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Sida : chronique d'une catastrophe annoncée

Le dernier rapport publié le 2 juillet par le Programme commun des Nations Unies sur le SIDA (ONUSIDA) en préalable à l'ouverture de la XIVème Conférence internationale sur le SIDA de Barcelone, annonce que l'épidémie de SIDA en est encore à ses débuts. Dans les pays les plus touchés, la prévalence du VIH monte à des niveaux que l'on ne croyait pas possibles auparavant et le virus continue à se propager rapidement dans de nouvelles populations d'Afrique, d'Asie, des Caraïbes et d'Europe de l'Est. L'épidémie du sida, qui a déjà tué en vingt ans plus de vingt millions de personnes dans le monde, "est encore à ses débuts" et pourrait provoquer la mort prématurée de 68 millions de personnes supplémentaires d'ici 2020, avertit le patron de l'ONUSIDA. "L'épidémie de SIDA est toujours à ses débuts. On le savait pour l'Asie et l'ex-Union soviétique. Mais en plus, elle ne donne aucun signe d'essoufflement dans les pays les plus gravement atteints, c'est-à-dire en Afrique Australe", a déclaré à l'AFP le Dr Peter Piot, directeur exécutif d'ONUSIDA (le programme commun des Nations unies pour le VIH-SIDA). "Dans des pays gravement atteints, comme le Zimbabwe, un tiers des adultes sont séropositifs contre un quart deux ans auparavant", ajoute-t-il à l'occasion de la publication mardi du rapport d'analyse bisannuel d'ONUSIDA. Mauvaise "surprise", "l'épidémie, même en Afrique australe où elle est la plus grave, continue, elle ne paraît ni arriver à saturation ni avoir de limite naturelle ou plafond naturel", et atteint des niveaux jusque là inenvisagés, explique-t-il. "C'est effrayant", lance-t-il. "C'est de loin la plus grande épidémie que l'humanité a connu, en termes absolus", ajoute-t-il. "Dans les 45 pays les plus atteints, si la riposte au sida ne s'intensifie pas, il y aura 68 millions de morts à cause du sida d'ici 2020", poursuit le Dr Piot. "C'est en Afrique subsaharienne que le nombre projeté des décès est le plus élevé avec 55 millions de décès supplémentaires attendus", selon ONUSIDA. L'Asie, avec les pays les plus peuplés du globe, l'Inde et la Chine, est assise sur une "bombe" qui menace d'exploser, l'ex-Union soviétique est confrontée à une épidémie galopante tandis que "la vigilance s'est relâchée dans les pays riches où, avec l'arrivée en 1996 des trithérapies, beaucoup de gens ont cru que le sida, c'est fini", selon lui. Plus de 60 millions de personnes ont été infectées par le VIH depuis l'identification de la maladie il y a deux décennies. La plupart des 40 millions qui vivent encore mourront s'ils n'ont pas accès aux traitements. Or "moins de 4% des personnes atteintes dans le monde en développement ont accès au traitement antirétroviral" (ARV, médicaments spécifiques contre le virus du sida, ou trithérapie), selon l'Onusida. "Malgré la baisse de près de 90% du prix des ARV (NDLR en Afrique notamment), la vaste majorité des malades n'y pas accès", s'indigne le patron d'ONUSIDA. "Il faut encore faire baisser le prix des médicaments". "Fin 2001, 730.000 personnes dans le monde recevaient un traitement ARV dont un demi-million dans les pays riches où moins de 25.000 personnes sont mortes du sida l'année passée", constate le Dr Piot. "Par contre, en Afrique subsaharienne, où le sida a tué 2,2 millions de personnes, seulement 30.000 en ont bénéficié". Le nombre de ces chanceux est aussi ridicule en Asie et dans le Pacifique, où 435.000 personnes sont mortes du sida l'an passé. Pour combattre sérieusement ce fléau dans les pays qui en ont le plus besoin, "il faudrait, indique le Dr Piot, dix milliards de dollars chaque année uniquement pour le sida et ce pendant dix ans". L'épidémie dévastatrice continue à se propager dans presque toutes les parties du monde. Particulièrement exposés : les jeunes, dont près de 12 millions sont déjà contaminés, selon ONUSIDA. La moitié environ des nouvelles infections adultes touchent des jeunes de 15 à 24 ans. "Chaque jour 6.000 jeunes de moins de 24 ans et 2.000 de 15 ans sont infectés dans le monde", selon le Dr Piot. Dans le monde, 14 millions d'enfants sont devenus orphelins à cause du sida. En 2001, l'épidémie mondiale a tué 3 millions de personnes dont 2,2 millions en Afrique. Les succès de certains pays (Ouganda, Cambodge...) ne doivent pas faire oublier qu'il s'agit d'exceptions, rappelle-t-il. L'augmentation des financements et de l'engagement politique, marquent "le début d'une ère nouvelle". Mais, il en faudra beaucoup plus, et surtout des ressources qui font encore cruellement défaut, pour vaincre ce fléau, estime le Dr Piot.

ONUSIDA :

http://www.unaids.org/whatsnew/press/frn/pressarc02/PRreport020702.html

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