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Thérapie génique : la technique du "saut d'exon" confirme ses promesses

Une technique de "chirurgie du gène" paraît susceptible de permettre la production d'une protéine fonctionnelle dans un groupe de maladies du muscle d'origine génétique. L'équipe de Nicolas LEVY (université de la Méditerranée, Inserm) a collaboré avec l'Institut de myologie, université Pierre-et-Marie-Curie, Inserm, CNRS, Assistance publique-HP) pour "sauter" la partie défectueuse du gène concerné. Financés notamment grâce aux dons du Téléthon.

Les dysferlinopathies constituent un groupe de dystrophies musculaires - parmi lesquelles la "myopathie des ceintures" - qui entraînent une faiblesse musculaire des jambes et des bras. Ces maladies, actuellement incurables, résultent d'une mutation du gène DYSF codant pour une protéine, la dysferline, indispensable à la réparation de la membrane entourant la fibre musculaire. Plus de 350 anomalies ont été recensées pour ce gène, donnant des atteintes plus ou moins sévères. Les chercheurs français ont voulu savoir si la technique du "saut d'exon", à l'étude dans d'autres types de myopathies, aurait une pertinence dans le cas des dysferlinopathies. La séquence d'un gène comprend des parties codantes, les exons, et des parties non codantes, les introns. L'ADN est copié sous forme d'ARN, lequel va subir une modification lors de l'"épissage", où seuls les exons sont finalement conservés et serviront à coder la synthèse des protéines.

Lorsqu'un exon est défectueux du fait d'une mutation, il est possible, en le "sautant" lors de l'épissage, d'aboutir à une protéine certes incomplète, mais pourvue de capacités fonctionnelles suffisantes. Encore faut-il que la suppression d'une partie de la séquence d'acides aminés n'ait pas des conséquences péjoratives.

Nicolas Lévy et ses collègues ont ciblé un exon 32, car une publication précédente avait rapporté le cas d'un patient ayant une suppression spontanée de cet exon et chez qui l'atteinte musculaire était très légère. Les chercheurs voulaient reproduire ce saut d'exon sur des cellules musculaires porteuses de la mutation à cet endroit. Ils ont testé trois oligonucléotides antisens, des agents thérapeutiques capables de reconnaître spécifiquement une "cible" sur l'ARN messager pour la bloquer.

Tous trois ont permis de déterminer deux zones du génome constituant de bonnes cibles pour sauter l'exon 32. Pour les atteindre, l'équipe a choisi l'approche utilisant un vecteur lentiviral. Un choix qu'elle justifie par le fait que cela semblait être "la solution la plus adaptée dans le cas où une thérapie cellulaire avec des cellules souches myogéniques corrigées se révélerait une approche clinique valable". Ce vecteur transportait un petit gène appelé U7, capable de produire un ARN antisens, déjà utilisé expérimentalement par Luis Garcia et ses collaborateurs dans la myopathie de Duchenne.

Utilisés seuls ou apportés par le vecteur lentiviral, les oligonucléotides antisens ont permis d'obtenir un ARN dépourvu de l'exon 32 et de supprimer la mutation dans les cellules isolées chez des patients. Une preuve théorique qui permet d'envisager un essai thérapeutique.

HM

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