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Télé-épidémiologie : prévoir l'apparition des moustiques par satellite

La télé-épidémiologie, étude des relations climat-environnement-santé assistée par l’imagerie satellite, fourmille de projets en Afrique de l’Ouest. Les cartes prédictives de risque entomologique, désormais opérationnelles, faciliteront les applications sanitaires.

  • Des moustiques, des satellites et des hommes

« Plus de 250 piqûres par personne et par nuit durant la saison humide ! » s’exclame Jean-Pierre Lacaux, du laboratoire d’Aérologie à Toulouse qui étudie, avec le CNES, les relations climat-environnement-santé en Afrique subtropicale. Au Sénégal, la saison des pluies, de juin à octobre, est aussi la saison des moustiques, dans les villes et les campagnes. De nombreuses collections d’eau se forment alors, comme les mares temporaires, points d’eau pour le bétail et lieux de reproduction privilégiés des moustiques.

Anticiper la propagation de ces insectes, souvent vecteurs de maladies humaines ou animales causées par des agents biologiques pathogènes (virus, bactéries, parasites…), représente un enjeu sanitaire important et une réalité enfin tangible.

Après une dizaine d’années de travail sur les zoonoses d’Afrique de l’Ouest, la télé-épidémiologie fournit désormais des cartes prédictives de risque entomologique opérationnelles, en cours d’évaluation.

Allié solide des acteurs de la santé, cette approche unit plusieurs disciplines scientifiques (climatologie, entomologie, microbiologie…) à l’imagerie satellite. « Economiquement viable et originale, la télé-épidémiologie s’appuie sur des produits satellitaires, des réseaux sentinelles et des infrastructures déjà existants et opérationnels » souligne Antonio Güell, Chef du Service Applications/Valorisation au CNES.

  • Des cartes prédictives qui facilitent la prise de décision

De minutieuses observations de terrain (agressivité des moustiques, distance de vol, contacts entre hôtes et vecteurs…) informent les chercheurs des mécanismes entomologiques à l’origine de l’émergence des moustiques. « Pour l’étude sur la Fièvre de la Vallée du Rift (FVR) au Sénégal, il a fallu capturer 100000 moustiques et les recouvrir d’une poudre fluorescente pour suivre leur vol ! » se souvient Jean-Pierre Lacaux. Dans le même temps, les images spatiales du satellite Spot 5 donnent les variables environnementales associées au développement des moustiques (indice de végétation, présence et dynamique des points d’eau…). En croisant ces données, il est alors possible d’établir des cartes prédictives de zones de développement des moustiques et de leurs pics d’activité.

Pour la FVR, ces cartes déboucheront sur 2 types d’applications préventives : la sélection des mares à traiter par des larvicides biologiques et des zones de bétail à vacciner, ou la décision concertée de déplacer les parcs à bétail voisins.

D’autres projets de télé-épidémiologie, comme celui sur le paludisme à Dakar ou dans d’autres capitales africaines, sont également en cours, à des stades plus ou moins avancés.

CNES

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