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Vers un nouveau protocole de thérapie génique

Un an à peine après l'interruption spectaculaire de leur essai de thérapie génique, symbole jusqu'alors des espoirs suscités par les «gènes médicaments», le professeur Alain Fischer et le docteur Marina Cavazzana-Calvo (hôpital Necker) pensent avoir identifié les causes des complications survenues chez deux des dix petits patients traités . Ils se disent déjà prêts à reprendre les essais, «moyennant une modification du protocole», d'ici à la fin 2004. «Ils ont travaillé à une vitesse sidérante», commente Jean-Hugues Trouvin, directeur de l'évaluation à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Cette administration, en octobre 2002, avait interrompu l'essai en urgence, à la demande d'Alain Fischer. Celui-ci venait de constater une prolifération incontrôlée de certaines cellules sanguines chez un enfant et souhaitait réunir au plus vite un groupe international d'experts pour expliquer cette complication, avant de poursuivre l'étude. Deux ans plus tôt, en avril 2000, l'équipe de Necker publie dans la revue Science le compte rendu du premier essai réussi de thérapie génique. Traité depuis un an, un groupe de cinq enfants affligés d'un déficit immunitaire rarissime dû à la mutation anormale d'un gène, présente une nette amélioration. Les médecins ont en effet tenté de remplacer dans leurs cellules de moelle osseuse le gène muté par une copie normale, grâce à un rétrovirus transformé en vecteur inoffensif. Chez quatre d'entre eux la substitution a fonctionné. Désormais capables de résister aux microbes présents dans leur environnement, ceux-ci peuvent enfin quitter les bulles dans lesquelles ils vivaient reclus. Jusqu'à ce que, deux ans après avoir repris une vie normale, l'un d'eux se mette à fabriquer une quantité anormalement élevée de certains lymphocytes T. «Les études que nous avons menées depuis lors nous ont livré de précieux indices pour comprendre ce qui s'est passé, explique Alain Fischer. Il semble en effet que le matériel génétique du rétrovirus utilisé se soit par malchance fixé près d'un oncogène. Et qu'il en ait provoqué l'expression aberrante, suscitant ainsi une prolifération de cellules dangereuses pour les enfants.» Les deux sujets finalement atteints - l'un a dû subir une greffe de moelle tandis que l'autre a été soigné par chimiothérapie -, étant les plus jeunes des dix patients, les chercheurs de Necker envisagent désormais de reprendre l'essai en le restreignant à des enfants âgés de plus de six mois. En outre, ils pourraient modifier le vecteur afin de réduire les risques au minimum.

L'enjeu n'est pas mince : l'AFM mise beaucoup sur la thérapie génique, dont ce premier revers souligne le caractère encore expérimental. Si bien qu'une explication rapide et convaincante des complications observées apparaît aujourd'hui comme un préalable indispensable au lancement de la quinzaine d'autres essais prévus pour les années à venir. Dès le début 2004, des chercheurs de l'hôpital Saint-Louis s'apprêtent à démarrer deux expériences visant à soigner la thalassémie et la drépanocytose, deux anémies fréquentes en Asie et au Moyen-Orient.

Figaro : http://www.lefigaro.fr/sciences/20031205.FIG0141.html

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