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La Terre a sa carte en relief haute résolution

Fin de mission tranquille pour la navette spatiale Endeavour, malgré le report d'une heure et demie de son atterrissage pour cause de mauvais temps. Partie le 11 février pour dresser une carte numérique et en relief des continents, Endeavour a entamé son retour en pénétrant l'atmosphère à 27 000 km/h, pour toucher la piste du centre spatial Kennedy, à Cap Canaveral (Floride), mardi à 23 h 22 GMT, à plus de 480 km/h, au terme d'un vol plané parfait. Durant tout le vol, l'équipage de six hommes, dont un Japonais et un Allemand, n'a pas eu à sortir d'une routine bien réglée, surveillant jour et nuit les radars jumeaux de la navette - un radar dans la soute et un autre au bout d'un mât de 60 mètres de long. Leur mission, passer au peigne fin le relief terrestre en utilisant l'interférométrie, une technologie qui permet, en enregistrant l'écho radar d'un même lieu vu de deux points différents, d'obtenir directement l'altitude de chaque point du paysage en analysant les "franges d'interférence" qui apparaissent lorsque l'on superpose les deux images. Au total, la carte numérique obtenue couvre 123 millions de kilomètres carrés, soit plus de 80 % des terres émergées. Il faudra toutefois entre deux et trois ans de travail aux ingénieurs pour transformer en cartes 3D, conservés sur fichiers informatiques, les mille milliards de points de mesure effectués par les radars. Un travail de patience, qui sera effectué par la Nima, l'agence d'imagerie et de cartographie du Pentagone, qui a financé plus de la moitié des 2,3 milliards de francs de la mission d'Endeavour, dont le résultat sera réservé aux militaires américains. Sa précision extraordinaire pour une carte globale de la planète - avec, tous les trente mètres, un point dont l'altitude sera connue à six mètres près - permet en effet une utilisation militaire opérationnelle. Tant pour préparer en simulateur de vol une mission de bombardement que pour guider un missile vers sa cible, en suivant de très près le relief, évitant ainsi les radars ennemis. La Nasa, de son côté, a promis de rendre publique une carte de moins bonne résolution, trois fois moins précise, dont les usages civils sont très nombreux... surtout pour les pays du tiers monde qui, à l'inverse de l'Europe occidentale, ne possèdent pas, et de loin, de cartographie de leur relief de cette qualité. Pour la carte à haute résolution, tout espoir n'est pas perdu: l'Agence spatiale devrait s'entendre avec la Nima pour octroyer aux scientifiques - au cas par cas et lorsque les lieux n'offrent pas d'intérêt militaire - un accès à la carte du Pentagone.

Libération : http://www.liberation.com/quotidien/semaine/20000224jeuza.html

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