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USA: l'administration autorise le renforcement de la concentration des médias

La Commission fédérale des communications (FCC), organe américain de réglementation, a autorisé lundi un renforcement de la concentration des médias aux Etats-Unis. Un seul groupe pourra ainsi contrôler plusieurs chaînes de télévision et posséder à la fois une station d'émission et un journal dans la même ville. Cette réforme de la réglementation, adoptée par trois voix contre deux par la FCC, commission à majorité républicaine, était réclamée par les grands groupes de communications. Ces derniers considèrent en effet que le paysage médiatique américain a été largement modifié par l'arrivée du câble, des chaînes par satellite et d'Internet. La FCC a décidé qu'un même groupe de médias pourrait désormais contrôler jusqu'à 45% de l'audience américaine, contre 35 % auparavant, comme le souhaitaient les grands réseaux télévisés. Les détracteurs de cet assouplissement craignent pour leur part qu'il n'entraîne une vague de fusions, permettant aux géants du secteur d'accroître leur mainmise sur le marché américain des médias. Le résultat du vote de lundi est une victoire personnelle pour le président de la FCC, Michael Powell, dont les projets de dérégulation étaient de plus en plus contestés. "Nos actions vont faire progresser nos objectifs de pluralisme et de 'localisme'", a-t-il fait valoir. Selon lui, les précédents règlements nécessitaient une mise à jour, notamment pour des considérations de viabilité économique. La commission fédérale a par ailleurs mis fin à la mesure interdisant à un groupe de posséder un journal et une station de radio-télévision dans la même ville. Les participations croisées sont à présent autorisées dans les marchés comptant au moins neuf stations. Dans le même souci de dérégulation, l'agence gouvernementale a assoupli les règles sur la propriété des télévisions locales, autorisant un même groupe à contrôler deux stations, voire trois dans des villes de la taille de New York ou Los Angeles. La FCC a en revanche maintenu l'interdiction de fusion entre les quatre principaux réseaux télévisés du pays: ABC, CBS, NBC et Fox. De l'avis de Michael Copps, membre démocrate de la commission, ces changements sont inquiétants et risquent de donner naissance à une "nouvelle élite des médias", capable de contrôler l'ensemble de la filière de l'information et du divertissement. A l'approche du vote de la FCC, les opposants à cette réforme ont manifesté leur hostilité par voie de courriers (papiers ou électroniques) et de rassemblements devant les filiales des grands groupes de communications. Ils ont aussi acheté des espaces publicitaires dans les grands journaux et les chaînes les plus regardées. Bon nombre de ces encarts visaient Rupert Murdoch, dont le groupe News Corp. possède entre autres la chaîne Fox, les studios 20th Century Fox et le journal populaire "New York Post". Entendu en mai par une commission du Sénat, le magnat australo-américain avait assuré n'avoir aucunement l'intention de se lancer dans de nouvelles acquisitions une fois le nouveau règlement adopté. A l'exception toutefois de son rachat de DirectTV, premier opérateur de télévision par satellite aux Etats-Unis. Michael Powell avait encore ardemment défendu son projet dimanche dans un entretien à la chaîne de télévision ABC. Selon lui, la voie ouverte à davantage de concentration se justifie au nom de la viabilité économique des grands groupes, confrontés à un risque d'éparpillement des recettes publicitaires avec l'émergence des chaînes câblées. "De nombreux médias souhaitent accroître leurs capacités par la concentration, de manière à mobiliser un plus grand nombre de téléspectateurs pour rester économiquement viables sur le marché de la publicité", a expliqué le président de la FCC. Historiquement, la poignée de grands réseaux télévisuels américains concentrait 80% de l'audimat aux heures de grande écoute, mais l'émergence des chaînes câblées, notamment, a fait tomber cette part à 50 %. De son côté l'association des producteurs de films et de vidéos indépendants a estimé que plus les chaînes de télévision --les acheteurs de leurs programmes-- seraient concentrées sous la coupe d'un petit nombre de conglomérats (News Corp., Viacom, AOL Time Warner, Disney..), plus il leur serait difficile d'exister. Démocrates, écologistes, défenseurs des minorités et du débat d'idées, les nombreux opposants ont aussi compté des soutiens inattendus. Outre le fondateur de CNN Ted Turner, gros actionnaire d'AOL Time Warner, les patrons de USA Interactive, Barry Diller, et de Liberty Media, John Malone, se sont largement exprimés sur les dangers du projet. "Nous avons besoin de plus de régulation, pas de moins", a notamment dit Barry Diller. Il a souligné que dans la télévision cinq groupes réalisent déjà 70% de l'audience de "prime time", tandis que dans la radio le géant Clear Channel Communications attire 25 % des auditeurs américains.

WP :

http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/articles/A5450-2003Jun2.html?nav=hptop_tb

FCC :

http://www.fcc.gov/Daily_Releases/Daily_Business/2003/db0602/DOC-235047A1.doc

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