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Supervirus contre cancer

Parmi les stratégies de lutte contre le cancer, l'oncolyse virale tient une place particulière. Le concept n'est pas neuf : il consiste à faire pénétrer un virus non humain dans les cellules tumorales pour qu'il s'y réplique et les détruise. Sans pour autant endommager les cellules saines. Les premiers essais utilisant cette technique datent des années cinquante. Dans leur grande majorité, ils ne se sont pas avérés satisfaisants, de nombreuses tumeurs primitives résistant encore à cette approche thérapeutique virale.

Pourtant loin de tomber en désuétude, l'oncolyse virale a toujours suscité l'intérêt des chercheurs qui espèrent trouver des moyens pour augmenter la capacité des virus à reconnaître et à détruire les cellules tumorales. C'est peut-être à un tel résultat qu'est parvenue une équipe de chercheurs canadiens. Ils ont découvert qu'une famille de composés appelés inhibiteurs d'histone désacétylase (HDAC) pouvait transformer les virus oncolytiques en de puissantes armes contre le cancer. Ils présentent leurs résultats dans la dernière édition des PNAS.

Les HDAC inhibent les enzymes responsables de la modulation de la structure des chromosomes dans les cellules tumorales. Les scientifiques ont testé l'association HDAC/virus, dans le cadre d'expériences avec cultures cellulaires réalisées en laboratoire sur des modèles animaux de cancer mais aussi sur des tissus humains prélevés chez des patients atteints de cancers du sein, de la prostate et du côlon immédiatement après l'excision des tumeurs. Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé un minuscule rhabdovirus (du même genre que celui de la rage mais sans danger pour l'Homme) en forme de projectile provenant de cellules d'insecte, connu sous le nom de VSV et choisi tout particulièrement pour son incapacité à infecter les cellules humaines saines.

« Un traitement à l'aide de ces composés permet d'augmenter de façon spectaculaire la vulnérabilité de ces cancers aux virus oncolytiques », souligne l'un des auteurs, le Dr Hiscott. « Cette association thérapeutique stimule de façon marquée et inattendue la capacité de ces virus à cibler et à détruire les cellules tumorales. Comme il ne s'agit pas d'un agent pathogène humain, la plupart des personnes ne sont pas porteuses d'anticorps dirigés contre ce virus, ce qui signifie qu'il serait possible de disposer d'un intervalle suffisant pour traiter les patients avec succès avant qu'une réaction immunitaire ne s'enclenche », précise le chercheur.

Ces résultats prometteurs vont rapidement conduire à la mise au point de nouveaux traitements expérimentaux pour les cancers du sein, de la prostate et du côlon ou d'autres tumeurs primitives qui résistent actuellement à la virothérapie. Des essais sur l'Homme pourraient avoir lieu d'ici un ou deux ans.

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