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Les statistiques classiques sous-estiment la survie au cancer

On survivrait plus longtemps à un cancer que ce que donnent à penser les évaluations statistiques classiques: une nouvelle méthode de plus en plus utilisée en Europe constate une amélioration non négligeable des chances de survie surtout si l'on prend en compte l'amélioration des traitements qui sont de plus en plus performants. Cette alternative à la technique classique d'évaluation, dont la revue scientifique britannique The Lancet publie un compte-rendu cette semaine, distingue en effet les patients tombés récemment malades des malades plus anciens et qui n'ont donc pas eu droit aux mêmes traitements. Cette nouvelle méthode d'évaluation de la survie à laquelle commencent à s'intéresser les Américains a été imaginée par l'épidémiologiste allemand Hermann Brenner. Elle est couramment utilisée dans d'autres domaines de la médecine, notamment pour évaluer l'espérance de vie. Dans l'étude du Lancet, Hermann Brenner a analysé plus de 1,7 million de patients enregistrés sur les fichiers de l'Institut national (américain) du cancer. Il a découvert que la nouvelle méthode évalue à 71 % les chances de survie à 15 ans des patientes atteintes de cancer du sein, alors que l'approche statistique traditionnelle fixait les chances à 58 %. De même, le taux de survie à cinq ans, après le diagnostic d'un cancer de l'ovaire, est de 55% avec la nouvelle méthode, alors qu'il était de 49 %. Chez les hommes, le taux de survie à 15 ans d'un homme atteint d'un cancer de la prostate est de 91%, contre 86 % avec l'ancienne méthode. Baptisée analyse de cohorte, la méthode d'évaluation classique s'intéresse aux chances de survie d'un cancer dix ans après le diagnostic. La nouvelle approche, baptisée analyse périodique, ne se fonde que sur les années récentes, par exemple sur des patients qui étaient en vie et suivis pendant l'année 2000. Elle serait donc plus appropriée pour évaluer les chances de survie d'un patient diagnostique et soigné récemment. L'étude a ainsi comparé les estimations de survie avec deux méthodes d'analyse celle dite par période (pour l'année 1998) et celle dite de cohortes (pour les patients diagnostiqués entre 1978 et 1993). Selon lui, les évaluations conventionnelles des taux de survie, "trop pessimistes", ne permettent pas de tenir compte des récents progrès en matière de détection précoce des cancers et de traitements. D'après l'analyse par période, les taux de survie estimés pour tous les types de cancer sont respectivement cinq ans, dix ans, quinze ans et 20 ans après le diagnostic de 63%, 57%, 53%, et 51%. Ces estimations sont plus élevées de 1%, 7%, 11%, et 11% avec la méthode conventionnelle d'étude de survie dite par cohortes, souligne le Pr Brenner. Ainsi, avec l'analyse par période, les taux de survie à 20 ans du diagnostic approchent les 90% pour les cancers de la thyroïde et des testicules, dépassent 80% pour les mélanomes et le cancer de la prostate, avoisinent 80 % pour le cancer gynécologique de l'endomètre (muqueuse de la cavité utérine) et sont quasiment de 70 % pour le cancer de la vessie et la maladie de Hodgkin. Les taux de survie 20 ans après le diagnostic sont de 65 % pour le cancer du sein, de 60 % pour le cancer du col de l'utérus et de près de 50 % pour le cancer colorectal et les cancers des ovaires et du rein, selon ces estimations. Cependant, quelle que soit la méthode employée, cancers de l'oesophage, du pancréas, du foie et du poumon sont toujours des points noirs de la médecine, avec de "pauvres" résultats en termes de survie, relève l'auteur. Henrik Moller, professeur d'épidémiologie du cancer à l'Ecole londonienne d'hygiène et de médecine tropicale, est un défenseur de la méthode de Brenner: "La survie au cancer tend à s'améliorer, lentement mais sûrement. Cette dernière méthode prend plus en compte ces progrès que la méthode classique".

Lancet :

http://www.thelancet.com/journal/vol360/iss9340/full/llan.360.9340

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