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Edito : Le vieillissement accéléré de la population mondiale va bouleverser l'humanité

Dans son dernier rapport « Vieillissement de la population mondiale : 1950-2050 », l'ONU souligne avec force que, dans un demi-siècle, si la tendance actuelle se maintient, le nombre des plus de 60 ans aura triplé et représentera à l'échelle mondiale deux milliards de personnes, soit plus que la population jeune. Voir documents de l'ONU : http://www.unfpa.org/news/2002/pressroom/ageing.htm). Cette perspective et les moyens d'y faire face ont été au centre des débats de la seconde assemblée mondiale sur le vieillissement, qui s'est déroulée il y a deux semaines à Madrid. Les représentants de 160 pays et de plusieurs organisations internationales y ont débattu de ces questions, afin d'adopter une stratégie à long terme mais aussi un plan d'action immédiat. Ces experts soulignent en effet que le vieillissement de la population pourrait déclencher une crise économique mondiale dans les 20 années à venir. L'ONU insiste également avec raison sur le fait que le vieillissement de la population est encore perçu à tort comme un phénomène propre aux pays industrialisés. Or, en 2050, 80 % des plus de 60 ans vivront dans les pays en développement. Les effets du vieillissement dans les pays en développement risquent d'être catastrophiques. Avec l'abaissement du taux de natalité, les populations du tiers-monde vieillissent à un rythme trop rapide pour leurs sociétés respectives, constate l'ONU. Aux fléaux traditionnels, pauvreté, maladie, auxquels sont déjà confrontés ces pays, risque de s'ajouter le terrible poids du vieillissement accéléré des populations. Le vieillissement de la population mondiale « est un phénomène inédit dans l'histoire de l'humanité », constate l'ONU. D'ici à 2050, le nombre de personnes âgées dans le monde dépassera celui des jeunes. C'est le cas dans certains pays développés comme le Japon depuis 1998. Selon les statistiques centralisées par l'ONU, il y a aujourd'hui 629 millions d'êtres humains de plus de 60 ans dans le monde. Ils seront trois fois plus nombreux en 2050 : 2 milliards. Les seniors représentaient 8 % de la population mondiale en 1950, 10 % en 2000. Ils formeront 21 % de l'humanité en 2050. La population des plus de 60 ans s'accroît de 2 % chaque année, « beaucoup plus rapidement que la population dans son ensemble », note le rapport officiel. Ce ralentissement de la croissance démographique est induit par la baisse de la fécondité dans les pays en voie de développement dont le rythme a surpris la plupart des démographes par rapport aux prévisions des années 60 et 70). Parallèlement à la baisse généralisée de la fécondité, la mortalité diminue et l'espérance de vie s'allonge. Depuis 1950, l'espérance de vie a gagné 20 ans, passant de 46 à 66 ans. Parmi les personnes atteignant l'âge de 60 ans, les hommes peuvent espérer vivre en moyenne 17 ans (77 ans), et les femmes 20 ans (80 ans). La moyenne planétaire masque évidemment des disparités régionales considérables et croissantes. Dans les pays en développement où l'espérance de vie a baissé en moyenne ces dernières années, la longévité moyenne a néanmoins augmenté chez les plus de 60 ans : les hommes peuvent en moyenne espérer vivre jusqu'à 75 ans (contre 78 ans dans les pays riches) et les femmes 76 ans (contre 83 ans). Les effets du vieillissement sont prévisibles - incidences sur la croissance économique, l'épargne, l'investissement, la consommation, le marché du travail, le financement des retraites, la prise en charge des maladies liées à l'âge et des personnes dépendantes - mais leur ampleur sur la société et l'économie est encore difficilement perceptible. De 1950 à 2000, le nombre de personnes âgées de 15 à 64 ans pour une personne âgée de plus de 65 ans est passé de 12 à 9. En 2050, ce chiffre devrait passer à 4 en moyenne dans le monde. L'évolution de ce ratio aura une incidence majeure sur les systèmes de sécurité sociale (là où ils existent) et sur la protection assurée traditionnellement par les familles. "La société humaine va se restructurer et personne n'en reste à l'écart", affirme un des rapports de l'ONU préparatoire à l'assemblée, dont les documents montrent des pyramides des âges, qui n'ont plus de pyramide que le nom. A la classique pyramide des âges de toute société à ce jour, avec une large base de jeunes et une pointe effilée de personnes âgées, vont succéder dans les prochaines années de véritables "tours", de classes d'âge sensiblement égales en nombre, dont la base est même parfois plus étroite que le sommet. La proportion mondiale de personnes de plus de 60 ans était de 8 % en 1950. Elle est passée à 10 % en 2000 et devrait atteindre 21 % en 2050, selon l'ONU qui souligne que l'accroissement de la longévité va de pair avec un abaissement généralisé de la natalité. L'âge moyen de la population mondiale est aujourd'hui de 26 ans, avec comme pays le plus jeune le Yémen (16 ans) et le plus vieux le Japon (41 ans). En 2050, selon les projections de l'ONU qui souligne que le processus de vieillissement est "pratiquement irréversible", l'âge moyen de la population mondiale sera de 36 ans. Le pays le plus jeune sera le Niger (20 ans) et le plus vieux l'Espagne, avec un âge moyen de ses habitants de 55 ans. La situation de vieillissement dans les pays en voie de développement est encore aggravée par les conditions économiques et sanitaires, et notamment, par rapport à la première assemblée de l'ONU sur ce thème en 1982 à Vienne, par la crise du sida, notamment en Afrique sub-saharienne.Le Plan d'action sur le vieillissement de 2002, qui a été adopté le 12 avril à la clôture de l'assemblée, tente de favoriser "un appel à un changement d'attitudes dans les politiques nationales et internationales, dans les pratiques sociales, au sein des entreprises pour répondre à l'énorme potentiel que présente le vieillissement au 21e siècle", selon le Président du Comité de préparation de l'assemblée Felipe Paolillo. Le Plan doit "assurer que, dans le monde entier, les gens soient en situation de vieillir avec sécurité et dignité et de participer à la société comme citoyens à part entière", ajoute-t-il. Le vieillissement rapide de la population est couplé à deux autres phénomènes puissants, la mondialisation et l'urbanisation, et aura sur nos sociétés un impact profond, que l'on ne peut prédire, ni mesurer, mais auquel nous devons nous préparer", juge Felipe Paolillo en souhaitant "comme meilleure société possible, une société pour tous les âges". Qui s'occupera des personnes les plus âgées, à la santé la plus fragile ? L'évolution de ce que les démographes appellent « le coefficient de charge parentale » pose la question de façon inquiétante. En 1950, on dénombrait deux personnes de plus de 85 ans pour cent personnes âgées de 50 à 64 ans. En 2000, ce rapport est de 4 %. Il passera à 11 % en 2050. Parce que les personnes âgées forment une population vulnérable à la maladie, à la pauvreté et à l'exclusion, la première assemblée mondiale, organisée à Vienne il y a vingt ans, avait identifié sept domaines d'action prioritaires : la santé et la nutrition, la protection des consommateurs âgés, le logement, l'environnement, la famille, la sécurité des revenus et l'éducation. Ce défi, considérable pour les pays industrialisés, sera plus redoutable encore pour les pays en développement. Il a fallu 115 ans pour que la proportion des plus de 60 ans double en France. Il n'en faudra que 27 en Chine. Gro Harlem Brundtland, la directrice de l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé), résume bien la situation : « Les pays développés sont devenus riches avant de devenir vieux, les pays en développement seront vieux avant de devenir riches ». Quant aux pays les plus riches, ils ne seront pas à l'abri de grand choc démographique."D'ici la mi-2020, pratiquement l'ensemble du monde développé risque de devenir une grande Argentine, faute de réformes draconiennes", prévient Paul Hewitt, du Centre de recherches stratégiques et internationales (CIS) à Washington. Une référence à la situation de cessation de paiement dans laquelle s'est retrouvé le géant sud-américain. Selon le CIS, la proportion des personnes actives par rapport aux retraités dans les pays développés devrait passer d'ici 2050 de neuf pour un à quatre pour un, ce qui signifie que les Etats -tout particulièrement en Europe- ne pourront plus couvrir les dépenses de sécurité sociale comme ils le font aujourd'hui. Les Nations Unies reconnaissent que le vieillissement démographique changera immanquablement la donne pour "l'épargne, l'investissement et la consommation, le marché de l'emploi, les retraites, l'imposition, la santé, la composition des familles, les modes de vie, le logement et les migrations." D'ici deux générations, l'humanité toute entière va donc être confrontée à la plus grande mutation démographique de son histoire et les défis économiques, sociaux et politiques qui vont en résulter sont tout simplement gigantesques. C'est pourquoi nous devons dés à présent réfléchir aux actions et aux politiques à mettre en oeuvre, au niveau national comme au niveau européen et mondial, pour surmonter ce choc démographique sans précédent dans l'histoire de l'homme.

