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Thérapie génique : efficacité confirmée après un essai anglais

Un nouvel essai de thérapie génique conduit à Londres sur des "enfants-bulles" a confirmé l'efficacité de cette technique, après de premiers succès recensés en France voici quatre ans, mais des risques subsistent et des progrès restent à faire. Quatre enfants souffrant de déficit immunitaire combiné sévère (DICS X1), lié au chromosome X, ont pu, grâce à la thérapie génique pratiquée par l'équipe du Pr Adrian Thrasher à Londres, retourner vivre chez leurs parents sans la protection d'une bulle stérile les isolant des microbes.

Maladie génétique rare (cinq cas par an en France) qui ne frappe que les garçons, le déficit immunitaire combiné sévère met le malade à la merci de la moindre infection en l'absense de greffe de moelle osseuse ou de "bulle" protectrice. La correction de leur déficit immunitaire a permis "leur retour à domicile dans un environnement social normal, sans restrictions d'activités", précise le Pr Thrasher dans la revue médicale britannique The Lancet. Ce nouvel essai lancé en juillet 2001 confirme l'efficacité de cette technique, selon les professeurs Alain Fischer et Marina Cavazzana-Calvo (Hôpital Necker, Paris) qui avaient annoncé, en 2000, avoir réussi pour la première fois à corriger un grave déficit immunitaire par la thérapie génique.

Après les essais réalisés en France (dix enfants), Italie (quatre enfants) et Grande-Bretagne, le bilan de cette thérapeutique innovante est "positif", a déclaré à l'AFP le Pr Cavazzana-Calvo. Au total, ce traitement a corrigé la maladie pour 17 des 18 enfants (dont 14 atteints de DICS X1 et 4 d'une autre forme d'immunodéficience), relève-t-elle. Il permet, grâce à un vecteur, d'insérer une copie normale du gène défectueux dans les cellules de la moelle osseuse, de façon que le jeune patient puisse fabriquer un stock suffisant de globules blancs, et en particulier de lymphocytes T, pour assurer la défense de l'organisme. Couronné de succès pendant trois ans, l'essai entrepris en 1999 par les Prs Fischer et Cavazzano-Calvo avait été suspendu en octobre 2002 à la suite d'effets indésirables de type leucémie constatés sur deux enfants. Il a de nouveau été autorisé en mai dernier, mais n'a pas encore repris. Un des deux enfants victimes du phénomène pathogène imprévu "va très bien" après une greffe de moelle osseuse, mais l'autre est décédé début novembre, à l'âge de 5 ans, parce qu'il "n'a pas répondu au traitement" contre cette forme de leucémie, a précisé la spécialiste.

L'interruption de dix-huit mois a permis d'attribuer l'effet indésirable à une erreur d'insertion au sein de l'ADN du "gène-médicament". Les effets toxiques ayant été relevés sur des enfants "traités à l'âge d'un et deux mois", il est donc recommandé de ne pas pratiquer ce traitement avant l'âge de trois mois, explique le Pr Cavazzano-Calvo. "Jusqu'à présent, aucun des patients traités à Londres n'a souffert d'effets secondaires graves", relève-t-elle, soulignant que les résultats de cet essai montrent que la technique mise au point en France est "reproductible", même si le protocole d'essai anglais n'est pas totalement identique "à quelques détails près". Alors que d'autres essais se poursuivent en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, il importe, selon les Prs Fischer et Cavazzano-Calvo, de trouver des vecteurs plus sûrs pour insérer le gène permettant de corriger le déficit immunitaire des jeunes patients. Ils soulignent aussi les possibilités d'extension de la thérapie génique à d'autres maladies potentiellement mortelles affectant le système immunitaire.

BBC

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