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Le stroma tumoral : nouvelle cible thérapeutique pour certains cancers

Lutter efficacement contre les cancers de la tête ou du cou passe par une meilleure connaissance du microenvironnement qui contribue à leur croissance. C’est l’objectif du consortium réunissant différentes compétences en biologie, histologie, immunologie ou encore épigénétique, dont fait partie l’équipe Inserm dirigée par Ellen Van Obberghen-Schilling.

En collaboration avec les laboratoires de pathologie du CHU de Nice et du Centre Antoine Lacassagne, la plate-forme protéomique du CRCM à Marseille et une entreprise de biotechnologie américaine, cette équipe est parvenue à décrire la composition du stroma de tumeurs primaires. Elle montre en outre que la fibronectine, ainsi qu’au moins deux protéines de la famille des intégrines, jouent un rôle majeur dans les migrations cellulaires.

Les cancers des voies aérodigestives supérieures (fosses nasales et sinus, bouche, langue, amygdales, pharynx et larynx) sont à plus de 90 % des carcinomes épidermoïdes associés à une espérance de vie à cinq ans inférieure à 50 %. Dans environ 70 % des cas, ils sont induits par des produits carcinogènes, comme l’alcool et le tabac. Des papillomavirus (HPV) à haut risque sont également impliqués dans la survenue d’un certain nombre de cas.

Ces facteurs provoquent des anomalies génétiques dans les cellules tumorales, entraînant des modifications des fibroblastes du tissu environnant. Ces modifications affectent notamment leur production de matrice extracellulaire. Cette matrice, un maillage de fibres et de protéines associées, représente non seulement un support structural pour les cellules dans la tumeur, mais aussi un réservoir de plusieurs facteurs, dont des facteurs favorisant les divisions cellulaires (facteurs mitogéniques), des facteurs immunosuppresseurs et des facteurs angiogéniques qui favorisent la croissance de vaisseaux sanguins nécessaires à l’alimentation de la tumeur.

En étudiant cette matrice, les chercheurs ont constaté que la fibronectine est nécessaire et essentielle pour la progression de la tumeur. Dans une cohorte de 435 patients, sa présence est en outre associée à un mauvais pronostic. "Cette protéine fibreuse est très présente au cours du développement embryonnaire, en raison de nombreuses migrations cellulaires. Ensuite, son expression s’éteint. Elle n’est réexprimée que de façon transitoire, en cas de besoin par l’organisme (cicatrisation, inflammation). Mais en cas de cancer, elle reste exprimée de façon prolongée sous une forme particulière appelée fibronectine oncofœtale", explique Ellen Van Obberghen-Schilling.

Les chercheurs ont par ailleurs identifié deux autres protéines clés dans le processus tumoral. Il s’agit d’intégrines exprimées uniquement à la surface des cellules cancéreuses. Elles s’accrochent à la fibronectine pour favoriser la migration des cellules en groupe. "L’intégrine αvβ6 active par ailleurs une autre molécule importante pour la production de la matrice et la progression tumorale : la cytokine TGFβ. Cette dernière favorise l’angiogenèse et inhibe le système immunitaire", précise Ellen Van Obberghen-Schilling. Ces découvertes permettent d’ores et déjà d’envisager de nouvelles stratégies thérapeutiques ciblant le stroma pro-cancéreux, comme l'anticorps dirigé contre l’intégrine αvβ6, en cours de développement 

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Inserm

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