René TRÉGOUËT

Sénateur du Rhône

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  • Coco45

    10/09/2012

    On adore parler de crises non résolues... (et les entretenir sciemment ?) pour justifier des organisations tentaculaires et des gens "hauts" placés, qui ne s'impliquent jamais sur les vrais pro-blêmes..., comme d'offrir d'abord à TOUS des vies saines en camapgnes, responsables et autarciques, plus que celles citadines.... assistées et ruinées au pire (santé et fric allant de pair !)...

    V. http://greenjillaroo.wordpress.com sur ce que la Nouvelle Terre à venir attend !

    Cela ne tient pas debout penserait (s'il le pouvait encore !) un(e) atteint(e) d'Alzheimer.

    Car, dans les conditions de vies offertes en mégalopoles, je peux certifier, à 67 ans (dont 40 ans dans paris et en R.P.), que ce ne seront pas ceux-là qui tiendront correctement...; et, si assez LUCIDES (plus que lutte-Cid ?)..., ils n'auront qu'une envie, comme moi :

    - FUIR et NE PAS FAIRE de gosses en TROP (j'ai ainsi croisé une stérile, la seule à me 'sue-porter'..., moi et mes anticipations créatrices non vue "asociales" face à des bidonvilles d'Asie) ;

    - pour qu'ils ne fassent pas chômeurs et traîne-savates désespérés en viles villes d'une centaine d'année à l'autre....

    Mais plutôt qu'il se réjouissent de faire riches en graines diversifiées à la campagne dans leur coin climatisé très naturellement (plein de bambous taillés en biseau autour pour les emmerdeurs à tracteurs, squads et 4x4... , les crevés de 'n'aise-sens'....!

    !§!§!§! Mieux que les "SDF" (sans difficulté financière belge...), de la brillante race des nouveaux 'HHHiii-mis-graisses'... dont plus personne ne veut, ni croire à leur bonne fortune, vue leur mine en papier mâché !

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