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La survie au cancer en augmentation en Europe

La revue britannique The Lancet Oncology a publié en août 2007 les résultats d'une étude européenne démarrée en 2004 et très attendue. En effet, et c'est une bonne nouvelle, les taux de survie s'améliorent, et les écarts entre les pays se réduisent. En préalable, rappelons immédiatement à nos lecteurs que les personnes ne sont pas des statistiques : « Même sévères, les statistiques ne devraient pas tuer l'espoir », estime le Pr Henri Pujol (Ligue nationale contre le cancer). « Tout cancer peut guérir. Si la survie n'est QUE de 15 %, c'est tout de même un malade sur six qui est vivant cinq ans plus tard. Et n'oublions pas que l'arsenal thérapeutique actuel n'a pas bénéficié aux malades il y a cinq ans. »

Aujourd'hui, il n'est plus nécessaire pour les cancérologues d'attendre de longues années pour avoir le résultat des études épidémiologiques lourdes. Car les protocoles s'affinent, s'améliorent plus vite que le déroulé de ces grosses études ne permet d'en rendre compte. Une nouvelle méthode d'analyse intermédiaire, nommée analyse périodique, permet d'avoir des estimations de survie en utilisant des données récentes (moins complètes, mais plus actuelles en somme).

Les chercheurs européens réunis dans le groupe de travail Eurocare 4 ont utilisé cette méthode pour analyser les données de survie sur 8 des plus fréquents cancers des citoyens européens adultes, diagnostiqués entre 1995 et 1999. 83 registres du cancer de 23 pays (13 pays ont des registres nationaux, les autres des registres régionaux qui ne couvrent pas toute la population) ont fourni ces données sur presque 2,7 millions de sujets qui ont été suivis jusqu'en décembre 2003.

L'analyse fait apparaître un taux de survie moyen de 52 % dans les cinq ans qui suivent le diagnostic, avec un total d'environ 1,3 million de décès. Les huit cancers choisis touchent le sein, le colon et le rectum, le poumon, la peau, l'ovaire, la prostate, le testicule, ou les organes lymphoïdes avec la maladie de Hodgkin.

L'indicateur principal est le taux de survie relatif : c'est le rapport du taux de survie observé sur le taux de survie attendu dans la population générale, par sexe et par tranches d'âge. Il a l'avantage d'éliminer l'effet des autres causes de mortalité que le cancer (attaques cérébrales, accidents, infections, etc.) et permet des comparaisons entre des pays ayant des mortalités de base différentes.

L'âge est bien entendu un déterminant majeur de la survie relative : un standard international permet d'équilibrer l'incidence des cancers qui surviennent chez les jeunes, celle des cancers qui ne varient pas en fonction de l'âge et ceux qui surviennent majoritairement chez les personnes âgées. Il a aussi fallu prendre en compte le fait que certains pays ont une haute fréquence de cancers plus souvent mortels.

Le résultat est, bien entendu, que le taux de survie relatif à cinq ans varie en fonction de l'organe atteint. Il n'est que de 10 % pour le pancréas et le foie, mais il dépasse 90 % pour le cancer du testicule. Pour le cancer du poumon, il reste inférieur à 13 % en moyenne, mais les Islandais diagnostiqués avec cette maladie entre 1995 et 1999 et survivants à cinq ans sont 14,7 %, alors que les malades français ne sont que 12,8 % et que les Anglais sont moins de 8,6 % !

Pour le cancer colorectal, la survie des Européens atteint 54 %, mais seulement 49,3 % pour les Danois et 38,8 % pour les Polonais. Globalement le cancer de la prostate épargne 76 % des malades, et le cancer du sein 79 % des femmes.

Alors que la précédente étude Eurocare 3, publiée en 2003, évoquait un fossé se creusant toujours plus entre les pays de l'est et de l'ouest, les résultats d'Eurocare 4 laissent entrevoir au contraire une embellie, la réduction des différences géographiques. Pour Franco Berrino (Fondazione Instituto Nazionale dei Tumori, Milan), c'est principalement l'amélioration des services de santé dans les pays ayant précédemment un faible taux de survie qui explique ce meilleur résultat.

Durant la période 1991 à 2002, le taux de survie à cinq ans dans les pays de l'est est passé de 30 % à près de 45 % pour le cancer colorectal, de 60 % à 74 % pour le cancer du sein, et de 40 % à 68 % pour celui de la prostate. Alors que la survie s'améliore globalement dans les pays où les dépenses nationales de santé sont les plus élevées.

SD

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