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Edito : Le très haut débit pour tous en 2020, c'est possible !

La France se classe au dix-septième rang mondial en termes de compétitivité dans le domaine des nouvelles technologies et a ainsi gagné trois places par rapport à 2008, selon une étude réalisée dans 66 pays et publiée par l'association des fabricants de logiciels BSA. L'enquête, conduite pour la 3e année consécutive par la branche information économique de The Economist Group, éditeur de l'hebdomadaire britannique, a évalué les pays selon six critères, parmi lesquels le taux d'équipement, le soutien des pouvoirs publics ou encore l'offre de travailleurs qualifiés.

La France obtient une moyenne générale de 59,2 sur 100 (contre 78 pour le numéro un, les Etats-Unis).

Les cinq pays les mieux classés en Europe sont la Finlande (2e rang mondial), la Suède (3e), les Pays-Bas (5e), le Royaume-Uni (6e) et le Danemark (8e). La France "se défend plutôt bien" dans le secteur juridique car il y a une forte protection de la propriété intellectuelle", ainsi que sur la qualité de son environnement, jugé "plutôt favorable pour le climat des affaires", "la disponibilité de l'infrastructure informatique" et "le soutien des pouvoirs publics" au secteur.

La publication de ce classement survient alors que François Fillon a confirmé l'ensemble des objectifs de l'Etat en matière de déploiement de la fibre optique et de l'internet à haut débit mobile, à l'occasion du séminaire sur l'avenir du numérique organisé par la secrétaire d'Etat Nathalie Kosciusko-Morizet.

Le Premier ministre a répété l'objectif d'accès à internet pour 100 % des Français avant la fin du quinquennat, par voie fixe ou mobile, rappelant ainsi les ambitions annoncées en mai dernier par l'Etat, dans le cadre du volet numérique de son plan de relance.

Lors d'une récente réunion du Comité des Réseaux d'Initiative Publique organisée par l'ARCEP, les participants, dont je faisais partie, ont ressenti un vent d'optimisme qui pourrait faire évoluer rapidement le problème du très haut dans notre Pays. En effet, tous les acteurs du secteur ont conscience qu'il faudra une lourde intervention financière des fonds d'Etat et des Collectivités Locales pour permettre à tous les habitants de la Zone 3 (Zone Rurale) d'accéder au Très Haut Débit.

Or, jusqu'à l'année dernière, l'Etat nous disait être très favorable à favoriser par la Loi et la Réglementation le déploiement du Très Haut Débit mais il ne cachait pas qu'il ne voulait pas mettre la main au portefeuille. Or les prises de position récentes du Gouvernement sur le Dividende Numérique ou sur la péréquation prévue dans la proposition de loi relative à la lutte contre la fracture numérique (déposée par Xavier Pintat) mettent en évidence une réelle évolution de la volonté gouvernementale et il est raisonnable de penser maintenant que l'Etat s'engagera financièrement dans cette grande aventure du numérique.

Cette évolution favorable devrait prochainement être confortée par la décision du Gouvernement de réserver une partie du « Grand Emprunt » à l'équipement numérique de la France.

Au même moment, outre atlantique, Barak OBAMA vient de rappeler que l'innovation est le moteur de la croissance et que les Etat-Unis doivent généraliser l'Internet à large bande. Près de huit milliards de dollars seront déboursés pour améliorer la connexion et les services TIC. Il s'agit de permettre aux américains d'avoir accès aux outils éducatifs et médicaux mais aussi de créer de nouveaux emplois.

Le Président américain s'appuie sur une étude qui montre que moins de la moitié des ménages hors métropoles bénéficient d'un accès haut débit, contre 70 % dans le reste du pays. Obama est persuadé qu'un meilleur accès à Internet permettra aux entreprises rurales d'être plus efficaces, d'élargir leur marché et de créer de nouveaux postes.

En France, pour étendre les réseaux fixes, grâce au déploiement de la fibre optique, des investissements "de plusieurs dizaines de milliards d'euros" seront nécessaires, selon François Fillon, qui a confirmé que "le gouvernement doit accompagner cette évolution". La Caisse des dépôts a notamment été chargée de mobiliser 750 millions d'euros de fonds propres, sur trois ans, pour accélérer le déploiement de la fibre optique dans les zones peu peuplées (Zones 3), où ce lourd investissement est difficile à rentabiliser pour les opérateurs.

Ces investissements de l'Etat et des Collectivités Locales devraient également servir à accélérer la couverture optique de notre pays qui n'arrive qu'en 11ème position en Europe, avec à peine 1 %, contre plus de 10 % dans les pays scandinaves. De son côté, Michel Mercier, ministre de l'Aménagement du territoire, plaide également en faveur du développement du très haut débit sur l'ensemble du territoire, pour "éviter une France à deux vitesses".

Il est vrai que l'économie numérique représente plus de 100 milliards d'euros de chiffre d'affaires par an en France, 300 000 emplois et plus de 5 % du PIB français. C'est la raison pour laquelle le développement du très haut débit fixe mobile constitue un enjeu majeur pour la décennie à venir. "20 milliards d'investissements dans les TIC (technologies de l'information et de la communication) génèrent la création de 800.000 emplois" et "la hausse de dix points du taux de couverture haut débit d'un pays augmente la croissance de 1,3 point", souligne Paul Hermelin, directeur général de Capgemini.

Mais si nous voulons permettre à tous les foyers français d'avoir accès au très haut débit (plus de 100 Mbits/seconde), il ne faut pas traiter séparément le très haut débit fixe et très haut débit mobile. Comme le souligne Yves Gassot, Directeur général de l'Idate, « Plus nous pourrons déployer la fibre loin, plus nous pourrons faire appel à des cellules radio de petite dimension, de façon à mieux gérer le spectre de fréquence ».

A cet égard nous devons prendre en considération les progrès remarquables réalisés par les réseaux sans fil, 3G+ et HSPA aujourd'hui, LTE et/ou WiMax demain. Dès 2010, les réseaux sans fil LTE devraient permettre (les techniciens nous l'assurent...) de proposer des vitesses de transfert, en descente, de l'ordre de 100 Mbit/s et ce n'est qu'un début ! Ces réseaux LTE (Long Terme Evolution), qui supporteront le 4G pourraient révolutionner l'accès à Internet car ils devraient, à terme, permettre d'atteindre 1 gigabit ! (1 000 Mbits).

Autre avantage de cette technologie sans fil : elle peut être utilisée sur les fréquences existantes (2G et 3G) ou bien sur de nouvelles bandes. Mais surtout la LTE pourrait permettre de réduire la fracture numérique et d'apporter le haut débit dans les régions à fable densité de population, offrant ainsi une alternative intéressante au Wimax. Tous les grands pays européens testent actuellement la LTE et cette norme devrait faire l'objet d'un lancement commercial en Suède et en Norvège dés 2010.

Nous devons donc intégrer cette évolution technologique et développer un réseau optique à très haut débit qui soit conçu pour fonctionner en synergie avec ces nouveaux réseaux sans fil à très haut débit 4 G, notamment dans les zones de faible et moyenne densité de population. Grâce à cette nouvelle complémentarité technologique, nous pouvons réaliser en 10 ans ce qui aurait pris une génération il y a encore quelques années : permettre à tous l'accès au très haut débit à un coût acceptable pour la collectivité. Donnons nous les moyens de relever ce défi national et nous pourrons nous hisser en tête de la compétition cognitive mondiale qui détermine à présent la puissance et la richesse des nations.

René Trégouët

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

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