont à l'origine de tous les virus grippaux mais les scientifiques pensent depuis longtemps que pour provoquer une épidémie, les virus doivent d'abord passer de l'oiseau au porc, pour que des transformations génétiques permettent aux souches de mieux se propager chez les mammifères.

Science :

http://www.sciencemag.org/

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