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La thérapie cellulaire au secours de l'insuffisance cardiaque

Un nouveau traitement de l'insuffisance cardiaque a commencé à être appliqué chez l'homme au cours de l'année 2000. Une équipe française, coordonnée par le professeur Philippe Menasché, chirurgien cardiaque à l'hôpital Bichat, a tenté une transplantation, dans le muscle cardiaque, de cellules musculaires. Les premiers résultats de cette intervention sont parus, samedi 27 janvier, dans l'hebdomadaire médical britannique The Lancet. Cette mise en oeuvre de l'utilisation de cellules souches, ici musculaires, préfigure peut-être l'orientation thérapeutique du siècle qui commence (Le Monde du 18 octobre 2000). Trois malades ont bénéficié de cette technique, le premier d'entre eux il y a huit mois. Pour redonner vie à une partie du muscle cardiaque défaillante, l'équipe a utilisé des cellules souches musculaires prélevées dans la cuisse du malade. Elle les a cultivées et fait proliférer pendant trois semaines pour obtenir 800 millions de cellules qui ont ensuite été transplantées dans une zone morte du myocarde. Cinq mois après l'intervention, ces cellules sont vivantes et se contractent de façon synchrone avec l'ensemble du coeur. C'est le succès de l'ensemble d'une équipe de cardiologues et de chercheurs. Car cette première spectaculaire a été précédée de longues études expérimentales sur le rat, puis par une préparation précise du protocole de sélection des malades et de leur évaluation. Ce sont d'abord des cellules musculaires foetales qui furent utilisées, puis les propres myoblastes de l'animal d'expérience, les cellules souches des muscles, que l'on faisait se multiplier en culture. Cette dernière technique a de multiples avantages. Faisant appel aux cellules de l'individu qui doit être soigné, elle n'entraîne aucune manifestation de rejet immunitaire. Elle repose sur des cellules d'un accès aisé : une discrète incision de la peau de la cuisse, le prélèvement d'un morceau de muscle, l'isolement de petites cellules rondes à la périphérie des fibres musculaires, leur mise en culture et leur transplantation dans les zones du myocarde lésées par un arrêt de la circulation sanguine. « Ces transplantations se sont avérées efficaces chez le rat, même à long terme, ajoute Philippe Menasché. Il fut d'abord décidé de ne pas ouvrir la poitrine de malades en insuffisance cardiaque pour leur faire uniquement cette transplantation cellulaire, mais aussi de pratiquer dans le même temps un pontage artériel. Ensuite ne furent retenus que des malades en grande insuffisance cardiaque dont, d'une part, l'état du coeur justifiait ce pontage. Deux cardiologues cliniciens furent plus particulièrement chargés de sélectionner les malades et d'évaluer très précisément leur fonction cardiaque, avant intervention et dans les mois suivant l'acte chirurgical. Dans le suivi des malades, l'échocardiographie très fine mise au point par Albert Hagège a permis de visualiser la contraction des zones transplantées. Leur force de contraction est analysée par imagerie Doppler tissulaire par François Héloire dans le service de Denis Duboc. Et surtout, une technique d'imagerie très moderne, la tomographie par émission de positons, permet de visualiser la présence des cellules vivantes dans la zone muette avant transplantation. Des images jamais vues après revascularisation ! Et c'est là un moyen irréfutable de rapporter à la thérapie cellulaire une partie du progrès enregistré dans l'état des malades. La fraction d'éjection du malade décrit dans l'article du Lancet est passée de 20 % à 30 %. Ce patient a en effet pu quitter le fauteuil dans lequel il était cloué pour emmener ses petits-enfants en promenade.

Le Monde : http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3244--141431-,00.html

Lancet :

http://www.thelancet.com/journal/vol357/iss9252/full/llan.357.9252.talking

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